Pff

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C'est tellement n'importe quoiiii. Je suis dans l'autobus. Le gars du sel est à côté de moi. C'est le matin. Il est jamais à côté de moi le matin. Jamais au grand jamais. Toujours en arrière. Ooow.

Bon, il a une guitarre avec lui. C'est logique qu'il n'ait pas voulu la traîner aussi loin. Mais je préfère penser que c'est en partie à cause de moi qu'il est là.

Je lui ai souri hier soir. J'ai regardé à travers sa fenêtre, j'ai croisé son regard et je lui ai souri.

Ce regard. Ce regard rempli dde quelque chose de mystérieux. Quelque chose d'irrésistible. Ses beaux yeux bruns me dévisageaient.

Je sais qu'il m'observait depuis un bon bout de temps. Ce dont il ne doute pas, c'est que le rétroviseur de la conductrice est assez grand pour que je sois capable d'y regarder sa tête, son visage. Et cela, discrètement. Sa tête était tournée vers ma direction tandis qu'il parlait à son copain. Mouhahahaha! Je suis une espione internationale!

C'est vrai qu'on devrait m'engager en tant qu'espionne. Personne ne me voit jamais venir. C'est le superpouvoir dont j'ai hérité à ma naissance de je-ne-sais-qui. Le point, c'est que je l'ai, ce pouvoir.

Bon. Revenons à aujourd'hui.

Il est à côté de moi, ce matin.

Ce matin.

Oh god.

Est-ce que c'est possible de mourir à cause d'une circulation sanguine trop rapide?

Parce que mon coeur ne semble pas s'inquiéter de pomper un peu trop de sang.

J'ai mes écouteurs avec moi. Je pense que je devrais les mettre, pour jouer la fille nonchalante. Ce que je ne suis pas mais pas du tout en ce moment.

Nah. Je préfère entendre le murmure des conversations. Ça me calme un peu.

Je regarde dans le rétroviseur. Il me regarde.

Je... je...

QU'EST-CE QUE JE DOIS FOUTRE??

L'autobus s'arrête, tout le monde descend. J'aurais voulu avoir le temps d'admirer son beau visage. Sauf que je sais que je ne suis pas assez audacieuse pour accomplir l'exploit de tourner la tête et de la maintenir comme ça pendant plus de deux secondes, sauf que je l'ai fait hier.

Pff.

* * *

-On va marcher?

-Ok.

Mon amie et moi marchons dans les couloirs de l'étage supérieur de l'école. C'est relaxant.

Lorsqu'on s'approche des portes de l'auditorium, j'entends une mélodie de guitarre. Une merveilleuse mélodie de guitarre.

Je m'approche de la source du son.

C'est lui.

C'est lui.

C'est lui, plus beau que jamais, assis par terre, les jambes tendues en avant de lui, entouré de ses amis, penché sur les six cordes de l'instrument.

Ce qu'il joue bien.

Je propose à mon amie de nous asseoir sur un banc. L'atmosphère est tendue ou c'est peut-être seulement moi qui est anxieuse. Mon coeur se met à faire un triathlon.

Il est là.

* * *

-Bon, je suis désolée. Les phares avant de l'autobus ne fonctionnent plus. Vous avez deux choix : soit marcher jusqu'à chez vous, soit attendre qu'un autre autobus arrive, déclare la conductrice.

C'est la meilleure journée pour que l'autobus ne marche plus. Notez le sarcasme.

Je décide de marcher jusqu'à chez moi. Je connais la zone.

Dès que j'annonce ma décision à ma aniaque favorite, elle décide de me suivre. Le gars salé se prépare aussi, voyant que je me prépare.

J'espère vraiment qu'il ressent quelque chose de semblable à ce que je ressens.

On sort, on marche et tout le tralala.

À un moment donné, il tourne à un endroit que je ne connais pas.

Je voudrais tellement le suivre.


Textes pour mieux me connaître (ou presque)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant