Chapitre 8

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Je me réveille après une bonne nuit de sommeil, seule dans mon lit.
Je n'ai même pas remarqué le moment où Riki est sorti de la chambre.
C'est comme si il n'avait jamais été là.

Où n'était-ce qu'un rêve?

Rêve ou réalité, je me défais lentement de mes draps, le temps de bien me réveiller.
J'ouvre les volets, et une fois que mes yeux se sont adaptés à la lumière du jour, admire la vue sur le parc.

C'est en pyjama que je me rends dans la cuisine.
Jay et Riki sont tous les deux installé autours de la table basse du salon, tandis que Jungwon mange son petit déjeuner sur le comptoir séparant la cuisine du salon.

Je prends des céréales et du lait que je sors du frigo, et m'installe aux côtés de Jungwon.

-« bien dormi? »

-« bof... j'ai mal à la tête », me répond il.

-« tu veux que j'aille te chercher quelque chose à la pharmacie? »

-« merci, c'est gentil mais Riki m'a déjà donné quelque chose. J'attend que ça fasse effet. Riki t'as dis que ça prenait combien de temps déjà? »

-« une demi-heure », répond Riki, qui continue de scroller sur son téléphone sans lever la tête.

-« Jungwon t'as bientôt fini? », demande Jay.

-« oui oui je me dépêche. »

Le Brun aux fossettes marquées termine son petit déjeuner en vitesse.
Il nettoie son assiette et rejoint Jay, qui termine d'enfiler ses chaussures.
Une fois tous les deux prêts, nous nous disons au revoir, et c'est équipés de leurs casques de moto qu'ils repartent.

Je termine également mon petit déjeuner et range mes affaires dans différents tiroirs.

-« Riki, tu comptes faire quoi aujourd'hui? »

-« pourquoi tu demandes, ça t'intéresse? »

-« ouais, je sais pas quoi faire. »

-« ça c'est pas mon problème. Peut importe ce que je vais faire, tu n'est pas la bienvenue. »

Sur ces mots, il retourne dans sa chambre.
Qu'est-ce qu'il peut être énervant celui-là.

Je le vois passer cinq minutes plus tard, changé et prêt à sortir.
C'est sans dire un mot qu'il referme la porte derrière lui.
Pas étonnant.

Je repense à la soirée d'hier soir et me dis qu'il aurait quand même pu me remercier de l'avoir laissé dormir dans ma chambre.
Mais bon, le jour où je l'entendrais dire des mots gentils en s'adressant à moi, je n'y croirais pas.

D'ailleurs il m'a même dit de m'adresser à lui quand cela est vraiment nécessaire.
Je vois mal comment c'est possible de bien nous entendre si les seuls échanges qu'on a c'est « oublie pas de descendre la poubelle », « il y avait du courrier » ou encore « sors de la salle de bain ça fait vingt minutes que tu y es ».

En attendant, je ne sais toujours pas quoi faire.
Je tourne en rond bien dix minutes avant d'avoir une illumination.

Je me dépêche de mettre un livre, mon appareil photo, mes affaires de dessin et de la nourriture dans un grand sac.

Je mets une jupe et un haut court, quelques bijoux; me maquille et me coiffe, puis sors de chez moi.
Direction: le parc!
Littéralement à côté de chez moi.
Le trajet n'est pas très long, c'est l'avantage.

Je marche lentement afin de profiter pleinement de la nature qui m'entoure.
Bon, c'est rien comparé à la campagne d'où je viens, mais c'est bien quand même.
Un havre de paix dans la ville animée.

Après m'être baladée un petit peu, je m'installe au meilleur spot que j'ai repéré: sous un saule pleureur.
J'étale une couverture sur le sol et me pose, en m'adossant contre le tronc de l'arbre.

Je lance ma playlist et mets mes écouteurs, m'isolant totalement des quelques bruits résonnant dans le parc.

Je commence par lire un petit peu, puis dessine les fleurs et le paysage qui m'entourent.
Je grignote vers midi et l'après midi se déroule de la même manière.
Je photographie également ce qui m'environne, et essaye de créer des compostions avec le matériel à ma disposition.
Je suis plutôt satisfaite du résultat, on dirait des photos prises de pinterest.

En fin d'après-midi, je fais une sieste tout en profitant de ma musique.
Durant un instant, je ressent un apaisement profond, comme si toutes les pensées qui me perturbent quotidiennement s'étaient envolées.

Résumé de ma journée: parfaite.

C'est un petit peu à contrecœur que je remballe mes affaires, mais une nouvelle excitation m'anime: ma rentrée de demain.

De retour dans mon appartement, je cuisine un repas simple pour ne pas trop m'embêter.
Je le mange sur la table basse, accompagné d'un grand verre d'eau, tout droit sortie du frigo.

Une cuillère de riz en bouche, je vois passer un fantôme allant de la salle de bain a sa chambre.
Visiblement, il n'est toujours pas ouvert à la conversation.
Je devrais envisager d'adopter un chat, au moins il me tiendra compagnie lui.

Bon, c'est pas ça mais il commence a se faire tard.
Je lave ma vaisselle, puis me sèche les mains après me les être lavées avec un savon parfumé aux agrumes.
L'odeur est très rafraîchissante; elle me donne envie de boire un cocktail.
Qu'est-ce ce que je raconte? Je deviens alcoolique?
La synesthésie est légèrement trop présente dans cette pièce.

Je me rends à mon tour dans la salle de bain, afin de prendre ma douche et de me soigner pour demain.
C'est un jour très important.
Sans doute la première rentrée que j'ai hâte de passer.

Je connecte mon téléphone à l'enceinte de la salle de bain. Parce que oui, il y a une enceinte dans la salle de bain?!
C'est juste une idée géniale.
Je vais rien dire à Riki par contre.
Le complimenter, non merci je passe mon tour.

Je lance un flow aléatoire sur mon application de streaming.
J'aime bien, ça me permet de découvrir de nouveaux artistes de divers style musicaux.
Je n'ai pas vraiment de genre musical de prédilection.
Je pense que chaque style a ses pépites; il suffit de les trouver.

Alors que l'eau chaude coule sur ma peau, une chanson que j'écoutais tout le temps dans la voiture avec ma mère passe.
Je chante sur la mélodie que je connais par coeur maintenant.

Après m'avoir fait des masques, un gommage, des soins et j'en passe, je sors de la salle de bain.
Mon regard est attiré sur ma gauche; alors que je traverse le couloir, je vois mon colocataire.

-« j'étais à deux doigts d'appeler une ambulance, ça fait une heure que t'es dans la salle de bain. »

-« oui bah je prend mon temps pour me préparer. Mais tu peux pas comprendre, t'es un homme. »

-« je suis efficace c'est différent. »

Je rigole légèrement, car il semble froissé d'être mis dans une case.
Même si il doit sûrement lui en manquer une.

-« bon, bonne nuit efficace! »

-« je suis efficace, je suis pas efficace. »

-« faudrait savoir, tu es, tu n'est pas? »

-« t'as très bien compris. Vas dormir, tu me fatigue.»

-« vas dormir aussi si t'es fatigué!»

-« mais c'est qu'elle continue en plus? »

-« je rigole, bonne nuit! »

-« c'est ça ouais. »

Sur ce, je ne tarde pas et m'endors sans même m'en rendre compte.

Stay with meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant