Chère Chloé - Tome 1

39 - La serre

"Tu ne peux pas commencer le nouveau chapitre de ta vie

Si tu relis sans cesse le dernier".

Auteur inconnu

- Parles-moi de toi Natacha.

Installée face à l'intendante générale, une tasse de café à la main, je l'observe qui beurre une tartine de pain.

Le luxe d'avoir un cuisinier français au royaume unis !

- Que voulez-vous savoir miss ?

J'ai pris l'habitude de me lever tôt pour la rejoindre, et profiter de ce moment de calme avant que la journée commence. J'aime la simplicité de la dame russe et de ses conseils d'une sagesse incroyable.

- Pourquoi être partie de ton pays ? Je demande en lui volant une tartine de pain.

- D'ailleurs, dans mon pays, si vous faites cela, vous pouvez être guillotiné sur une place !

Je rigole sous son regard réprobateur, et croque la tartine a pleine dent.

- Heureusement, nous sommes dans un royaume, je réponds en mâchant.

- Dites-moi que vous n'avez pas parlé la bouche pleine ainsi lors du gala ? Car c'est scandaleux !

Je rigole à nouveau, attirant un sourire de la gouvernante.

- Ma famille était très pauvre et ils m'ont vendu sur un marché noir à la famille Lannord, pour que je sois leur nourrice.

Ah.

L'ambiance devient plus lourde tout à coup.

- J'étais très jeune et tellement stressée, reprend Natacha. Je me suis occupée de mes frères et sœurs, mais lorsque j'ai dû le faire avec Lizzie, c'était différent. Nous n'avions pas les mêmes cultures, et la famille Lannord voulait que l'éducation soit très stricte.

Elle soupire.

- Et j'étais l'opposée.

Elle observe sa tasse de café, le regard vide.

- Je n'avais que 17 ans, j'étais loin de tout et je devais me taire. Pas un seul jour n'a passé sans que j'espère que mes parents viennent me chercher. Puis j'ai appris. J'ai compris qu'ils ne reviendraient pas, et je me suis fait à cette vie. Monsieur Lannord à toujours essayé de m'aider mais la vipère...

- La vipère ?

Elle relève le visage vers moi, et me sourit.

- Votre grand-mère biologique, miss.

- Ah non Natacha ! Tu ne m'associes pas à cette femme.

Elle rigole face à ma spontanéité.

- Tout mais pas cela, je lance en volant une nouvelle tartine, attirant un nouveau regard réprobateur.

Tous les matins, c'est ainsi et j'adore ces moments.

- Et tu ne lui en as jamais voulu ? Je demande, interloquée.

- Pour quoi faire, miss ? Garder de la haine au fond de soi ne fait que vous noircir de l'intérieur. La vie est trop courte pour la passer à ruminer telle une vache.

J'explose de rire.

- C'est un proverbe Russe, ne vous moquez pas !

Mes rires redoublent et elle rigole avec moi.

- Sinon je connais une autre option, je lance après m'être calmée. Je peux la tuer et la donner à manger aux cochons. C'est simple et efficace.

- Miss, pas de pensées noires j'ai dit.