Charlotte Giraud, Kinshasa
Marchant comme un canard handicapé, je peine à rejoindre l'allé du domaine, suivis de près par ma belle-sœur.
-Tu es sûre que c'est une bonne idée ? Me demande-t-elle incertaine.
-Mais oui, je lui réponds essoufflée. Owen sait que nous arrivons.Hattie m'aide en me tenant par le bras, lorsque nous arrivons devant notre immense maison encore en construction. Je constate l'ampleur du chantier, je grimace et peine grandement à imaginer que nous puissions y habiter d'ici deux ou trois semaines. Owen a beaucoup d'espoir je pense. Après, il est sur le chantier presque tous les jours, et connaissant sa hargne, je n'ai finalement aucun doute sur le fait que nous pourrions bientôt y habiter. Nous entrons à l'intérieur, l'odeur de peinture me chatouillant les narines, alors que je commence à expliquer à Hattie comment sera la maison une fois fini.
-Ici, se sera l'entrée de la maison, qui donnera principalement sur l'immense baie vitrée de la terrasse et du jardin, je lui montre. Cette pièce sera le salon/salle à manger, avec la cuisine ouverte sur la gauche, ici. Les pièces sont vraiment grandes mais au moins nous aurons toute la place qu'on veut. Il y a au moins cinq grandes pièces dédiées uniquement au rangement.
-Qui deviendront probablement les salles d'armes d'Owen, renchérit Hattie en ce moquant de son frère.
-A n'en pas douter, je souris à mon tour. Mais si j'arrive à faire naître cet enfant, il aura intérêt à mettre des cadenas à toutes ces portes !Ma bonne humeur s'envole momentanément, et tente de chasser mes mauvaises pensées de mon esprit.
-Tu réussiras à faire naître cet enfant Charlotte, m'assure cette dernière en pressant mon bras en signe de réconfort. Tu devrais écouter les conseils de ma mère tu sais. Tu as le droit à ce bonheur, mais si tu ne t'y autorise pas, tu n'en profiteras pas. Ce petit bout qui pousse, il a besoin que tu restes sereine. Après Eteon, ce que tu vis aujourd'hui, sans parler des mauvaises passes, ce n'est que du bonus. Je ne te dis cela pour te plomber le morale, mais ce que tu vis et ce que tu as, ce n'était même pas censé arriver. Parce que tu aurais dû mourir ce jour-là, en Russie. Tu as survécu, alors maintenant, vie comme étant vivante, et non comme une survivante. Tu ne pètes pas la forme, certes, mais c'est mieux que ce qui t'était destiné. Alors profite.
Je sais qu'elle a raison, et j'ai envie de profiter de cette grossesse, mais à chaque fois que j'y pense, une boule d'angoisse me creuse la poitrine si fort que la tête m'en tourne. Je n'arrive pas à imaginer que peut-être d'ici trois mois, les cris, les pleures et les couches feront partis de notre quotidien. Je ne parviens pas à imaginer que dans quelques années, notre enfant coura dans cette immense maison et ce jardin où il aura tout le loisir de s'y amuser, si il survit, ou si je survis. Cette grossesse me rend malade autant mentalement que physiquement, et cette peur m'éreinte.
Je lui souris simplement et la remercie d'un regard, car même si nous ne sommes pas très proches toutes les deux, je suis heureuse qu'elle soit avec nous aujourd'hui.
Je continue la visite guidée de la maison, puis nous finissons par retrouver les garçons dans dans la jardin, où ils ont installé une table d'appoint, faite de palettes, une bière à la main. Je m'installe sur la chaise avec autant de délicatesse qu'une grosse vache, tandis qu'Owen place sa main sur ma cuisse.Je sonde ce petit groupe d'humains autour de moi, et je ne peux empêcher mon cœur de se gonfler d'amour.
Je sens également le bébé bouger dans tous les sens à l'intérieur de mon ventre, et bien que cela face déjà plusieurs mois que je le ressens, cette sensation me paraît toujours autant bizarre. Dans un sens, cela me rassure, je sais qu'il ou elle est en vis. Mais j'ai terriblement peur qu'il arrête. Je chasse mes mauvaises pensées, et touche mon ventre où je perçois la bosse qu'il crée avec son tout petit corps. Je tente d'apprécier, mon cœur battant la chamade. Owen voit ce qu'il se passe et pose délicatement sa main par dessus mon débardeur, et lorsqu'il ressent un coup de pied, je perçois son sourire discret pour ne pas interrompre le dialogue entre Hattie et Charlie, partis dans un débat sur je ne sais quel gouvernement de je sais quel pays, en bref, un sujet qui fâche.
Margot nous rejoint enfin, portant ses lunettes de soleil pour probablement cacher ses déboires de la veille. Elle s'installe entre Hattie et moi, et souffle comme un bœuf, l'air lasse et fatigué. Hattie et moi la regardons avec un haussement de sourcils.
-Je crois que ce n'est plus de mon âge, affirme Margot en réprimant une envie de vomir soudaine.
Je réprime moi-même un haut le cœur. Mettant ma main à la bouche. Mon estomac est devenue fragile alors elle a intérêt à garder ce qu'elle a dans son ventre parce que je ne répondrai plus de rien dans le cas contraire.
-Par pitié, je l'a supplie. Ne vomis pas, sinon je te suis.
-Désolée Miss France, je crois que j'ai un peu trop abusé hier soir.Je prends sa main dans la mienne et la presse. Je sais que cela ne va pas fort pour elle en ce moment. Il y a des tensions dans son couple avec Deckard. Vivant mal ses silences et ses absences, Miss USA ne semble pas au meilleur de sa forme.
-Comment va mon neveu ou ma nièce préférée ? Demande-t-elle en collant soudainement son oreille à mon ventre, me prenant par surprise.
-Mieux que sa mère en tout cas, si tu la voyais marché comme un pingouin, rigole Charlie, content de son ânerie.Je le fusille gentiment du regard, reporte mon attention vers mon amie, la tête toujours vissé contre mon énorme ventre.
-Je me suis fracturée les vertèbres tout en fabriquant un être humain dans mon ventre, essaie d'en faire autant et on en reparle, je lui rétorque. Ça bouge et ça gazouille, j'imagine que ça va, dis-je cette fois-ci à Margot.
Depuis que je me suis fracturée les vertèbres, il a été assez difficile de respecter ma rééducation à la lettre, vu mon état. Alors forcément, je peine à marcher correctement et la douleur me rappelle souvent bien vite à l'ordre. Je devrais porter un corset, mais avec mon gros bide, ce n'est pas facile. Alors je tente de faire le moindre geste brusque, pour m'éviter des douleurs inutiles.
Néanmoins, je ne me plains pas. Cela pourrait être pire. Je me suis déjà sentie pire. C'est une blessure sérieuse qui me suivra peut-être jusqu'à la fin de mes jours, mais ce n'est rien comparé à ce que j'ai déjà subi.
Je savoure simplement cette journée, avec les gens que j'aime. Tout le monde n'est pas là, mais au moins, ils m'aident tous à ne pas me morfondre dans mes angoisses. Et c'est déjà très bien.
VOUS LISEZ
Fast And Furious Tome 7 F&F9
FanfictionFast And Furious 9 Tome 7 Charlotte tente vainement de reprendre sa vie en main et vivre normalement auprès d'Owen. Trois ans se sont déroulés depuis la mission d'Eteon, et même si la jeune femme semble plus sereine, la vie lui réserve encore bien d...