10:Que la guerre commence!

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Ce qui était dur lorsqu'on venait de vivre un traumatisme, ce n'était clairement pas en parler. Parler de quelque chose qui nous dérange était quelque chose d'assez fréquent en ce moment et c'est d'ailleurs pour cela qu'il y avait la démocratie. Grâce à la démocratie, chaque peuple avait le droit de choisir comment il doit être dirigé et aussi, il pouvait manifester et dire tout haut: ça, je ne veux pas! Vous me blesser en faisant ci, etc. Là encore, parler était un peu tabou mais tout de même, il était possible de s'exprimer. Dans le cas d'un traumatisme, en parler constitue une peur continuelle pour les traumatisés. À cause de la scopophobie, bon nombre de personnes traumatisées ne se confient pas et au final, elles ne font que rajouter des insécurités à leur traumatisme. Mais cela n'est rien comparé au fait de retourner sur les lieux où tout a commencé. Revivre la même scène, le même schéma d'actions était insupportable.

Notre jeune travailleur devait affronter les bureaux de JIBANK, en particulier, celui du grand patron. Il était allé le voir à l'hôpital mais il n'était jamais entré dans sa chambre. Il prenait des ses nouvelles par le médecin ou les infirmiers et regardait de loin son patron malade. Il voyait toujours l'épouse de M.Seth, assise à près de son lit et une silhouette féminine près d'elle. Il n'avait jamais vu le visage de cette femme mais s'il savait il ne serait peut-être jamais revenu ou alors, il aurait fait la tête dure rien que pour l'embêter.

Au bureau, il constata que tout le monde se comportait de manière étrange. Aux premiers étages, les réceptionnistes courraient dans tous les sens comme des fourmis, certains employés plisseaient leurs tenues frénétiquement et les autres rangeaient rapidement leur table de travail. Le schéma était pareil aux autres étages: courir, ranger, se refaire une beauté. Et à l'étage des élites, c'était encore pire! Là bas, tous les employés étaient en panique comme si le ciel allait leur tomber dessus.
Armel ne comprenait pas ce qui se tramait au sein de l'entreprise et regardait tout simplement ses collègues s'affairer à être parfaits sans qu'un indice n'illumine sa boîte à idée.

Au détour d'un couloir, il vit Ulysse, marcher calmement contrairement aux autres employés, alors il s'empressa de lui demander pourquoi tout le monde était agité.

_oh ça...C'est parce que la nouvelle patronne vient aujourd'hui.

La nouvelle patronne?

_Qui est-ce donc? Il demanda.

_Personne ne sait encore mais il paraît qu'elle est très jeune et surtout, extrêmement intelligente, répondit Ulysse.

Très jeune et extrêmement intelligente...elle devait être une prodige, une de ses jeunes personnes à qui tout réussit.

_Merci Ulysse, répondit Armel.

celui-ci fit un signe de tête avant de continuer son chemin.

La nouvelle patronne arriva peu de temps après cet échange à son nouveau lieu de travail. Elle était vêtue d'une robe beige un peu courte et évasée avec de petites manches légèrement bouffantes; elle était chaussée d'une paire de talons vertigineux blancs et ses yeux étaient camouflés par des lunettes de soleil. Sa tenue montrait parfaitement ce qu'elle voulait imprimer dans le crâne de ses employés: une femme confiante, respectable, sérieuse, sûre d'elle et compétente bien que très jeune, un peu fashion aussi.

Elle avait réussi son coup car en entrant dans le grand bâtiment, tous les regards se tournèrent vers elle. Les jeunes femmes la regardaient avec un mélange d'admiration et de jalousie dans le regard, les hommes étaient premièrement happés par sa beauté frappante avant de couvrir leur regard d'un voile d'enviosité. Elle était extrêmement impressionnante et elle donnait envie d'être comme elle. La jeune chef d'entreprise venait d'inspirer une bonne partie de ses employés sans prononcer le moindre mot.

La nouvelle patronne se dirigea vers la réception d'un pas rapide et déterminé.

_Convoquez les employés aux postes importants dans la salle de réunion, elle ordonne avant de monter à l'étage des élites.

En se dirigeant vers la salle de réunion, elle ne vit presque personne sur son chemin à part deux ou trois employés se précipitant. Elle eut un sourire satisfait en voyant comment elle les menait à la baguette comme une vraie chef.

Que c'est bon d'être chef, Pensa-t-elle.

Dans la salle de réunion, les employés convoqués se partageaient leurs pensées au sujet de la jeune chef d'entreprise. Certains disaient qu'avec sa beauté elle devait être adorable et d'autres disaient qu'elle avait une allure de diva, de diva purement hautaine et insolente.
Armel écoutait d'une oreille distraite ses collègues. Personne n'avait encore vu à quoi elle ressemblait précisément mais ils parlaient comme s'il la connaissait un tant soit peu.

_Pas trop stressé? Demande Pénéloppe.

_Pas le moins du monde et vous?

_J'espère qu'elle sera comme M.Seth, elle répondit avec un petit sourire inquiet.

Ce que Pénéloppe espérait, tout le monde l'espérait en secret. Les employés de JIBANK avaient pour habitude de travailler dans la gaieté grâce à leur patron qui les encourageait et aidait beaucoup. Il avait vraiment le cœur sur la main et devoir travailler dans une autre ambiance allait être un peu dure pour les employés.

Lorsque les bruits de hauts talons claquant au sol se rapprochèrent, petit à petit les chuchotements cessèrent. La nouvelle patronne était arrivée et elle laissait tout le monde sans voix.
Elle se leva au bout de la table en posant son sac sur la chaise derrière elle et enleva ses lunettes. Elle jaugea la pièce du regard et c'est là qu'elle vit le visage de ce jeune homme qui lui avait déclaré la guerre, un jour de semaine, en rétorquant lorsqu'ils eurent fait face à l'autre pour la première fois.
De son côté, Armel ne reconnu pas son adversaire. Il avait une impression de déjà vu et sans comprendre comment, il repensa à l'échange qu'il eût eu avec cet inconnue aux yeux verts le jours de son embauche. La personne en face d'eux lui ressemblait, à l'exception de ses yeux verts.
En effet, la jeune femme avait mit des lentilles de contact pour mieux se fondre dans la masse.

_Je suis Hakeya Biyoma, votre nouvelle présidente directrice générale.

_Pour ceux qui aimerait en savoir plus sur moi, importuner Google plutôt que moi car je ne suis pas ici pour faire ami-ami avec quiconque. Ma priorité reste le travail et seulement le travail, elle dit, sérieuse.

_Je vous surveillerai, vous évaluerai et je vous remercierai si votre travail n'est pas assez bon alors ne lésinez surtout pas vos efforts et surtout soyez efficaces. Je n'hésiterai pas à renvoyer ceux qui ne travailleront pas assez. Avez-vous compris?

_C'est compris Madame, répondit tout le monde en chœur.

_Avez-vous vu une alliance à mon doigt? Elle demande en montrant sa main gauche.

Tout le monde fait non de la tête.

_Alors ne m'appelez pas madame, elle sourit faussement, vous pouvez disposer, ajoute-t-elle.

Alors que les employés se levaient déjà pour partir, une idée machiavélique germa dans la tête de notre jeune femme d'entreprise.

_Sauf vous monsieur Enkhozi.

Un Soupçon d'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant