Chère Chloé - Tome 1

22 - L'invitation

"La vie est légère.

Il ne faut permettre à personne de nous la rendre pesante".

Elena Ferrante

Natacha nous attend devant l'entrée et à peine le véhicule s'est arrêté, qu'elle se précipite pour venir ouvrir la portière.

– Venez, me souffle-t-elle avant de me guider vers la cuisine.

L'odeur de fleur d'oranger trône dans tout le pavillon et mon ventre y réagit instantanément. Je découvre Ben, m'attendant à côté de la brioche, un sourire timide sur les lèvres. Bêtement, je me surprends à être touchée par cette intention. J'ai mal, mais ses personnes essayent de m'aider à soigner mes blessures.

– Il faudra que vous me donniez la recette, je lance dans l'espoir de ne plus parler de ce qu'il vient de se passer.

Mon cerveau y pense assez.

– Je ne voudrais pas que vous puissiez me remplacer, mademoiselle.

Je souris et regarde Ben me servir une part avec hâte.

– Je n'arriverais pas à vous égaler un jour, je réponds avant de croquer dans la brioche.

J'essaye d'oublier.

Oublier ce qu'il vient de se passer, oublier la douleur. Maintenant, je dois trouver la force de me venger. Je ne la laisserais plus m'atteindre mais avant cela, je dois encaisser ce dernier coup.

Tout le monde se détend autour de moi, observant mes gestes avec attention, comme si j'étais prête à exploser. Ils n'y sont pour rien et ils n'ont pas à subir les torts de Margaret.

Puis, les heures ont passé sans que quelqu'un ne reparle du dossier. Même Ethan n'a pas mentionné de travail ou tout autre chose, laissant mon cerveau se mettre en pause. Il a prétexté devoir travailler sur son ordinateur pour me laisser lire un livre sur la terrasse.

- Chloé ?

Je relève le visage vers Edmond qui s'approche de moi avec un verre de jus à la main.

- Tu devrais boire un peu, tu vas finir aussi déshydratée qu'un pruneau.

- Oh, si je pouvais avoir la même vertu qu'eux, je m'enverrais à Margaret.

Je me racle la gorge.

J'ai vraiment un humour pourri !

- J'ai réfléchi, reprend le grand-père après avoir souri à ma blague. J'ai pas mal analysé le dossier et...

Je m'assois sur le fauteuil pour me placer face à lui.

- Margaret est surement au courant que j'ai fait cette demande de dossier, et elle en joue. C'est pour ça qu'il y a ce ... Certificat. Celui sur ton père. Par contre, elle n'est pas censée savoir que j'ai accès à ses mails.

J'attends en silence, retenant mon souffle.

- Avec de l'aide, continue Edmond, j'ai piraté son ordinateur à distance, et j'ai réussi à trouver la boîte mail avec laquelle elle a envoyé des mails à Joanne. Enfin à ta mère adoptive.

Je n'ose plus bouger.

- J'ai imprimé les échanges afin que ... Tu dois savoir la vérité.

- Que disent-ils ? Je demande, inquiète

- Ce sont beaucoup de menaces. Joanne a très peu répondu mais a accusé la lecture de chaque mail.

Je reste là, le regard perdu dans le vide. Qu'a pu vivre ma mère ? Quelles souffrances a-t-elle due subir à cause de cette femme ? Comment a-t-elle fait pour tenir pendant toutes ces années, en gardant son sourire et sa bienveillance ?