14: pluie de bénédictions.

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Dans le petit quartier où la famille Enkhozi avait vécue, il y avait l'oncle Rufus, sa femme, sa supérette et sa nièce, Okoye.
Okoye et Armel se connaissaient depuis tout petits et depuis leur plus jeune âge jusqu'à leur majorité, la valkyrie et l'intello se chamaillaient comme chien et chat, cependant, la seconde suivante on les voyait clopin-clopant comme si de rien n'était.
Leurs surnoms étaient apparus à l'école élémentaire et en terminale. En primaire, Armel étant un acharné au travail et un peu fayot, son amie l'avait surnommé "l'intello" et ce n'était pas fallacieux, au contraire. Le petit garçon était un véritable intello, comme tout ceux qui énervent en classe, ceux de qui on ne perçoit jamais les efforts, l'acharnement.
En terminale, Okoye avait été désignée vice-présidente du conseil des élèves et en tant que telle, elle avait eu à porter la voix des élèves vers les directeurs de l'école. Elle avait exercé son rôle avec une telle force et une telle persévérance qu'Armel l'avait comparé aux déesses messagères d'Odin dans la mythologie nordique et voilà pourquoi il l'a surnomma ainsi: la valkyrie.
Au fil des ans, les jeunes gens devinrent encore plus inséparables, plus fusionnels, pourtant on dit que l'amitié homme-femme est une utopie et Okoye le vit d'elle-même. Ce qu'elle ressentait pour son ami était tellement fort et incompréhensible qu'un doute se creusa dans sa poitrine. Doute qu'elle décida de calfater au loin, à l'écart de celui qui lui faisait ressentir des choses qu'elle n'avait fait qu'imaginer jusque là.

Assise sur le comptoir, elle regardait son vieil ami avec qui elle avait partagé mille et un souvenirs.

Les yeux du jeune homme se voulaient neutres, dépourvus de toutes émotions, cependant, le trouble de son esprit se lisait à des kilomètres. Joie, surprise, peine et reproches se mouvaient dans une danse désordonnée et acharnée dans son cœur et le reflet de celle-ci transperçait ses yeux bruns.

_Je suis désolée ne pas t'avoir dit au revoir comme je le devais, je te demande pardon.

Dire au revoir? Eait-ce vraiment là le problème?

Et d'ailleurs, comment dit-on au revoir? Comment faire la différence entre un adieu et un au revoir? La situation était plus compliquée qu'elle n'y paraissait. Dire au revoir, on pouvait le faire de plusieurs façons.
Lâche, brutal, sentimental, fort, simple, profond, un au revoir pouvait être tout cela mais l'acte qui poussait à dire ces deux petits mots, lui, il restait meurtrier.
On ne se relevait jamais du départ de quelqu'un. Encore moins lorsque ce quelqu'un était une part de nous.

_Pourquoi es-tu partie Okoye? Est-ce que je t'ai blessée? Demanda Armel la voix enrouée, les yeux humides.

La question tant évitée, celle qui avait retenue la jeune femme de revenir au bercail, venait d'être posée sans ouvertures pour tenter de la contourner. Elle avait longuement redouté ce moment, voilà pourquoi elle s'était enfuie, sans un regard pour son ami. Elle ne pouvait lui dire la raison de son départ, elle ne pouvait avouer que c'était "lui" la cause principale de sa fuite car même après des années, elle ne l'avait pas oublié.

_C'est compliqué Armel, soupira-t-elle en descendant du comptoir, et ce n'est pas de ta faute.

_Pourquoi tu ne veux pas me le dire? Notre amitié s'est-elle détériorée au point que tu ne me fasse plus confiance? Okoye je suis toujours ton ami, n'est-ce pas?

Voilà ce qu'il aurait voulu dire. Telles étaient les questions qui lui brûlaient les lèvres. Pourtant, le cadet Enkhozi ne dit rien, aucun mot ne sortit de sa bouche. Elle n'allait rien lui dire et il le savait.

Contre toute attente, l'intello sourit. C'était un sourire mêlé de joie et de tristesse mais surtout plein de joie car il avait retrouvé son amie.

_Tu dîne avec nous.

Un Soupçon d'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant