Chapitre 7

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Point de vue{Anna}: quelques temps en arrière...

J'avais posé ma tête délicatement sur le rebord du lit de ma mère, qui était dans un état de santé critique. Je méditais intensément sur la manière dont je pourrais réunir les quatres millions de gourdes nécessaires pour l'opération vitale dont elle avait besoin. Ma mère luttait contre un cancer du sein droit, et si nous ne faisions rien rapidement, sa vie serait en jeu. Je ne pouvais supporter l'idée de perdre ma mère, surtout en sachant que je me sentais coupable de ne pas avoir fait davantage pour la sauver de cette fichue maladie qu'est le cancer.

Comme si elle pouvait lire dans mes pensées, ma mère passa sa main tremblante sur ma tête. Je saisis immédiatement sa main, les yeux embués de larmes.

__ Ne t'inquiète pas, maman. La semaine dernière, j'ai postulé pour le poste de femme de chambre dans un hôtel. Je suis convaincue qu'ils vont m'accepter.

__ Chérie, je ne veux pas que tu te préoccupes autant de ma santé. Il est important que tu t'amuses un peu, que tu fasses des rencontres, ou peut-être même que tu trouves celui qui fera battre ton cœur. Et moi, je veux voir mes petits-enfants.

__ Maman, sois sérieuse pour une fois. Ne vois-tu pas à quel point tu souffres ? C'est mon devoir en tant que fille de prendre soin de toi.

__ Chérie, j'ai raison de dire cela. Au moins, je pourrai partir en paix en sachant qu'il y aura quelqu'un pour s'occuper de toi, même quand je ne serai plus là.

La colère m'a envahie. Comment pouvait-elle penser ainsi ? Elle ne va pas mourir, elle sera toujours là, vivante à mes côtés.

__ Maman, je t'en prie, ne dis plus jamais ça. Tu es tout pour moi, je ne veux pas te perdre.

__ Et moi, je ne veux pas te voir devenir maigre à force de travailler si dur dans des emplois qui ne te paient même pas suffisamment. Tu devrais demander de l'aide à ton grand-frère.

__ Lui, il ne vient même pas te voir. J'ai prêté 5000 gourdes pour tes médicaments et depuis, il n'arrête pas de m'inonder de messages sur mon téléphone.

__ Tu le connais, ma chérie, il a hérité ça de ton père.

__ Tu aurais dû lui donner une bonne correction quand tu en avais l'occasion. Et je ne veux plus que tu prononces le nom de cet homme ignoble et violent que tu appelles mari. Heureusement, il n'est plus de ce monde.

__ ANNA, C'EST TON PÈRE, BON SANG.

__ Pour moi, il n'est plus un père depuis qu'il a commencé à te battre. S'il était encore là, maman, je suis sûre que tu ne serais plus de ce monde. Je suis convaincue que c'est à cause de lui que tu souffres autant aujourd'hui.

__ Pitit sa wap Di Konsa, pa janm repete li anko. Maladie pa tonbe sou pyebwa se bondye ki bay e ki Pran. Pa janm di sa nan vi ou anko, m te mérite baton yo vre. (Ce que tu dis là, ne le répète jamais. Les maladies ne tombent pas sur les arbres, c'est Dieu qui donne et qui reprend. Ne dis jamais ça dans ta vie, je méritais vraiment les coups.)

Les larmes inondent mes yeux, mais ne parviennent pas à couler. Ma mère, éprise de mon père, n'a jamais vu ses actes odieux. Des hommes abjects comme lui ne devraient pas exister.

Mon téléphone sonne et, en voyant le nom, mon cœur s'emballe. Je croise les doigts. Je décroche et j'entends : "Madame, vous avez obtenu le poste. Vous commencerez dans deux jours." Je saute de joie, remplissant la pièce de bruit. Le docteur me réprimande. Je serre ma chère maman dans mes bras et lui donne de nombreux baisers.

__ Sa ou gen la pitit ? (Qu'est-ce que tu as?)

__ Manman ou pap ka devine ki nouvel m sot pran la.(Maman tu ne devineras jamais , la Nouvelle qu'on vient de m'annoncer.)

__ Kisa li ye la ? (Qu'est ce que c'est ?)

__ J'ai été acceptée pour le travail, je commence dans deux jours. Yeeee

Le sourire béat de ma mère emplit mon cœur d'une joie ineffable. Heureusement, je lui ressemble. Je ne supporterais pas d'être le reflet de mon géniteur. Vint l'heure de partir, laissant ma mère seule dans cet hôpital désordonné. Je me dirigeais vers mon humble demeure, enfin, pas réellement chez moi, car je n'avais pas les moyens de louer une maison. J'ai trouvé refuge chez ma meilleure amie , Jessica, pour quelques mois. Heureusement, elle vivait seule et n'a trouvé aucun inconvénient à ce que je reste chez elle. Nous partagions les dépenses et les repas. Elle a catégoriquement refusé que je paie le loyer, arguant que notre amitié devait être solide et indissociable.

Jessica et moi étions diamétralement opposées. Alors que je préservais ma chasteté jusqu'au mariage, c'était ma règle personnelle, elle en était à sa dixième relation amoureuse. Chaque fois que son cœur était brisé, elle venait vers moi en quête de réconfort. Malgré mes supplications quotidiennes pour qu'elle fasse une pause dans ses fréquentations, elle continuait à s'engager avec des hommes qui ne se souciaient guère d'elle. Ils ne voulaient que ce qu'elle avait sous sa jupe et elle le leur donnait sans hésiter. Je la réprimandais, mais elle ne m'écoutait pas. Tout comme moi, Jessica n'avait pas de père, comme on dit "son père était parti chercher du lait".

Fille d'une femme campagnarde, sa mère vendait au marché. Beaucoup d'hommes la désiraient, mais malheureusement, elle était tombée sur le mauvais, elle lui avait donné son précieux cadeau et en retour, il lui avait donné une fille.

Lorsque la mère de Jessica révéla sa grossesse, il la quitta en prononçant cette fameuse phrase : "Es-tu certaine que cet enfant est de moi ?" Il prétendait ne pas être prêt à devenir père et que le bébé compromettrait sa vie. La mère de Jessica, surnommée Fefe, l'éleva seule en province, travaillant sur les marchés avec les madansaras. Cependant, le destin réservait à Fefe une autre histoire. Elle rencontra un homme qui, malgré le fait qu'elle avait déjà un enfant de 5 ans, accepta de partager le reste de sa vie avec elle. Aujourd'hui, Fefe est toujours en province, ne voulant pas abandonner ses amies et sa marchandise. Elle est mère de quatre enfants, mais seule l'un d'entre eux est resté en province avec elle, car elle est encore adolescente.

Jessica a deux demi-frères, "Ti-Jean", "Barthélémy", et une petite sœur, "Sarah".

La Perle De Mon CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant