Eve princesse révolutionnaire. S1.

Épisode 19 : Les Ambitions de la Princesse (2)

« Quoi ?!

— Quand je te parle de travail et d'efforts, cela concerne évidemment ceux que je devrais fournir, moi. Je n'ai pas l'intention de t'imposer quoi que ce soit. Comme je te l'ai dit précédemment, tout ce que je te demande c'est de jouer ton rôle, celui du chevalier attitré lambda.

— Non, attends. Je me sens dépassé. Laisse-moi le temps de retrouver mes esprits. Je n'arrive plus à te suivre. »

Mikael, l'air au bord de l'étourdissement, s'aida de ses mains pour garder la tête droite.  Alors qu'il se débattait déjà pour s'adapter à sa récente libération et tout ce qui en découlait, les ahurissantes révélations d'Eve, venaient de faire déborder le vase. Il prit une profonde et longue inspiration avant de laisser l'air s'échapper par petites bouffées.

Même si elle ne faisait que tenir la promesse de tout lui révéler après l'imprégnation, il ne put s'empêcher de trouver qu'elle aurait pu montrer un peu plus de tact. La plupart des gens auraient pris des gants afin de mieux préparer quelqu'un dans sa situation à l'annonce d'un projet aussi extravagant, mais la septième princesse ne semblait pas connaître la délicatesse...

Heureusement qu'elle ne me l'a pas dit dans la prison flottante...

Ce genre d'information devait évidemment être gardé à l'abri des oreilles indiscrètes, il était donc normal de ne pas en révéler le contenu dans un lieu aussi exposé. C'était aussi un choix sensé, vu la défiance qu'il lui avait montrée. D'ailleurs, il avait du mal, encore maintenant, à se défaire d'une certaine incrédulité. Si elle le lui avait annoncé alors qu'il était encore prisonnier, il aurait immédiatement refusé son offre, certain qu'elle n'agissait ainsi que pour l'appâter et l'amener à se soumettre. Il l'aurait à coup sûr cataloguée de princesse arrogante et entêtée, convaincu qu'elle ne faisait que brasser du vent avec son soi-disant projet de libérer les homonculi.

Tous deux avaient complètement oublié qu'une troisième personne se trouvait dans la pièce.

« Je... Heu... Je vous demande pardon... »

Sedella, qui était restée pour arranger le vase de fleurs dans un coin de la pièce pendant que les deux autres savouraient leur thé, dévisageait Eve, sidérée. Elle restait d'ordinaire aveugle et sourde à ce qui se tramait — une indéniable qualité qui prouvait son professionnalisme — mais il lui était impossible de faire plus longtemps abstraction de ce dont elle venait d'être témoin.

« E... Evienrose... Votre Altesse...

— Oui, Sedella ?

— Je... Je suis désolée de vous interrompre... Mais vous pensez vraiment ce que vous avez dit ?

— Oui. Je le pense vraiment.

— Oh seigneur... » s'exclama la camériste en se couvrant la bouche d'une main.

Eve tenait beaucoup à sa suivante et scruta, un peu anxieuse, les grands yeux verts qui la fixaient éberlués. Mais très vite, Sedella reprit sa respiration et serra résolument les poings.

« Je... Je... Je ferai de mon mieux, Votre Altesse ! Je sais que je manque parfois d'expérience, mais je me donnerai à fond ! déclara-t-elle d'une voix ferme et presque trop sonore.

— De quelle expérience penses-tu manquer ? Moi j'ai au contraire l'impression que tu pourrais faire une excellente intendante, » lui répondit son interlocutrice qui se félicitait de lui avoir accordé toute sa confiance.

Sedella était une camériste exceptionnelle. Aucune princesse n'aurait pu espérer trouver mieux et Eve se jura de lui offrir un jour une villa de luxe sur une île, en plus de la demeure qu'elle lui avait promise.