Japon, Janvier 1989
Il avait fui sa maison.
Fui sa vie maussade qui n'avait plus de goût.
Fui sa condition de lycéen paumé qui passait ses cours à broyer des idées noires ou somnoler vaguement pour rattraper ses nuits pleines de cauchemars.
Fui sa mère qui, si elle était sortie d'affaire, était loin de pouvoir l'aider parce que le coller et le traiter comme un bébé était inutile.Il s'était senti lui-même inutile.
Incompris.Si Holly avait elle aussi failli mourir et savait ce qu'était un stand, elle était loin, très loin d'imaginer le traumatisme qui dévorerait son fils de l'intérieur pour toujours.
Il était seul.
Le calme de la résidence Kūjō, le chant des oiseaux dans les arbres du parc, la stridulation des grillons dans l'herbe, s'étaient altérés.
Il avait couru pour s'en échapper. Il avait couru à l'aéroport, couru vers l'action et l'utilité, s'était jeté frénétiquement dans cette chasse aux flèches avec Polnareff, le seul ami qui pouvait le comprendre.Voyager.
Rester en mouvement.
Pour ne pas se laisser aller et mourir de l'intérieur.
Le havre de paix dans lequel il se sentait chez lui, quand il était petit, avait disparu à ses yeux.
Et sa mère n'était plus qu'une source de stress.
Résidence Kūjō, Japon, présent
Jōtarō était loin d'avoir assez dormi dans l'avion, aussi enfonça-t-il sa visière jusqu'à son nez pour ne pas être aveuglé par le soleil en descendant du taxi.
Polnareff s'était arrêté devant la pancarte, fronçant ses sourcils inexistants comme s'il essayait de déchiffrer les kanji calligraphiés sur le bois.
Amusé de le voir en pleine concentration, Kakyoin le rejoignit et s'étira longuement, sans la moindre intention de l'éclairer.- Eh Kak, tu veux pas traduire au lieu de te moquer? râla le jeune Français.
- Nope. C'est drôle de te voir galérer, répondit le roux en riant. Tu ne prétendais pas que tu parlerais mieux japonais que Joestar-san il y a dix minutes?
- ...La ferme. (Polnareff se tourna vers Abdul de l'autre côté). Mohammed?
- Oui c'est moi. Je ne peux rien pour toi, railla l'Égyptien avec un clin d'œil.
- Quo-... Mais arrêtez de me mettre en boîte, vous deux!- Ça veut dire Kūjō, crétin, soupira Jōtarō. C'est ici que vit ma vieille.
- Parle mieux que ça de ta mère, non mais ho! s'exclama Joseph.
Son petit-fils lui jeta un regard blasé et se sortit une cigarette.
Il jeta un autre regard blasé vers Caesar cette fois, quand le blond tendit la main pour en avoir une.
- Et ton Hamon?
- Et tes bonnes manières?
- ...Tu fais chier, Nonno, t'avais qu'à t'acheter un paquet à l'aéroport.L'Italien eut un blanc, puis son visage s'éclaira et ses yeux brillèrent d'émotion.
L'appellation était sortie presque naturellement.Jōtarō haussa les épaules et lui alluma une cigarette.
- Si je t'en demande une aussi, tu laisseras aussi tomber le Jiji pour Grandpa? tenta Joseph, plein d'espoir.
- Non.- La dernière fois que tu as essayé de fumer, tu t'es à moitié étouffé, soupira Caesar.
- Évidemment, le tabac ça pue la mort, je sais pas comment vous faites!
- C'est surtout que tu portais ton masque, idiota!
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Kickstart My Heart - FR
MaceraTrad en français, puisque la version en anglais a l'air de bien marcher :) 1 an après que Crusaders ont vaincu Dio. Comme SDC commence fin '87 et finit début '88, on est maintenant début '89. La Fondation SPW envoie Jōtarō et Polnareff à la recherch...