1. Nea Virtanen - décembre 2023

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Une rafale de vent et de pluie éclabousse le visage concentré de Max Verstappen. Ses bras croisés sur un muret et son regard perçant posé sur la piste, le Néerlandais grimace. De l'eau s'écoule sur ses joues et s'infiltre sous son k-way. Ce n'est pas vraiment un orage, juste une averse caractéristique d'un mois de janvier anglais. Le pilote ajuste son capuchon. Il aurait dû prendre une écharpe, car le froid s'attaque à la peau de son visage. Il en frissonne. Dire qu'il y a encore quelques jours il bronzait sur une plage de Saint-Barthélémy. Les vacances ont été écourtées pour qu'il puisse mesurer l'étendue de la catastrophe lui-même. Une bourrasque le fouette. C'est comme ça à chaque fois que la monoplace qui enchaîne les tours sur le circuit de Silverstone passe devant lui. Il baisse son visage vers le sol pour tenter de se protéger. Putain. Quelle journée de merde.

Max remarque que ses chaussures ont commencé à prendre l'eau. Ses orteils sont humides. Il soupire en se répétant qu'il aurait dû rester en vacances. Pourquoi a-t-il sauté dans le premier avion en apprenant la nouvelle? Ce n'est pas de la curiosité. Non. C'est de la haine. Le pilote se force à détourner son regard du circuit. Il en a assez vu. Ses pas le conduisent vers le garage. Ce n'est pas l'effervescence d'un Grand Prix, mais les mécaniciens et ingénieurs qui sont présents sont presque tout aussi excités. Ce qui se passe sur la piste les intrigue. Leurs regards sont rivés sur la télémétrie. Ils absorbent toutes sortes d'informations, si bien que l'arrivée de Max passe pratiquement inaperçue.

Le pilote s'avance jusqu'à la table du fond. Il lève ses mains tremblantes vers le grand Thermos de thé chaud et se sert une tasse brûlante. La nappe en papier est déchirée. Quelques miettes de pain ont été oubliées. Les mécaniciens ont visiblement pris leur petit-déjeuner ici-même, ce qui signifie qu'ils ont rappliqué au circuit à l'aube. Dans son dos, Max entend encore et toujours le passage de la monoplace. C'est un vrai métronome. Il lève les yeux au ciel en entendant un ingénieur laisser échapper un sifflement d'admiration, puis souffle sur le petit gobelet en carton. La fumée réchauffe ses lèvres gercées. Le thermomètre ne doit pas dépasser les cinq degrés. Max se retourne pour observer la troupe d'hommes affairés. Certains recueillent de précieuses données sur leurs calepins, d'autres, les mains posées sur les hanches, se contentent d'observer le grand écran du mur. Ce qui est sûr, c'est que tout le monde est subjugué par ce qui se passe sur la piste. Comme si c'était la première fois qu'ils travaillaient avec un pilote rapide! Bande de cons!

Max détourne le regard. Il tombe alors sur un sac qui a été abandonné sous la table. C'est juste une besace, dont le cuir brun est un peu abîmé et la fermeture éclair ouverte. On distingue un trousseau de clés, un porte-monnaie et un bazar typiquement féminin: maquillage, lime à ongles, mouchoirs, ... le pilote s'assure que personne ne le regarde avant de s'agenouiller au-dessus des affaires qui appartiennent certainement à sa nouvelle coéquipière. Il n'a pas pour habitude de fouiner, mais ce garage, c'est un peu le sien. Et ce sac à main posé sur le sol tâché de graisse et de cambouis l'intrigue.

Il saisit le porte-monnaie, qui contient notamment une carte d'identité. Le morceau de plastique date. La photographie est celle d'une adolescente au regard sérieux et aux cheveux clairs. Sa bouche pincée trahit un certain ennui. Rien d'extraordinaire. Max articule lentement le nom de Nea Virtanen. C'est bien elle. Celle qui ose - à tout juste vingt ans - se mêler aux meilleurs pilotes de la planète. Comment elle en est arrivée là, le Néerlandais l'ignore. Et c'est bien ça qui lui donne envie de tout casser. Il range la carte et continuer de fouiller. Il tombe sur deux clichés dissimulés dans une poche fermée par un bouton à pression. Il reconnaît Kimi Raikkonen. Le Finlandais porte une combinaison Ferrari. Son regard est caché par une paire de lunettes à soleil. Derrière la photographie, quelques mots incompréhensibles ont été griffonnés. Max ne reconnaît que la date du 11 juin 2023 et la signature de l'ancien pilote de Formule 1. Sûrement un autographe... le Néerlandais fait glisser le deuxième cliché devant le premier. Il est surpris. C'est une photo de lui célébrant son premier titre de champion du monde. Il est agenouillé aux côtés de sa monoplace, son coude posé sur le pneu arrière gauche. Quelques mots sont inscrits: "the only place that matters is first". Max ne peut retenir un ricanement. Quelle connerie! Il se redresse en balançant le porte-monnaie encore ouvert dans le sac à main. Des pièces de monnaie sont projetés un peu partout. Alors comme ça la petite nouvelle est fan de moi?

La femme d'un autre // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant