Épisode 10 : Imprégner ou pas ?

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« Euh... Hum... »

Quelles que soient nos capacités de discernement, chacun devrait savoir que certaines choses ne devraient être mentionnées à aucun prix. Du point de vue d'un alchimiste, la déclaration de Rosenitte était une véritable insulte à l'ensemble de la profession.

Brigitte, l'expression glaciale, fixait sa tasse de thé, tout comme Eve. Même les princes jumeaux sentaient des sueurs froides leur couler dans le dos. Quant à l'Empereur, il ouvrait et fermait tour à tour la bouche, incapable de déterminer la meilleure marche à suivre.

Il finit par laisser échapper un petit rire embarrassé :

« Haha, Rosie... Je suis touché par ton affection, mais je ne crois pas que ce soit la saison pour cueillir de la lavande. Inutile de perdre ton temps dans les jardins pour ça.

— Oh, mais il doit bien y en avoir dans les serres, non ? Je peux vous en apporter !

— C'est bon, Rosie.

— Si vous le dites... »

Comme Rosenitte était la fille favorite de Sa Majesté, il avait choisi de ne pas prendre en compte cet impair maladroit. Il aurait sûrement été furieux si Eve ou même Brigitte s'étaient permis une telle bévue.

Rubens se dit qu'il fallait vite changer de sujet. Une lumineuse idée avait surgi dans son cerveau et il intervint :

« Oh... J'ai failli oublier ! C'est bientôt l'anniversaire de Rosie, pas vrai ?

— Mon dieu ! s'exclama Rosenitte. Tu y as pensé, Rubens ! C'est vrai, je vais avoir dix-huit ans la semaine prochaine !

— Ce qui veut dire que tu vas pouvoir sélectionner ton propre chevalier attitré. Le peuple tout entier attend ce jour avec impatience. Ce sera la fête dans tout l'empire !

— Oh, mon cher frère, n'exagérons rien... Ce n'est qu'une étape que tous les membres de la famille franchissent. »

Personne ne fut dupe de cette fausse modestie. Chacun savait que Rosenitte tentait, depuis plusieurs semaines, d'amadouer son père, afin qu'il lui organise la cérémonie la plus fastueuse jamais imaginée.

« Père, minauda-t-elle l'air préoccupé, en se tournant vers l'Empereur. Je dois avouer que je suis un peu inquiète à propos de la cérémonie de sélection.

— Et pourquoi le serais-tu ? s'étonna l'Empereur.

— Je suis embarrassée de le reconnaître, mais je n'ai aucun talent en magie ou alchimie. Je ne suis pas sûre de réussir correctement l'imprégnation d'un homonculus.

— Tu n'as pas à t'inquiéter, Rosie. Le seul fait d'être de sang impérial, t'assure un pouvoir plus que suffisant pour en contrôler un.

— Mais cela ne demande-t-il pas plus de talent, si l'homonculus est spécial ? Qu'arrivera-t-il si je ne réussis pas à aller au bout du rituel ? Je dors mal ces derniers temps, parce que cette perspective me tourmente sans arrêt.

— Oh... Je suis sûr que tout se passera très bien, mon enfant ! » l'encouragea l'Empereur, le regard plein de compassion.

Rosenitte leva vers lui des yeux rubis brillant de larmes, comme si une nouvelle et désagréable pensée venait d'envahir son esprit. Elle se couvrit la bouche d'un geste maladroit et gémit :

« Ah... Eve n'aurait pas besoin de se soucier de ce genre de choses... »

Un silence suivit. L'intention de la huitième princesse était claire : remettre au centre de la conversation Eve et surtout sa décision de ne pas respecter la coutume impériale. Le fait qu'elle ait refusé de choisir un chevalier attitré faisait d'elle la cible parfaite en un tel moment.

Eve princesse révolutionnaire. S1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant