2: Le début d'une guerre?

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Les couloirs semblaient longs et morbides. Armel avait l'impression qu'ils se rapprochaient pour l'étouffer et l'aplatir, et ne laisser dans leur sillage que des bouts d'hommes, des bouts de lui. Il ne savait pas pourquoi il était autant stressé, surtout que ce n'était pas son premier entretien, mais il avait une impression assez difficile à décrire. Il ne savait la situer entre mauvais pressentiment ou peur. Mais ce n'était pas le moment de se distraire. "J'ai mieux à faire" Pensa-t-il.

Faisant fi de ce qui le dérangeait, le jeune homme prit une grande inspiration en fermant les yeux, expira lentement après quelques secondes et il se sentit parer à brandir toutes les armes qu'il avait pour obtenir ce qu'il voulait. Il s'imaginait déjà de nombreux scénario où il épaterai M. Seth avec ses discours. Il se surpris à vouloir démontrer qu'il était capable d'égaler M. Seth et pourquoi pas, le dépasser?
Au bout d'un couloir se trouvait une porte, qui avait l'air de mener au roi, tant elle était... impressionnante.
Elle n'avait pourtant rien de spécial, mais le simple fait de voir le nom de ce grand homme dessus, la rendait aussi grande que lui. Il avait fait des recherches sur le fils du Célèbre Jean-Ives Seth, qui avait créé cette entreprise. Tout avait commencé aux États-Unis et aujourd'hui, l'entreprise s'était étendue dans une bonne partie du globe. Éric Seth était connu pour être jovial et très sociable, ce qui était, pour Armel, une information très importante. Le comportement d'un chef jouait énormément sur l'attitude des employés. Soit il était respecté et apprécié, soit il était craint mais n'avait pas le respect de ceux qui étaient censé le lui  vouer.

La femme s'arrêta finalement devant cette porte et d'un coup, elle tourna vers lui et troqua son masque robotique, pour un visage plus humain.

_Bonne chance, lui dit-elle.

Il n'eut pas le temps de la remercier qu'elle ouvrit la porte, l'annonça et partit sans plus de cérémonies.
Au final, Armel ne se sentait plus aussi intimidé qu'au début. Les rumeurs disaient vrai, le fils Seth était d'une gaieté contagieuse. Il était assez vieux, rondelet, noir et avait une expression qui donnait envie de sourire.Il savait mettre en confiance et son sens de l'honnêteté était assez drôle. Ses émotions pouvaient se lire sur son visage et sa manière de parler était très plaisante. Tout était fluide et cela rassura notre jeune travailleur.
Leur conversation dura un peu plus que les autres et vint pour Armel, la fin de cette entrevue.

_Une dernière question mon jeune ami.

Armel se tourna vers son potentiel futur patron.

_Pourriez-vous assurer vos fonctions même si je ne suis plus votre employeur? Lui demanda-t-il.

Cette question ne faisait pas partie des questions types et Armel ne savait pas comme y répondre. Que ce soit M. Seth ou un autre, son travail à lui resterait le même alors la réponse était bien évidemment positive.

_Très bien, vous commencerez lundi, dit M.Seth tout sourire.

Le cœur d'Armel bondit. Pour lui ce n'était qu'une farce mais lorsqu'il vit dans les yeux du viel homme tout le sérieux dont celui-ci pouvait disposer, son cœur explosa. Il était heureux de savoir que ses compétences avaient été reconnues et il était heureux de savoir qu'il travaillerait avec un homme aussi chaleureux.
Le nouvel employé remercia cordialement son employeur et ils echangèrent quelques politesses avant qu'Armel ne s'en aille, enfin.

C'est le cœur léger et en fête que Armel gambadait dans la ville, le sourire aux lèvres, pour retrouver son appartement avant de passer chez son frère pour l'anniversaire de sa nièce.
Il n'en revenait pas! Il avait été embauché après quelques arguments dans une grande entreprise et pour lui, cela semblait presqu'irréel. Ce nouvel emploi semblait remplit de surprise et il se languissait de les découvrir.

Travailler avec d'aussi grands hommes était pour lui une très grande avancée dans ses objectifs. S'étant tracé un chemin, il s'efforcait de le suivre et de réaliser ce dont il avait toujours rêvé. Il voulait être parmi les grands et avoir dans son répertoire Éric seth était déjà un de ses objectifs. L'ambition étant une qualité ancrée dans sa personnalité, il avait tout le temps de grandes idées qui dépassaient souvent son âge.
C'est donc embrumé par sa joie qu'il ne vit pas la voiture rouge flamboyante qui failli lui arracher la vie.

_Vous ne pouvez pas faire plus attention?! Cria une voix féminine.

Il se tourna vers celle-ci et se confondit en excuses à cette femme, noire, vêtue d'une robe crayon bleu clair avec des escarpins blancs, et des yeux verts... à en couper le souffle.
Il ne pût s'empêcher de rester scotché à eux alors qu'ils lui lançaient des éclairs. Il n'avait jamais vraiment regardé une femme et outre son défaut à oublier les visages, il savait que ces yeux là ne pourront pas s'effacer aussi vite de sa mémoire.

_Vous allez rester planter là à me reluquer toute la journée? Demande-t-elle.

_Excusez-moi.

_Vous avez fait exprès n'est-ce pas?

Armel resta quelques secondes sans parler, l'esprit dans l'incompréhension avant d'oser dire un mot.

_Pardon?

_Ne jouez pas avec moi; vous avez fait exprès pour que je vous blesse et que je paie les dommages, affirme-t-elle les bras croisés, les yeux emplits de dédain.

Les quelques passants et automobilistes curieux s'étaient attroupés autour d'eux afin de connaître le dénouement de cette affaire qui était la cause principale d'un embouteillage.
Armel n'en cru pas ses oreilles, elle l'avait jugé tellement vite et lui avait de suite coller une étiquette. Pour qui se prenait-elle? N'était-elle pas humaine comme nous tous? "Sûrement une pourrie gâtée" Pensa-t-il.
Ce qu'il détestait en plus des retards, c'était bien les personnes qui se permettaient de juger quiconque à tout va et les enfants pourris jusqu'à la moelle à cause de leur avoir. Mais il détestait encore plus ce genre de disputes inutiles, alors il s'excusa encore une fois avant de continuer sa route comme si de rien était.

_C'est bien ce que je pensais, les gens comme vous sont tous des êtres misérables et incapables, dit-elle assez fort pour qu'il entende.

Les disputes, les querelles, il ne faisait pas dans ça mais un mélange indescriptible d'émotions contradictoires, lui fit ouvrir la bouche, avant même qu'il ne s'en rende compte.

_Les gens comme moi ne sont que le reflet de l'égoïsme de ceux de votre espèce, sur ce, bonne journée.

Aucun regard ne fut jeté en arrière par le jeune homme, il partit la tête haute, sans regrets.

La jeune femme, choquée qu'un homme puisse lui parler de la sorte, resta un moment à fixer le dos de celui qui lui avait fait affront. Aucun homme ne lui avait jamais parler ainsi, aucun n'avait jamais oser ne serait-ce que la regarder dans les yeux. Qui était-il au juste? Ne la connaissait-il pas? Tout le monde savait qui elle était pourtant. Et lui, avait osé la défier.Il venait de déclarer la guerre et elle, elle ne perdait jamais.

Un Soupçon d'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant