La femme d'un autre // Max Verstappen

25. truth hurts - juin 2024

Max a l'impression d'être une cocotte minute, une bombe à retardement ou une casserole de lait sur le feu. Il n'est que tension et frustration. Chacun de ses gestes est restreint. Car s'il laissait libre court à ses envies, il plongerait férocement sur sa coéquipière. CO-É-QUI-PIÈRE. Mets-toi ça dans le crâne Verstappen! Cette cabane isolée au bout du monde s'apparente à une torture. Il n'y a rien à faire si ce n'est dévorer Nea du regard. Et la jeune femme ne fait rien pour arranger la situation. Elle a embrassé son front en pensant qu'il dormait et s'est collée à lui alors qu'il barbotait presque nu. La baignade s'est terminée sur un échange gêné d'excuses et de regards fuyants.

Il va craquer, il le sent. Ses résolutions vacillent. Max commence à penser qu'il devrait céder. Rien que pour savoir ce qu'il ressent réellement pour sa coéquipière. Ce dont il est déjà certain, c'est que Nea est chère à son cœur. Il aime sa douceur, sa façon de rire en couvrant sa bouche, les piques qu'elle lui lance sans se soucier de le froisser, son calme, sa détermination et son air d'aventurière. Il aime aussi son regard rêveur, son visage apaisé, sa bouche qui sourit presque constamment et son corps léger et élancé. Il voudrait pouvoir passer sa main dans ses longs cheveux blonds. Ils doivent être doux. Le pire, c'est que Max apprécie même les défauts de Nea. Il ne craint pas le mystère qui l'entoure et ses secrets inavoués. Il ne lui en veut pas non plus de s'effacer devant Kimi. Il la trouve spéciale. Différentes des filles qu'il a côtoyées.

Max sait qu'il ne laisse pas Nea indifférente. C'est là tout le problème. Un faux pas et ils plongeront tous les deux. Il a conscience qu'elle ne le quitte pas des yeux, qu'elle fait exprès de le frôler quand elle en a la moindre occasion et qu'elle aussi rêve de braver les interdits. C'est dangereux. D'autant plus qu'ils sont seuls au fin fond d'une forêt. Le désir les consume. Ils sont bouillants. Une petite étincelle suffirait à les enflammer. Ils vont céder. C'est certain. Reste à savoir quand.

Nea est en train de préparer le dîner. Elle profite des dernières lueurs pour éplucher carottes et pommes de terre assise en tailleur sur le ponton. Le menu est frugal. Max a allumé un feu dans le poêle de la cabane. Le ciel est menaçant. La jeune femme le rejoint, une casserole sous le bras. Elle explique avoir laissé les épluchures à l'orée de la forêt pour les animaux. Elle ajoute que la pluie ne devrait plus tarder. Son intuition est bonne. Une violente averse s'abat sur la campagne peu après. La température chute. Les deux amis ferment la porte du cabanon pour se protéger du froid. Nea fait revenir les légumes sur le feu. Elle y ajoute un peu de sel et de poivre. Un poisson n'aurait pas été de trop. Elle s'en excuse:

- Il n'y aura pas grand chose à manger ce soir. Je suis désolée. Demain, je pêcherai.

- C'est ton père qui t'a appris à te débrouiller?

- Oui! Ma mère aussi! Elle connaît aussi tous les coins à champignons, mais à cette saison on n'en trouve pas encore.

- T'es une vraie aventurière.

- Disons plutôt une fille de la campagne.

- Tu sais que j'ai jamais campé?

Nea fait les gros yeux. Elle n'en revient pas. Max est un Néerlandais. Aux Pays-Bas, le camping est pratiquement un sport national. Comment se fait-il qu'il n'ait jamais passé une nuit sous une tente?

- J'ai dormi à l'arrière d'un van avec mon père des centaines de fois, mais jamais pour le plaisir.

- Ça ne t'a pas manqué?

- Quoi?

- D'avoir une enfance normale?

- Je ne sais pas. Peut-être. Et toi?

- Moi j'ai eu une enfance normale. Ça a changé plus tard. Quand j'étais adolescente. Quand mon père a compris que j'avais un vrai talent.

- Moi ce qui me rendait dingue quand j'étais gamin, c'était de ne pas pouvoir passer du temps avec mes copains. Le week-end, ils allaient tout le temps à la piscine ou faire du vélo. Quand j'allais à l'école le lundi, ils avaient toujours des histoires folles à raconter.