C'est dur c't'affaire-là

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J'ai tout de suite su que je n'étais pas une écrivaine classique quand le nombre de mes abonnés a commencé à monter. Plus de gens me demandaient de lire leur histoire. Certaines d'entre elles étaient de vraies œuvres d'art qui mériteraient d'être publiées. Idée originale, écriture riche sur laquelle on peut glisser les yeux sans problème, grammaire parfaite, autant de description que d'action et toujours au bon moment, des expressions et des réflexions philosophiques qui me font relire le passage au complet pour me rendre compte que toute ma vie est reflétée là-dedans...

Et ensuite je me compare à eux.

Je fais des blagues à chaque deux lignes, j'exagère les sentiments de mes personnages, ma ligne directrice de l'histoire est toute croche, j'ai de la misère à décrire ce que je vois en lui rendant tout son mérite... mes blagues sont même pas bonnes.

Des fois je me demande comment j'ai réussi à me faire suivre par ces écrivains.

...

Il faut dire que mon estime de moi n'est pas très haute. Et c'est dans ce livre que je me permets de déprimer.

Je suis désolée... j'oublie que ceci est supposé se faire lire par des gens...

C'est comme mon journal intime pas très intime. Le fait qu'il soit lu ne m'affecte pas vraiment, de toutes façons.

Je crois être atteinte d'une légère dépression. Ça ne m'empêche pas d'être contente de temps à autre, mais cette affaire là reviendra toujours. 

Je déteste ça.

Je pense que c'est pour ça que j'ai perdu le goût d'écrire.

Encore désolée de vous faire lire ceci. Je suis supposée vous amuser, mais... non...

Je me permets d'être moi-même dans ce livre, mais je ne crains que ce soit égoïste à votre égard. Et si je feins être contente et je peins des arc-en-ciels, je suis malhonnête envers moi-même. 

Désolée...

(SOEUR ET AMIES DE MA SOEUR. PAS UN MOT SUR CECI DANS LA VRAIE VIE.)

Textes pour mieux me connaître (ou presque)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant