28 - Nouvelle rencontre

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"L'enfer est vide, tous les démons sont ici."

William Shakespeare


J'affiche mon plus beau sourire, dans l'espoir de paraître naturelle, et nous passons la grande porte donnant sur le jardin. Du haut de l'escalier, nous avons une vue surplombante sur les jardins, et donc sur l'ensemble des personnes présentes pour la soirée. Des bars et des tables sont installés ici et là, sur de magnifiques nappes blanches. Derrière tout cela, je devine les jardins, embellis par la lumière du soleil qui commence sa descente dans le ciel.

C'est simplement magique.

Enfin simplement... Simple si l'on n'observe pas la fontaine de champagne, la collection des prestigieux alcools présents sur les bars, ou encore les détails de la décoration. Les fleurs sont omniprésentes et d'une beauté jamais observée. Les nappes sont brodées. L'argenterie brille même à l'ombre. Les verres doivent être en cristal.

Et encore, pour ceux bas de gamme !

- Arrivés pour la Golden Hour, je souffle à Edmond alors qu'il me lance un clin d'œil.

Comment fait-il pour être si serein ?

- Commençons par le bar, me propose-t-il en se dirigeant vers l'escalier. Je suis assoiffé !

Je prends mon courage à deux mains, et j'entre enfin dans la fosse aux lions. Une fosse décorée de fleurs blanches et de bougies démesurées, mais une fosse quand même. Les lions ici portent de l'or et des robes s'estimant avec 4 ou 5 zéros.

Oh Simba, je voudrais prendre la fuite comme toi !

Je suis Edmond à travers les différents groupes qui se sont créés dans la cour extérieure, et je suis bouche-bée. J'ai tant imaginé ce moment que j'ai l'impression de rêver encore. Rapidement, je cherche le visage familier d'Ethan parmi tous ces inconnus. Je me sentirais plus sereine si je pouvais trouver ma bouée de sauvetage parmi cette houle impressionnante de personnes.

Mais j'avais oublié, ce soir, je joue cavalier seul.

Je marche, concentrée pour avoir une attitude sereine et un visage souriant, alors que mon cerveau doit gérer beaucoup trop de choses en même temps. Le regard doit être vague pour ne pas être intrusif. Le dos doit être droit. Le visage doit être souriant. Et les pieds doivent être coordonnés pour ne pas chuter. Natacha m'a conseillé de fuir les regards pour ne pas être déstabilisée, que l'ignorance est le meilleur des mépris. Quelqu'un qui reste discret finit par être oublié.

Lorsqu'Edmond commande deux verres au bar, deux inconnus s'approchent de lui et commencent à discuter. Tout fièrement, le grand-père me présente en me faisant approcher du groupe.

C'est ainsi qu'il agit à chaque fois qu'il salue un nouveau groupe de personnes. Je réponds le plus naturellement possible, gardant un sourire que j'affiche malgré mon malaise. Edmond, fière et beau dans son costume, ne semble pas stressé ou du moins, il le cache très bien. Il garde cette attitude positive et bienveillante, alors que nous avançons de groupe en groupe, échangeant des politesses. Bien-sûr, j'oublie le nom des personnes rencontrées dès que nous les avons quittés et surtout, je commence à avoir mal aux pieds sur mes talons de 15 cm dans cette position statique.

Et après ce qui me semble une éternité :

- Souhaites-tu un autre rafraîchissement, mon enfant ?

- Avec grand plaisir, je lance, ravie de pouvoir enfin marcher et surtout d'arrêter de sourire bêtement. Je commence d'ailleurs à avoir les crocs !

Chère Chloé - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant