38 - La vengeance est un plat qui se mange froid

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"Ce n'est pas grave de se tromper de chemin,

Mais rien de pire que de continuer à avancer

Tout en le sachant".

John Joos


Je me détourne et je m'éloigne rapidement de lui, l'ignorant, avec pour seul objectif de mettre de la distance entre nous. Je pensais que la révélation sur mon père était difficile, je n'aurais jamais cru qu'elle puisse faire encore pire. Ce fut ce dernier coup qui fut le plus dur.

Et le plus inattendu.

Merci Ethan, la frappe fut parfaitement réalisée.

Je repense à mon père, aux documents trouvés. Mais aussi aux lettres d'Elizabeth, ces photos de moi et ma mère. Les personnes qui nous ont surveillés pendant toutes ces années, selon les bilans d'activités. Je me sens épuisée et pour la première fois, j'ai envie de rentrer en France, retrouver ma vie d'avant. Ma vie a changé le jour où Ethan m'a apporté mon billet d'avion.

Ethan, sacré personne !

Je n'aurais jamais cru que la mesquinerie de ce monde irait si loin. J'ai eu beaucoup de choses à supporter depuis le début mais là, elle a fait fort.

Elle a détruit tout ce que j'avais.

Mon enfance.

L'insouciance de ma mère.

Le contact avec Elizabeth.

Mon innocence.

L'espoir que j'avais envers un homme.

13 heures.

Un message de Natacha s'affiche, m'indiquant que le brun est parti. Pourquoi est-ce que je ressens cette déception au fond de moi ? Pourquoi est-ce que mon cœur se pince de savoir qu'il est parti ? Je dois l'ignorer, et oublier que mon foutu cerveau est détruit. Je dois coller un pansement sur ma plaie et avancer, car je ne peux pas me laisser anéantir une nouvelle fois. Avancer comme si la douleur n'était pas présente. Avancer comme si cela ne m'avait rien fait, et que cette blessure à vif ne m'atteignait pas.

Une pierre.

Je dois être une pierre.

Indestructible et avide de sentiments.

En arrivant au Domaine, la table est installée et je m'aperçois qu'Edmond et Natacha m'attendent pour le repas. Le grand-père vient me prendre dans ses bras, et ce contact devenu familier me fait du bien. Sa femme est un vrai monstre, mais ce n'est pas de sa faute à lui.

Quoi que, il aurait pu la tuer dans son sommeil.

Si besoin, j'ai quelques connaissances grâce à mon métier !

Mon ventre grogne bruyamment et j'ai besoin de me changer les idées. Heureusement, l'odeur des lasagnes me donne le sourire.

- Vous vous êtes encore surpassé, je lance à Ben, devant les fourneaux.

En temps normal, lorsque je suis contrarié, j'ai du mal à manger. Mais pas avec les talents de Ben, et pas cette fois.

Elle ne gagnera pas, j'en fais la promesse.

- Tu sais qu'elle est capable d'aller encore plus loin pour te faire fuir, souffle Edmond, déjà assis devant une assiette.

Il me fait signe de m'installer à côté de lui, un sourire contrit sur les lèvres.

Chère Chloé - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant