« La septième princesse... souhaite me voir ? s'étonna Anaïs.
— Oui.
— Mais, c'est que je dois absolument rester ici pour... »
Sa voix s'éteignit. Elle venait de réaliser qu'attendre quelqu'un qui refusait de la voir n'allait pas lui apporter grand-chose.
« Son Altesse m'a chargé de vous dire qu'elle n'avait aucunement l'intention de vous faire perdre votre temps, » précisa Mikael.
La jeune femme fronça les sourcils. Ces paroles, qui semblaient porter une signification plus subtile, venaient d'éveiller son intérêt, tant elles résonnaient avec les tourments dans lesquels elle se débattait. Elle se dit qu'elle n'avait rien à perdre et qu'elle devait accepter cette entrevue.
« Je suppose que ça ira, si ça ne dure pas trop longtemps... Je vous suis.
— Par ici, je vous prie. »
Mikael escorta Anaïs hors de la grande salle de réception. Tandis qu'il la menait le long de l'interminable corridor peu éclairé, elle observa avec perplexité les rideaux de velours qui dissimulaient les alcôves. Si la septième princesse avait choisi un tel lieu pour la recevoir, c'était sans doute que leur discussion devait demeurer secrète. Mikael s'immobilisa devant des tentures cramoisies, barrées du cordon doré.
« Ne vous inquiétez pas. Je monterai la garde à l'extérieur et empêcherai quiconque d'interrompre votre conversation.
— Très bien. »
Anaïs contempla durant un certain temps les épais voilages d'un rouge foncé, tirant sur le violet, et déglutit. Pourquoi se sentait-elle si nerveuse ? Elle prit une longue inspiration et tira le cordon qui pendait sur le côté. Un tintement clair et doux retentit tandis que les multiples couches de rideaux s'écartaient. La femme assise sur le divan la salua d'un sourire :
« Bienvenue, Lady Anaïs Lucciad.
— Heureuse de vous rencontrer, Votre Altesse.
— Asseyez-vous donc, je vous prie.
— Merci. »
Anaïs n'arrivait pas à y croire. Celle qui, contre toute attente, avait été la vraie star de la soirée, l'accueillait, assise là sur le divan le dos droit, sereine, avec la dignité naturelle des grands de ce monde. Les rumeurs étaient donc vraies. Cette princesse ostracisée, que personne ne respectait, et dont on allait jusqu'à oublier l'existence, s'était muée en une aristocrate accomplie.
Pourquoi veut-elle me voir ?
La question l'avait taraudée depuis que le chevalier était venu la chercher, mais elle ne voyait aucune piste se dessiner. Ses yeux bleus débordant d'interrogations, elle dévisageait Eve qui lui sourit en retour.
« J'imagine que pour lever la confusion dans laquelle vous vous trouvez, le mieux est d'en venir directement aux faits. J'ai ouï dire que la famille Lucciad était en difficulté à cause d'un projet dont vous a chargé la famille impériale. Je pense pouvoir vous aider et c'est la raison pour laquelle je souhaitais vous voir. »
Anaïs laissa échapper une exclamation de surprise. Une nouvelle lueur d'espoir venait de se présenter, et elle ne pouvait cacher son excitation.
« Vous voulez-dire que vous pouvez m'aider à rencontrer la troisième princesse ?
— Hmm. »
Eve réalisa qu'il lui fallait clarifier certaines choses avant qu'elles ne puissent se retrouver, toutes les deux, sur la même longueur d'onde.
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Eve princesse révolutionnaire. S1.
FantasyEve est une princesse qui porte de forts engagements en faveur de l'égalité. Voilà pourquoi elle a refusé de choisir un chevalier attitré parmi les homonculi, ces êtres créés par l'empire à l'aide de la pierre philosophale, et considérés comme des e...