37 - La chute

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"A chaque jour suffit sa peine"

Matthieu 6:34


Je déglutis et me concentre sur ma respiration.

Faire entrer et sortir l'air de mes poumons, le temps de trouver le courage de m'écarter de lui, et de vérifier une dernière fois le message.

C'est impossible.

Plusieurs appels ont étés manqués, et les messages envoyés par Margaret n'ont pas eu de réponses. Je me décale et je sors de la pièce, le téléphone à la main. Je regarde à nouveau le journal d'appel, les messages. Je refuse d'y croire.

Pas lui !

Une balle en plein cœur aurait fait moins mal.

Je descends dans la cuisine et pose le téléphone sur la table, totalement paniquée. Je tourne en rond, essayant de trouver une explication logique à tout cela. Mais bien sûr, j'en reviens au même point : il s'est servi de moi.

Alors je tourne, encore et encore.

Je ne peux pas y croire. Je ne veux pas y croire.

Comment ai-je pu être aussi stupide ? Comment n'ai-je pas vu qu'il jouait un jeu ? Encore une fois, elle avait un coup d'avance et je ne l'ai pas vu venir. Moi qui pensais avoir un avantage en mettant en place un plan pour me venger, je me suis fourvoyée.

Elle avait un char pour m'anéantir.

Edmond avait raison : « elle est très forte ». Et moi, j'ai été bête de croire que je pouvais gagner. Ou du moins, j'ai été bête de croire que je pouvais jouer à son propre jeu.

Je cherche dans ma mémoire comment est-ce que j'ai pu être aussi aveugle. Malgré les détails dont je me souviens, je n'ai aucun indice, aucun lien. Alors j'ouvre sa boite mail, découvrant qu'il a été ses yeux et ses oreilles depuis mon arrivée.

Le collier qu'Elizabeth m'a offert.

Les documents du décès de mon père.

L'arrivée dans le pavillon.

Des larmes roulent sur mes joues. Je m'attendais à tout sauf à cela. J'avais été prévenue, mais jamais je n'aurais cru qu'elle puisse être aussi forte. Et je suis bêtement tombée dans son piège. Je me maudis d'avoir été si naïve, au point de m'être attaché à un homme, qui n'avait que pour objectif de me trahir.

J'essuie une nouvelle larme lorsque Natacha apparaît sur le seuil de la porte. Elle m'embrasse sur le front, dans un geste maternel et me lance un regard interrogateur. Je me tourne vers l'horloge et je réalise qu'il est déjà 6 heures. Je suis restée là, assise, perdue dans mes pensées, à me détester pendant tout ce temps.

- Que se passe-t-il ? Demande-t-elle en préparant deux cafés.

Je ne réponds pas, incapable de prononcer un mot. Alors j'attends qu'elle s'installe face à moi, me tendant une tasse. En échange, j'allume le téléphone et le pose devant elle, la page ouverte sur le message de Margaret.

- À qui... qui est ce téléphone ? Bégaie-t-elle.

- Ethan.

Je lui montre les différents échanges en silence. Puis elle me regarde, décontenancée elle aussi, avant de reprendre la parole :

- Il doit y avoir erreur. Pourquoi aurait-il fait ça ?

- Je ne veux pas savoir.

Je me lève pour me diriger vers ma chambre, déterminée à le virer d'ici. Peu importe les raisons, je ne veux pas d'un traître sous mon toit. Surtout un traitre qui travaille pour cette femme.

Chère Chloé - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant