Stay with me

Chapitre 5

La lumière naturelle du soleil me réveille en franchissant les volets, restés légèrement entrouverts.
Je regarde l'heure sur mon téléphone: 6h30.
Oh non.
Pourquoi est-ce que je me suis réveillée?
Il est beaucoup trop tôt.
Bon bah je pense que je peux laisser tomber la grasse matinée du samedi.

Oui, parce que une fois réveillée, il m'est impossible de me rendormir.

C'est pas grave, je me rattraperais demain.

D'un autre côté, on dit que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt nan?

J'avoue que j'y crois pas une seconde, mais il faut que je me dise ça pour me motiver.

Tiens je pourrais aller courir; comme il est encore tôt il n'y aura presque personne, c'est parfait.
Il faut que je pense à faire du sport pour rester en forme.

J'enlève mon pyjama et enfile une tenue de jogging de couleur grise à la place.
Je m'attache également les cheveux, que je coiffe en un chignon.
Approximativement on va dire.
Ça y ressemble un peu.
Bref.

Je m'empare de mes écouteurs, que je connecte à mon téléphone.
Enfin, j'enfile mes baskets et sors de l'appartement.

C'est en écoutant ma playlist « motivation » que je commence ma course.
Je décide de traverser le parc qui se trouve au pied de l'immeuble et que j'ai envie de découvrir depuis hier.

C'est vrai qu'il est très beau, avec ses arbres d'un vert pur.
Les fleurs commencent à s'ouvrir et dévoilent leurs belles couleurs vives.
J'aperçois même deux ou trois papillons virevoltant autours d'elles.

Je tourne à droite afin de longer le fleuve Han, qui traverse toute la ville.

Quelques centaines de mètres plus loins, je m'arrête sur un pont dont je n'ai pas retenu le nom.
C'est le spot parfait pour observer le lever du soleil.
J'arrive presque trop tard, mais l'extrémité de l'astre rougeâtre se noie toujours dans le fleuve.
Le mélange de couleurs est vraiment magnifique.

C'est bête, j'ai oublié mon appareil photo.
Je penserai à le prendre la prochaine fois.

Je repars une fois que le soleil est complètement levé, soit au bout d'un petit quart d'heure. Lui aussi est paresseux le matin.
J'ai fait une exception aujourd'hui, mais je vis au ralenti habituellement.

Pour découvrir un peu les environs, je passe par la ville pour rentrer.
Je repère déjà des cafés et restaurants qui m'ont l'air d'être sympas.

Toujours en courant, j'effectue un virage de 90 degrés au coin d'un bâtiment et percute malencontreusement quelqu'un.
J'atterris par terre sans même m'en rendre compte mais par chance je n'ai mal nulle part.
Ma tête reste baissée pour voir si je n'ai pas d'écorchure sur les mains comme j'ai amorti légèrement ma chute grâce à elles.
L'inconnu s'adresse à moi avec un soupçon d'affolement dans sa voix:

-« je suis désolé, est-ce que vous allez bi-»

Nos regards se croisent et il ne termine pas sa phrase.
Forcément. Mon colocataire.
Son ton change et devient légèrement agressif.

-« de toutes les personnes de cette ville il a fallut que tu me fonce dedans? Tu peux pas faire un peu attention? »

-« pardon, j'étais sortie courir. Je m'attendais pas à croiser quelqu'un à cette heure là.
Tiens d'ailleurs qu'est-ce que tu fais dehors toi?»

-« d'après mes vêtements ça se voit que j'étais en expédition sous marine nan? »

C'est vrai que son haut de compression noir et son jogging indiquent clairement qu'il est allé faire du sport.
Il reprend:

-« c'est plutôt toi qui m'étonne. J'aurais pas cru te voir courir »

-« pourquoi? »

-« je te croyais pas sportive c'est tout »

-« eh c'est méchant ça! »

-« en attendant c'est pas moi qui étais au bout de ma vie après avoir monté 5 étages à pied »

-« c'est pas vrai. J'étais chargée c'est tout. Faudra qu'on aille courir ensemble pour que tu vois mes capacités. »

-« alors ça surement pas »

-« bon aller ciao coloc! »

-« m'appelle pas comme ça. »

-« je peux difficilement t'appeler autrement je connais pas ton nom. »

-« t'as pas besoin de m'appeler »

Avant de repartir, j'entends un léger « salut » de sa part, mais c'est possible qu'il m'ait insultée en fait.

Sur ce, je termine ma course et file me laver.
Rien de mieux après avoir transpiré qu'une douche bien chaude.
Comment ne pas apprécier l'odeur de mon savon aux fleurs de cerisiers?
J'aime autant ce parfum que photographier les arbres qui portent ces fleurs.
C'est tellement beau lorsqu'elles éclosent en ma saison préférée, le printemps.

Une fois sortie de ma douche, je mange une pomme prise sur le comptoir de la cuisine.
Je profite de l'absence de l'autre taré pour la voler.
Il ne remarquera rien après tout.
J'espère.

Après réflexion, j'irais faire les courses cet après-midi.
Je lui en achèterai une ainsi qu'une boîte de ramen pour qu'on soit quitte.

Comme ça je pourrais faire ma comptabilité ce matin et voir combien il me reste pour m'acheter des vêtements.

Je m'installe donc à mon bureau et dégaine mon ordinateur.
Finalement je vais dans mon lit, bien plus confortable.

Je ne sais pas combien de temps je passe à tout calculer et prévoir, mais trop longtemps à mon goût.
Les quelques « petites » pauses que j'ai faites y sont probablement aussi pour quelque chose.

Si procrastiner faisait gagner de l'argent, je serais sans doute riche à l'heure qu'il est.

En attendant, ça ne rempli pas mon estomac.

Je me dégage de mes draps et attrape deux ou trois tote bags pour aller faire mes courses.

Je pars de chez moi dans mes converses noires et emprunte les rues de la capitale.
Je me rend dans un supermarché repéré lors de ma sortie matinale et frissonne en y entrant.
Pour cause, la basse température libérée par les réfrigérateurs.

Sans chercher à comprendre l'organisation du magasin, je commence à remplir mon chariot.
C'est la première fois que je fais des courses seule, qui ne serviront qu'à moi.

Je m'interroge plusieurs fois quand aux quantités de chaque aliment à prendre. J'essaie de ne pas prendre de trop, par peur de devoir gaspiller.

J'imagine déjà de nombreux plats à préparer, aussi bien à mon domicile que pour les cours.

Par chance, j'ai toujours cuisiné, que ce soit pour aider ma mère ou au contraire pour combler son absence lorsqu'elle partait en ville pour des événements.
Alors faire à manger n'est pas un problème.
J'aime ça d'ailleurs. C'est étrange mais ça me détend.

Au moment de payer, je me souviens qu'il faut que j'achète une pomme pour la donner à mon colocataire.
Je détale dans tout le magasin pour en trouver et lorsque c'est le cas, j'en prend trois finalement.
Moi aussi je dois manger des fruits.

J'arrive à nouveau en caisse, toujours en courant et double les autres personnes de la file, qui commençaient à s'impatienter.
J'essaie de ne pas croiser leurs regards méprisants au passage.

Je range mes courses en vitesse dans mes sacs et sors du supermarché.
Une fois dehors, je m'attends à me faire éblouir par le soleil, mais ce dernier est en train de se coucher.
A la place, j'observe de magnifiques couleurs pastels qui se mélangent et fondent les unes dans les autres.