19: Bataille, pas de gagnant.

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Pour certains, batailler est une question de force, de rapidité, d’agilité. Celui qui est le plus fort l’emporte sur celui qui l’est moins. Celui qui est le plus rapide renverse celui qui est lent. Celui qui est le plus agile bat celui qui est incapable de suivre ses mouvements.
Pour d’autres, la victoire réside dans le savoir, l’intelligence, la stratégie. Contourner l’adversaire, l’étudier sur tous le plans, trouver son point faible puis l’abattre.

Pour Armel, la meilleure solution afin de battre son adversaire a toujours été la stratégie, la ruse.
Hakeya avait du caractère, un sale caractère certes mais il était bien là. Elle aimait qu’on obéisse à ses moindres caprices, elle ne supportait pas l’opposition. Armel l’avait compris et pour mieux remporter la bataille, il devait être de son côté. En tout cas en apparence, il devait être d’accord avec mademoiselle Biyoma.

_Vous savez quoi? J’abandonne, je ne viendrais pas avec vous.

La tempête avait cessé, Hakeya s’était arrêtée de parler pour regarder d’un air étonné son assistant.

_A quoi jouez-vous?

La guerre est parfois interminable lorsque l’adversaire est de taille. Lorsque l’adversaire a lui aussi connaissance des stratégies et ruses utilisées, l’abattre devient plus complexe. Il faut à présent se creuser les méninges jusqu'au sang, pour ne serait-ce que le toucher.

Dans le cas présent, Hakeya était un adversaire de taille pour notre Armel qui jusque là n’avait jamais connu d’opposant aussi...énervant.
Elle était énervante lorsqu’elle posait des questions qui lui faisaient se sentir idiot. Elle était énervante lorsqu’elle prenait son air supérieur. Elle était énervante lorsqu’il avait l’impression d’être petit à côté d’elle. Elle était énervante lorsque malgré son caractère de cochon il ne pouvait qu’avouer à quel point elle était jolie dans ce tailleur beige lui seyant si bien.

Pourtant, malgré tout cela, il se devait de rester impassible car à la moindre émotion, au moindre sentiment s’éloignant de son personnage, la guerre serait terminée. Il serait vaincu.

_Je ne joue à rien. Je vous informe que je ne viendrais pas avec vous au bal.

_C’est bien ce que vous vouliez? Demande-t-il.

La question avait été posée avec une intonation arrogante. Comme si la réponse serait positive, comme s’il pouvait lire dans ses pensées et deviner sa réponse. Cependant, dans la tête de la cheffe d’entreprise, le brouhaha de ses réflexions l’empêchait de sortir une réponse. Elle voulait aller au Giant’s bal, seule. Pour montrer à tous qu’elle était capable de se débrouiller sans avoir besoin d’un support masculin, qu’il soit financier ou émotionnel. Elle voulait qu’on la voit comme une bosseuse et pas seulement comme une fille à papa. Elle le voulait.
Mais finalement, elle s’était faite à l’idée d’y aller avec quelqu'un qu’elle connaissait, quelqu'un qui serait un peu comme une ombre, comme un fantôme qui lui soufflerait le nom de certains invités. Quelqu'un qui ne la dérangerait pas.
Malheureusement pour elle, d’un coup, la situation avait changé et même si elle clamait haut et fort son envie d’être un loup solitaire, un peu de "déjà vu" ne lui aurait pas déplu.

_Ne pas m’accompagner au bal vous enchante, n’est-ce pas? Demande-t-elle, une idée sournoise germant dans sa tête.

_On ne peut donc rien vous cacher? Sourit Armel.

_Vous voir sourire m’énerve. Vous allez m’accompagner.

"Yes! J’ai gagné." Pensa-t-il.

_Vous allez m’accompagner choisir ma tenue.

"La sorcière!"

_Êtes-vous au moins au courant que ce n’est pas dans mon contrat? Demande-t-il, sûr de lui.

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