Eve princesse révolutionnaire. S1.

Épisode 20 : Rituel d'Allégeance

« Il semble en effet que ce genre d'entraînement soit crucial. »

Même si la magie n'était pas sa matière de prédilection, Eve en connaissait l'importance, puisqu'elle était mage, elle aussi. Elle interrompit brusquement leur petite entrevue, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

« Dans ce cas, tu devrais aller t'entraîner tout de suite. On se revoit demain.

— Demain ?

— Oui. Ça te pose un problème ? »

Mikael, resta sans voix, déconcerté. Eve l'était au moins autant que lui : le fait qu'elle ait soudain écourté son invitation n'aurait pas dû le perturber à ce point. Pourtant, sans répondre à son interrogation, il insista, comme s'il demandait confirmation :

« Donc, je te vois demain ? C'est tout pour aujourd'hui ?

— Oui. Il s'agit d'un travail de longue haleine, inutile d'en faire trop, dès le premier jour.

— Tu ne comptes donc pas me faire venir dans la soirée ?

— Tu voudrais que je le fasse ?

— Non, ce n'est pas ça...

— Très bien, alors. Tu as dit que tu devais t'exercer, non ? » conclut Eve.

Mikael contempla, désarçonné, son expression d'une innocente naïveté et marmonna :

« Dire qu'elle ne comptait vraiment pas solliciter ma présence, ce soir...

— Quoi ?

— Oh, rien, » répondit-il en retenant un soupir de dérision.

Au sein de la famille impériale existait une tradition perverse qui consistait à convoquer son chevalier attitré dès le premier soir pour le service de nuit. Une soi-disant « inspection ». Connaissant la dépravation qui régnait au palais, Mikael s'était imaginé qu'Eve agirait comme les autres, mais elle avait l'air de ne pas en être consciente du tout et embarrassé, il décida de quitter les lieux au plus vite.

« Eh bien, j'y vais, alors. Repose-toi bien, ma princesse.

— Merci. À demain. »

Mikael inclina la tête tout en portant la main droite contre sa poitrine — geste traditionnel de salut des chevaliers — et Eve lui fit un petit signe de la main. Sedella le suivit alors qu'il sortait, et dès qu'ils furent dans le corridor, elle referma avec soin la porte derrière elle avant de l'interpeller :

« Sir Agnito.

— Dame Sedella ? »

L'expression de la camériste était bienveillante, mais elle ne souriait pas. D'un ton calme et sérieux, elle lui exposa ses réflexions :

« Il est très rare que la Septième Princesse serve elle-même le thé à ses invités. Je ne l'ai vue le faire que trois fois. Et à chaque fois, il s'agissait de personnes que Son Altesse Evienrose respectait profondément. Vous êtes le quatrième, Sir Agnito. »

Son interlocuteur ne sut quoi répondre et se tint coi.

« Je voulais juste que vous le sachiez, » précisa Sedella pour bien marquer le fait que pareil geste restait très inhabituel et qu'il ne fallait pas le sous-estimer.

Mikael avait bien compris où elle voulait en venir.

« Je vois. J'en prends bien note, lui assura-t-il sur un ton solennel.

— Oui. Faites, je vous prie, » répondit-elle tout en retrouvant le sourire.

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