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J'étais juste torchée.
C'est le terme exacte à employer après avoir traîner dans le plateau tellement j'étais pressée d'avoir ma première impression du pays. Oubliant au passage que le décalage horaire est puissant entre Paris et Montréal.

J'ai pu me rendre à mon nouveau lieu de travail grâce à Alessia qui connaissait le local que louait l'entreprise pour laquelle je travaille. Elle m'a finalement été d'une grande utilité pour me déplacer dans cette immense ville.

Étant une native, tout a été plus facile avec elle et je lui en suis franchement reconnaissante pour le coup de m'avoir proposer son aide. C'est sûr que sans elle, je me serais ennuyée.

Sur place, je n'ai eu qu'à discuter rapidement avec notre client, l'équipe avec laquelle je suis sur le projet et le gérant de la succursale.
Et contrairement à ce à quoi je m'attendais, le gérant, Arthur Clerc, m'a épargné tout un monologue et m'a juste dit de prendre mon week-end histoire que je me remette du jet lag et que je sois performante à la reprise.
Notons que nous n'étions que mercredi.

J'ai grandement apprécié le geste et sincèrement j'ose espérer qu'il est aussi cool tous les jours à l'image d'aujourd'hui. Mais je sais que penser ça ce serait me leurrer de toute évidence. Je ne suis pas payée pour ne rien faire.

Ma visite au boulot terminée, nous nous sommes rendus avec Alessia dans mon nouvel habitat, mon nouveau chez moi.

La clé tourne dans la serrure avec un léger cliquetis. Le battant de la porte s'ouvre lentement, révélant un intérieur baigné de lumière du couché de soleil.
Je reste un instant sur le seuil, émerveillée par la beauté simple de l'appartement. Les murs blancs reflètent la lumière du soleil qui traverse les grandes fenêtres, créant une atmosphère chaleureuse et accueillante.
Pénétrant dans le salon, la pièce est spacieuse et suffisamment bien emménagée d'un canapé confortable, une table basse et une bibliothèque d'angle.

J'explore la cuisine, ouvrant les placards et les tiroirs pour découvrir des espaces de rangement généreux. J'imagine déjà les repas que je pourrais préparer dans cet espace lumineux et moderne.

Enfin, je me rends dans la chambre à coucher, où un grand lit trône au centre de la pièce. Je prends place sur le bord du lit, laissant mes yeux errer autour de la pièce, imaginant comment le rendre un peu plus personnel.

A voir tout ceci, je réalise vraiment la chance que j'ai eu et le nouveau départ qu'est en train de prendre ma vie. Une nouvelle vie pleine de promesses et d'aventures. Je sais que je serais heureuse, de fait, je suis impatiente de commencer ce nouveau chapitre de ma vie.

Toujours abasourdie par ce qu'ont vus mes yeux, je suis quasiment sûre que je n'aurais pas râlé pour le billet avec escales et la place en éco si j'avais su que je vivrais dans ce palace pendant plus d'un an au frais de l'entreprise.

D'ailleurs depuis quand monsieur Gentay fait dans le gratuit?

M'envoyer au Québec pour reprendre ce chantier a été la meilleure idée qu'ai pu avoir mon chef de département et mon boss.

_ Tu n'as pas oublié de me dire quelque chose, intervient Alessia adossée sur la porte de ma chambre. J'avais déjà oublié sa présence.

Ne comprenant pas ce qu'elle essaye de dire, je n'essaye pas d'en savoir plus et nous retournons dans la cuisine ouverte. Voyant mon visage baigné d'incompréhension et comprenant qu'elle n'aurait sans doute pas plus d'informations si elle ne développe pas, elle se mit sur une chaise haute et poursuivit:

_ Que t'es pété de thune par exemple meuf.

J'explose de rire à son grand dame.

_ Je gagne bien ma vie mais je suis loin d'être fortuné. C'est ma boîte qui s'est chargée de tout, je termine en saisissant le mot qui était dans la corbeille de fruit.

Je le lis rapidement. Ce sont des félicitations pour ma promotion et des encouragements de la part de la boîte. Rien de bien fameux. Je la jette dans la poubelle après l'avoir lu entièrement.

_ Tout à l'heure j'ai bien vu qu'on était dans une entreprise de BTP, du coup qu'est-ce que tu fais ? Elle me demande les mains soutenant son visage.
_ Je coule le béton, je rigole.
_ Woaw ! Non mais plus sérieusement, t'as pas l'air d'être une couleuse de béton.
_ Et ça a l'air de quoi alors ?
_ Bah ça a l'air d'un homme déjà, elle explose de rire.
_ Je la suis, je vois c'est un métier typique d'homme mais dans mon cas tu as raison. Cependant je fais ce genre de métier, je travaille dans le bâtiment. C'est peu commun de voir une femme être chef de chantier, je réponds.

Elle ne dit rien. Elle semble encore bloquer sur mes mots. Elle les analyse encore histoire d'être sûre de ce qu'elle a entendu.

_ Tu veux dire que tu travailles sur des chantiers en construction? Tu lis des plans ? Tu construis des maisons...Woaw c'est dingue.

Je hoche la tête un sourire sur les lèvres. Y a de quoi être fière et honnêtement je le suis. Je suis fière de ce que j'ai pu accomplir jusqu'ici. Faire dans le bâtiment n'est pas chose facile et encore moins en tant que femme dans un domaine largement dominé par la gent masculine, mais ma détermination et ma persévérance m'ont ouverte les bonnes portes et aujourd'hui je suis chef de chantier.

Que demander de plus au bon Dieu?

_ Ça tu peux le dire, et toi, qu'est-ce que tu fais comme job?
_ Je suis assistante dans un cabinet vétérinaire de la place et à mes heures perdues je fais du mannequinat. Comme ça tu sais déjà que tu connais une future star. C'est maintenant qu'on se crée un réseau on gratte pas la fame après ma belle.

On éclate de rire toutes les deux. Avec Alessia je sens que je vais m'éclater.
J'ouvre le frigo, histoire de voir ce qu'il renferme et n'y trouver qu'une bouteille de champagne avec un ruban rouge. Sûrement un cadeau de la part de la boîte.
Truc de malade pas de bouffe mais de l'alcool.

Je saisi rapidement deux flûtes de champagne et nous sers.

_ A nous deux, annonce-t-elle.
_ A notre nouvelle amitié, je poursuis.
_ A ton travail qui t'a permis de déménager ici.
_ A ta future carrière de mannequin.

Puis on trinque.
D'une traite on avale le liquide et le regrettons quasiment au même moment. On tire des gueules tu croirais qu'on a grave la diarrhée.

_ C'est quoi cette merde! Je m'exclame.
_ Ça doit être du pipi de chat mixé à de l'eau gazeuse, elle dit en se tenant le nez.
_ T'as déjà bu du pipi de chat toi peut-être ?
_ Non mais ça sent comme. Dior, mon chat, elle précise, pisse cette merde et pour l'avoir sous mon toit depuis déjà trois ans je reconnais l'odeur.

J'y crois pas, cette fille c'est une vrai malade.

_ Vient on va faire tes courses, elle me dit en se levant. Tu risques de crever de faim sinon.

Dans le taxi que nous avons emprunté, je prends la peine d'envoyer un message à ma famille et un E-mail à mon boss pour leur signaler que je suis bien arrivée.

Les courses se passent sans encombre et tout comme pour l'allée, on emprunte un taxi pour le retour.
Une fois à la maison, Alessia m'aide à tout ranger, me donne quelques conseils et tuyaux puis s'en va non sans oublié de me passer son numéro et de me donner son adresse.

Cette fille est vraiment un cas à part.

On ne se connaît ni d'Adam ni d'Ève mais dite vous qu'elle a fait pour moi plus de chose en une journée qu'un membre de ma famille éloignée n'a jamais fait.
Alors qu'on venait juste de passer la douane et qu'on allait chercher nos valises qui au finale n'étaient pas arrivées avec nous, elle s'est chargée de discuter avec les agents et ne connaissant pas encore mon adresses—qui ne m'a été remis qu'une fois au boulot— elle a tout réglé pour qu'elles soient livrées chez elle.

Ça me touche beaucoup et surtout ça prouve bien que tout le monde n'est pas pourri jusqu'à la moelle.

Terminant cette journée par une bonne douche et après avoir enfilé mon vêtement fraîchement payé pour passer cette nuit, je suis allée me faire un dîner de reine, malheureusement je n'avais pas de sujets à ma disposition.

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