Chapitre 3

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9h, le réveil sonne.
Étonnamment je ne me plains pas de la sonnerie.
Je me contente de l'éteindre et me repose encore un peu. Après tout, ce n'est pas comme si j'avais un train à prendre.
Attends, mais si en fait!

Je me lève donc en sursaut et dévale les escaliers.
Ma mère m'attend déjà dans la voiture.

-« pourquoi tu m'as pas réveillée? »
-« je pensais que tu étais levée depuis longtemps. »

Elle termine sa phrase avant d'ajouter:
-« mais tu n'aurais pas oublié quelque chose? Bon après tu fais ce que tu veux mais je ne suis pas sûre que ce soit des vêtements adéquats que tu portes. »
-« et mer* »

Je rentre dans la maison aussi vite que j'en suis sortie et m'habille en vitesse.
Je lance un dernier regard dans ma chambre pour m'assurer d'avoir tout pris, ferme la maison à clé et m'assois sur le siège passager de notre Hyundai.

Le trajet jusqu'à la gare s'effectue en écoutant des vieux tubes de jeunesse de ma mère.
Nous arrivons une vingtaine de minutes plus tard puis attendons mon train.

À son arrivée en gare, il ne manque pas de crisser et me détruis les tympans.
Je serre maman une dernière fois dans mes bras puis monte dans la voiture 6.

Je me retrouve à côté d'une famille dont les enfants crient et dont le plus jeune cours partout.
Par chance il se cogne la tête.
Bon il pleure mais c'est solide un enfant, après tout nan?
Ne me prenez pas pour une personne horrible, on pense tous la même chose.

Je fais donc abstraction du bruit à côté de moi.
Par chance mes écouteurs ont un mode « réducteur de bruit ».

Durant le trajet, j'observe le paysage, magnifique.
Il varie entre monts et vallées, quelques habitations sont dispersées au milieu de ces derniers.

Nous arrivons à Séoul au bout d'une heure et demie environ.
Enfin.
Après tant d'attente, m'y voilà enfin.

Je descends du train en essayant de ne pas tomber et éviter de me taper la honte.

J'attend le bus que je pense devoir prendre, sous le soleil.
Il me donne si chaud que j'enlève mon gilet.
Le bus arrive, et après quelques arrêts je redescends.
Je cherche l'adresse exacte sur le gps de mon téléphone, et après m'être presque fait renversée au moins trois fois, par deux voitures et un vélo, j'arrive devant l'immeuble.

Les 3 photos de l'annonce ne montraient pas l'extérieur du bâtiment, mais je suis loin d'être déçue.
La façade semble avoir été rafraîchie il y a peu, et le bâtiment est tout à fait à mon goût. Ça ne me rend qu'encore plus heureuse.

Pour le décrire simplement, je dirais qu'il est de couleur blanche et compte quelques éléments en bois, notamment près des balcons.

Je me demande si je ne me suis pas faite arnaquée car le loyer me semble trop peu élevé pour tout ça.

Je téléphone à la propriétaire, qui me fait signer encore quelques papiers puis me remet le code pour la porte d'entrée, que je pourrais changer si je le souhaite.
Lorsque je les ai en main, tout me semble plus concret.

Elle me quitte en ajoutant que l'ascenseur est en panne. Vu que l'appartement est au cinquième et qu'elle n'a plus l'âge d'effectuer un tel effort physique, elle me laisse seule pour découvrir mon nouveau logement.
Mais moi aussi je me demande comment je vais faire pour survivre après avoir monté ma valise.

Au bout de dix minutes d'efforts, j'atteins le cinquième étage.
Je saisis le code et entre dans l'appartement.

Enfin.

Devant moi se trouve un jeune homme, qui me fixe avec un air intrigué.
Il n'a pas l'air bizarre, comme le craignait ma mère.

Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il s'adresse à moi.

-« qu'est-ce que vous faites chez moi? Comment vous connaissez le code? »

-« bonjour! Je- »

-« que me voulez vous? Vous m'avez suivi? »

Bon ok, je retire ce que j'ai dit sur le fait qu'il ne soit pas étrange.
J'arrive enfin à parler et explique la situation:

-« je suis votre colocataire. Vous savez, l'annonce sur le site de logements. »

-« je pense qu'il va y avoir un problème. Je ne cherche pas de colocataire, encore moins quelqu'un comme vous. »

Aïe. Je ne sais pas ce qu'il entendait par là mais ça n'a pour effet que de m'énerver.

-« si vous n'êtes pas content, alors partez, rien ne vous oblige à rester, mais moi je ne changerais pas d'appartement. »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et ajoute:

-« maintenant que cela vous plaise ou non, je vais poser mes affaires dans MA chambre. »

Je me dirige vers la porte de droite et abaisse la poignée. Seulement je comprend vite qu'il s'agit de sa chambre. Pour m'énerver encore plus, il me dit:

-« ça c'est ma chambre. C'est l'autre qui n'est pas prise. »

-« je le savais», dit je avec une assurance qui sonnait fausse à dix kilomètres.

J'entre donc dans la pièce de gauche puis pose mon sac sur le sol et fait glisser ma valise à côté de ce dernier.
La chambre est comme sur les photos, c'est à dire parfaite.

Sur ma droite se trouve un large dressing, puis le lit au centre de la chambre, une grande fenêtre sur la gauche et enfin un bureau.
La chambre est encore vide mais elle ne le sera plus pour très longtemps.

Je me dirige vers la fenêtre afin d'admirer la vue.
Du haut de mon cinquième étage je peux admirer un grand parc, se trouvant au delà de la rue longeant mon immeuble.

Je sens que je vais définitivement passer quelques journées là-bas, à lire un bon livre tout en écoutant de la musique ou pour pique niquer.

Cette réflexion a pour effet de poser un sourire sur les lèvres.

Après être sortie de ma rêverie, je déballe toutes mes affaires en commençant par les vêtements.
J'essaie de trouver un moyen d'ordonner ces derniers dans le dressing et me rend compte qu'une séance shopping ne me fera pas de mal.
Peut-être juste à mon porte-feuille.

Je m'attaque ensuite au reste de mes affaires et me décide à aller acheter de la décoration.
A peine sortie de ma chambre, je re-croise le regard de mon « très sympathique » colocataire, posé sur le canapé.
Tiens, je n'avais même pas pensé à lui demander son nom:

-« au fait, on ne s'est pas présentés correctement tout à l'heure; quel est votre nom? »

Il continue de me regarder sans rien dire.

-« bon d'accord, alors je commence. Je m'appelle Kim Yuna, enchantée »
Je sais que ce n'est pas bien de mentir en disant que je suis heureuse de faire sa connaissance, mais sinon il ne me dira rien et me détestera pour impolitesse cette fois.
Avant que je n'ai le temps de placer un « et vous? », il me répond:

-« ça sert à rien de te présenter, je m'en fiche de ton nom, je vais pas le retenir. Et le mien t'as pas besoin de savoir. »

Tiens il me tutoie maintenant lui.
J'essaie de garder mon calme et de ne pas céder à la colère.

Je lui tourne le dos puis sors de l'appartement en prenant bien soin de claquer la porte derrière moi.

Stay with meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant