Il s'agissait en effet de permettre aux hommes en âge de se marier d'étaler leurs atouts, obtenus après de longues séances d'entraînements et d'exercices rigoureux, destinés à développer harmonieusement leur musculature. C'est pourquoi l'étiquette, lors des banquets du palais impérial, exigeait qu'ils aient une chemise très échancrée qui mette bien en valeur leurs pectoraux bien dessinés. Une tenue qui, vue sous un certain angle, révélait même parfois quelques détails supplémentaires, dont les invitées étaient très friandes.
Bien entendu, la mode s'était emparée du concept et les stylistes se focalisaient de plus en plus sur la façon d'exhiber le haut du corps masculin. Les larges foulards de soie qui recouvraient tout le cou et que portaient jusqu'à présent les hommes, lors des festivités du palais, furent abandonnés au profit de cravates longues et étroites, nouées de façon désinvolte. Et ces dames de la noblesse qui pouvaient ainsi entrevoir des attraits physiques habituellement dissimulés, en étaient toutes émoustillées.
Les chaînes de corps qui faisaient, elles aussi, fureur, avaient déjà été mises en vogue deux générations plus tôt par la grand-mère d'Eve, alors à la tête de l'empire, et pour laquelle les dames de la haute société avaient un profond respect. Cet accessoire, constitué d'un réseau lâche de chaînes qui pendaient librement en travers du torse, donnait presque l'impression que l'homme qui le portait était enchaîné, ce qui ajoutait un côté licencieux à la délicatesse exquise de ces entrelacs en métaux nobles, souvent ornés de pierres précieuses.
Après avoir travaillé sans relâche sur le visage de Mikael, Peony et Lianne se redressèrent, très fières d'elles :
« Le maquillage est terminé. Qu'en pensez-vous Sir Agnito ?
— Je ne saurais quoi en penser...
— On pourrait demander à son Altesse, alors ? »
Mikael ne pouvait refuser et s'approcha d'Eve. Celle-ci prit soin de fixer son regard sur le visage de son chevalier pour ne pas que son esprit s'égare sur son torse trop tentant.
« Oh ! »
Elle n'avait pu, cette fois-ci retenir son exclamation de surprise tant elle s'était sentie saisie et désorientée par la dangereuse séduction qui émanait des yeux améthyste.
Seigneur, mais qu'est-ce qu'elles lui ont fait ?
Elle avait toujours entendu dire que le maquillage, chez les hommes, ne servait qu'à rehausser la beauté de leurs traits, rien de plus. Et elle devait admettre que la pureté de ceux de Mikael n'était qu'à peine modifiée, de ce point de vue-là. Malgré tout il y avait à présent dans son regard un je ne sais quoi de fascinant, d'envoûtant, comme si Peony et Lianne avaient réalisé sur ses yeux un sortilège de magie noire. Alors qu'elle le contemplait, muette, Mikael s'inquiéta :
« J'ai l'air bizarre ?
— Hein... Quoi ? Oh, non, pas vraiment... »
Le visage rayonnant de fierté, Peony expliqua :
« Nous avons réalisé sur les yeux de Sir Agnito un maquillage appelé Nuit Étoilée. C'est une technique spéciale devenue l'arme secrète de certains aristocrates. Elle est censée reproduire l'éclat et la passion qui luit dans les yeux des hommes, à l'apogée du plaisir. C'est ce qu'a utilisé mon oncle maternel pour séduire une comtesse.
Eve, toujours hébétée, mit un certain temps avant d'assimiler ses explications. Puis elle commença à s'alarmer.
Peony ! Comment peux-tu donner une arme aussi puissante à un homme déjà aussi dangereusement séduisant ?
Mais celle-ci n'avait pas du tout remarqué l'inquiétude de sa maîtresse et reprit sur un ton serein :
« Peut-être que si vous appréciez ce que vous avez sous les yeux, Votre Altesse, vous pourriez l'inviter cette nuit dans votre...
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Eve princesse révolutionnaire. S1.
FantasyEve est une princesse qui porte de forts engagements en faveur de l'égalité. Voilà pourquoi elle a refusé de choisir un chevalier attitré parmi les homonculi, ces êtres créés par l'empire à l'aide de la pierre philosophale, et considérés comme des e...