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Le dîner que j'ai préparé avec tant d'amour se consomme dans une ambiance plus que tendue.
Ils ne sont pas dupes! Je crois qu'ils ont cramé qu'on s'est disputé Matt et moi, d'où le fait qu'ils essayent même pas de trop vanner. Même si Sergio ne se loupe pas avec ses blagues pourries sur les latinas.
Matt quand à lui, se contente de manger et d'être toujours autant sociable avec ses potes. S'il pouvait s'étouffer avec le contenant de son assiette ça me ferait une belle jambe.

Tout se passait tellement bien avec lui que j'étais loin d'imaginer qu'il avait encore un contacte avec cette Leila qui ni plus ni moins est son ex, celle avec qui il a fait 6 ans.
Pourtant il m'avait assurer avoir coupé les ponts avec cette dernière.
Ça m'énerve vraiment, je déteste avoir le sentiment qu'on s'est foutu de ma gueule.

_ Je suis désolée les gars mais je n'ai plus faim, je me lève avec mon assiette, jetant les restes dans la poubelle puis la lave.
_ Tu vas bien Judie? Demande Kharl.
_ Ouais, j'ai juste une migraine et une envie de meurtre mais tout va bien, je vais me coucher ça va me passer.

Les laissant entre eux, je poursuis ma lancée dans la chambre où je commence à faire ma routine skincare du soir espérant que ça me calme, mais 10 minutes plus tard je constate que je suis toujours remontée contre lui. Puis j'entends la porte d'entrée claquer, présageant sa prochaine direction.

_ Ce n'est pas ce que tu crois Ju, il s'approche de moi, je te promets.
_ Pourquoi tu flirtes avec elle?
_ Il fallait que je la garde comme cliente...
_ Ah donc tu m'annonces sans honte que tu te prostitue pour garder ton travail !
_ Putain, tu commences vraiment à me soûler là, sa main reste dans ses cheveux.
_ Mais je veux simplement comprendre.
_ Je te l'ai dit, je ne te trompe avec personne, c'est vrai elle me tend des perches mais je t'ai toi Judie, j'en ai rien à battre de ses appels de phares, il prend ma tête entre ses mains, c'est toi que j'aime.
_ Alors déverrouille ton téléphone et allège mon coeur de ce poids, je dis.
_ T'es sérieuse là? Tu n'as pas confiance en moi Judie?
_ J'avais confiance en toi mais là j'ai besoin que tu le déverrouilles Matt!
_ Sympa la confiance.
_ Tu me parles de confiance alors que tu m'as dit ne plus avoir son contacte et je constate quelques mois après que tu m'as menti. Je peux comprendre que dans le cadre de ton travail tu ne puisses pas faire le difficile mais là c'est de ton numéro personnel dont il s'agit alors que votre relation est strictement professionnel selon ce que tu m'as assuré. Et là c'est tout le contraire!! Alors tu la mets en veilleuse ta confiance. Pourquoi elle t'écrit?
_ C'est ma nouvelle cliente, celle dont je t'ai parlé il y a un mois, elle cherche une maison.
_ Ça tu me l'as déjà dit, le "tu me manques aussi" c'est pour la maison c'est ça ? La maison que tu lui as fait visiter il y a un mois lui manque?
_ Arrête d'être cynique...
_ Alors arrête de te foutre de ma gueule!
_ Je n'ai plus envie d'en parler, il s'apprête à partir.
_ Ou tu l'as baisé dans cette baraque ? C'est pour ça que vous vous manquez ! Pourquoi elle te dirait ça alors ?
_ Putain tu t'enfonces et c'est pathétique!

Je n'en reviens pas mes oreilles d'avoir entendu ça. Je suis apparemment pathétique de demander des comptes à mon petit ami après avoir appris qu'il discutait toujours avec son ex et qu'il refuse de déverrouiller son téléphone.

_ Très bien.
_ Bébé, ce n'est pas ce que je voulais dire...
_ C'est bien ce que tu as dit pourtant. Tu déverrouilles ton téléphone maintenant ou c'est terminé Matthieu, je dis sérieuse.

Après quelques minutes à me regarder dans les yeux, il déverrouille son iPhone puis me le tend. Je remonte dans leur conversation. Elle semble formelle au premier abord mais plus je descends et plus je suis dégoûtée par ce qu'elle lui dit et ses réponses molles et évasives. Jusqu'à ce qu'il lui dise qu'elle lui manque et elle de répliquer que le baiser qu'ils avaient échangé lui avait rappelé de bons souvenirs.

Je lui tends rageusement son téléphone puis me dirige dans la salle d'eau pour me rafraîchir, il est hors de question que je me mette minable pour ça.

_ Bébé, je t'assure
_ On s'était fait la promesse d'être toujours honnête l'un envers l'autre et tu ne l'as pas tenue.
_ Ça ne représente rien pour...
_ Je ne veux plus le savoir, je m'essuie le visage, et tu as parfaitement raison je suis pathétique de me douter de quelque chose alors que tout est fondé, je le contourne pour aller dans le lit, et au lieu de te faire tout petit, de tenter de t'excuser pour apaiser les choses, tu me fais passer pour une folle. Franchement t'as tout gagné!
_ Je suis désolée mon cœur, je ne voulais pas te faire de mal...
_ Demain quand je me réveillerai, je souffle sentant mon cœur s'emballer, je veux que tu sois parti de chez...

Il ne me laisse pas le temps de continuer ma phrase qu'il m'enlace. Il me presse si fort que j'en ai les larmes aux yeux et dans mon cou il murmure des excuses, me disant combien il m'aime etc.

_ Lâche moi, je le repousse, je veux pas de toi ici ce soir, je lui tend un drap et son oreiller, tu dormiras au salon et tu réfléchiras à deux fois avant de me manquer de respect comme tu viens de le faire.

Je le vire puis verrouille la porte derrière moi.
Tout ça préfigure déjà bien la fin de notre histoire.
Il ne reste que quatre mois avant la fin de mon contrat et les jours passent tellement vite que j'ai l'impression d'être ici déjà depuis longtemps. Je me suis trouvée une famille, des amis et pire j'ai rencontré quelqu'un de vraiment bien. Un homme qui sait comment me traiter et qui sait s'y faire avec mon humeur de chat de gouttière.
Je ne sais pas comment je vais faire pour surmonter mon départ, ça m'effraie tellement de perdre tout ça.
Je suis follement amoureuse de lui. Je ne voulais pas de ces sentiments mais maintenant qu'ils sont là...je ne peux pas m'en défaire et je m'y refuse.

Ne trouvant pas le sommeil au bout de quelques heures à m'être noyer dans mes larmes et mes questionnements, je tourne le loquet et vais dans le salon.
Me trouvant devant lui, je l'observe émerveillée, devant la beauté de ses traits, et triste à la fois parce qu'au fond je sais qu'il vient de briser quelques choses entre nous.

Remarquant que son sommeil est troublé, je me rapproche doucement pour couvrir ses jambes. Je caresse son visage du bout des doigts comme pour tout emmagasiner pour moi avant de me résigner à prendre une décision.

Me relevant pour gagner ma chambre, j'entends un froissement.

_ Je ne ne veux pas te perdre.
_...
_ Je t'aime et tu le sais, pardonne-moi mon cœur, je suis prêt à tout pour toi.
_ ...
_ Ne t'en va pas Judie, il me retient, je suis tellement désolée.

Ne m'y opposant pas, je m'assieds à ses côtés. Toujours interdite et ne voulant point discuter, je pose ma tête sur son épaule.
A la seule force de ses bras, il finit par nous allongé dans le canapé.
Ma main sur son pectoral droit et ma tête sur le gauche, je souffle d'aise.

_ Je t'assure, je passe son dossier à un collègue peu importe, je ne veux pas me séparer de toi.
_ Ça ne sert à rien, de toutes façons faut bien que tu prépares le terrain, je vais partir d'ici peu , je dis relevant la tête pour plonger mes yeux dans les siens.
_ Je t'aime vraiment Judie, il m'embrasse langoureusement, et je n'en ai rien à foutre de la distance. S'il le faut je prendrai un avion chaque mois pour te rejoindre ou je déménagerai, je ne veux pas vivre une vie sans toi. Rien que de savoir que je te perds ça me rend fou, il me caresse dans le dos. Je t'aime, il scelle nos lèvres.
_ Moi aussi.

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