Un Soupçon d'amour

16: petite poussette veut devenir grande.

_Je connais quelqu'un, t'sais?

_Mouais.

Assise, les pieds sur les genoux de son cousin, la jeune femme écoutait d’une oreille distraite les idées farfelues de Djema. Après avoir entendu la brève histoire de leur rupture, le cousin avait voulu courir, se téléporter même jusqu'à l’endroit où se cachait l’ex fiancé afin de lui exprimer sa colère, d’une manière pas très pacifique. Cependant,  il ne pouvait laisser sa petite cousine seule et larmoyante dans cette énorme maison pleine de souvenir, alors il était resté. Cela ne lui empêchait pas de proposer des plans tous plus fous les uns que les autres pour faire souffrir celui qu’il avait été obligé d’apprécier.

La relation de Logan avec la famille Seth n’était pas au beau fixe. Des grands-parents aux neveux, personne ne pouvait supporter sa présence à part maman Gloria, la maman d’Hakeya. Étrangement, elle était la seule à l’apprécier un tant soit peu dans la famille. C’était la seule que l’on pouvait surprendre entrain de rire avec lui ou encore lui tenir la main durant les moments de prière. Peut-être était-ce sa nature bonne et généreuse qui l’empêchait de détester le fiancé de sa fille ou alors elle ne lisait plus si bien les gens qu’au paravent. Elle avait un don, maman Gloria, elle pouvait dire à des kilomètres qui était sincère et qui ne l’était pas mais au tour de Logan, elle ne pouvait rien affirmer clairement.

_J’organise une fête demain soir, lâcha Djema.

La jeune cheffe d’entreprise le regarda agacée. Son cousin avait un talent particulier en ce qui concernait les fêtes.
Il organisait les meilleurs fêtes de la ville, il innovait à chaque fois, il savait mettre l’ambiance et c'était bien ça le problème. Ses fêtes se terminaient soit en soirée vomis, soit en bagarres ou pire encore. Ses soirées étaient mémorables et pas forcément pour les bonnes raisons.

_Je ne viendrais pas, répondit la jeune femme.

_Ce sera super, sourit-il en haussant exagérément les sourcils, en plus je sais que tu adore mes soirées, ajoute-t-il.

_Djema.

_Oui.

_Je ne viendrai pas. En plus je travaille, je suis devenue une adulte comparé à toi!

_Une adulte qui pleure quand même dans mes bras, il assène mais se rendant rapidement compte de sa bourde, il s’excuse.

Il n’y avait pas à s’excuser, c'était la vérité. Qu’importe ce qu’elle ferait, qu’importe le masque qu’elle porterait, qu’importe la hargne qu’elle y mettrait, elle ne resterait que cette petite chose fragile dont on devrait prendre soin. Elle resterait la fille d’Éric Seth et pas Hakeya Biyoma. Elle se disait qu’en gérant l’entreprise de son père, elle pourrait enfin supprimer l’image de la petite fille aux yeux du monde mais si même Djema ne voulait l’admettre et si elle pleurait à tout va, alors elle ne réussirait jamais.

Ce soir là, elle décida de ne plus être fragile, de ne plus être cette petite fille, d’être aussi influente que celles qu’elle admiraient petite.

Dans la nuit, pendant que la cheffe d’entreprise rêvait de ses victoires prochaines, le cadet Enkhozi était tourmenté. Il avait fait un rêve des plus étranges, un rêve qui paraissait réel au point où à son réveil, il ne savait plus où il se trouvait.
Dans son rêve, il y avait sa patronne et lui. Ils étaient dans les locaux de l’entreprise mais l’assistant ne parvenait plus à se souvenir précisément de l’endroit. Les deux jeunes gens ne parlaient pas, enfin si, mais c’était comme si le son avait été coupé. Ils étaient proches, beaucoup trop proches pour que ce soit la réalité et surtout, ils avaient l’air de s’entendre. La jeune femme s’était approchée de lui avec un regard provocateur et sa démarche ne le  laissait pas indifférent mais cela ne le gênait pas, au contraire il avait l’air d’apprécier. Au moment où leur corps se rapprochaient dangereusement afin de s’unir dans ce qui allait être un baiser, le cadet Enkhozi s’était réveillé en sueur.