BloodFeud

CHAPITRE 8 -

Un sentiment de confusion flotte dans l'air. Le martèlement du sol secoue mon corps. Une vague de stresse plane au-dessus de moi. La terre résonne sous une ou plusieurs démarche rapide. Un attroupement de plusieurs individus, deux, ou trois personnes, pas plus. Pitié que ce ne soit pas Oscar et la tigresse. Non c'est impossible ce n'étais qu'un songe. Des doigts effleurent ma peau, mon corps bondit sans vraiment se mouvoir. Des cris stridents bourdonnent dans mes oreilles. Mes paupières sont lourdes, je n'arrive pas à les ouvrir, je lutte, en vain. Je tente de porter mon visage vers la lueur du jour. Echec. Je me sens balloter de droite à gauche, lorsque je réalise que quelqu'un essaie de me secouer.

Le noir obscur s'éclaircie peux a peux. Le soleil est en face de moi. Mes yeux sont désormais à demi-clos. Lorsque je reprends conscience, je me trouve dans un endroit différent, un lieu inconnu qui me paraît étrangement familier. Mon regard se tourne vers les cris et les pleurs qui proviennent de ma gauche. Ces individus qui m'entourent ressemblent à des silhouettes floues et indistinctes. Ma vue est trouble, lorsqu'elle retrouve sa netteté j'aperçois Lou, à deux mètres de moi. Son visage levé vers les cieux, elle donne libre cours à ses hurlements déchirants. Des larmes brûlantes inondent ses joues. Tremblante, elle agrippe ses mains d'une manière qui rappelle une supplication désespérée à la vie, au divin, à l'univers tout entier. Elle cherche secours là où nul n'est en mesure de l'offrir. Quelques instants plus tard, une étrange quiétude s'empare d'elle. Ses épaules se relâchent, ses bras retombent mollement, dénués de toute force. Ses muscles se délient, semblant s'évanouir. Chaque parcelle de son être laisse transparaître son abandon. Sa bouche se scelle, plus aucun son ne sort. L'espoir de me retrouver en vie est désormais brisé.

Une ombre passe au-dessus de moi, je devine le blondinet qui se rapproche aux abords de mon visage. Il ouvre mes paupières grâce à l'aide de ses doigts. Dans un mélange de murmures indéchiffrables, il tente de rappeler mon âme à la réalité, mais sa voix se perd dans le vide. Ai-je perdu l'ouïe ? De toute mes forces, j'implore mes lèvres de bouger, de prononcer le moindre mot, juste pour affirmer ma présence. Malheureusement, aucun son n'échappe de ma bouche figée, aucune de mes babines ne daigne esquisser le moindre mouvement. Dans un acte de désespoir, je tente de réveiller ma main engourdie, impuissante comme si une enclume invisible s'était échouée sur mes membres. Paralysé, cloué au sol, je suis prisonnière de mon propre corps. L'incapacité à mener la moindre activité m'oppresse en même temps qu'elle m'arrache le cœur.

Les bourdonnements incessants qui résonnaient dans mes oreilles semblent s'être volatilisés. Je m'efforce maintenant d'écouter attentivement les phrases désespérées qui s'échappent de la bouche de Kiel, avec la dernière once d'énergie qui lui reste.

— « N'abandonne pas. On est la maintenant. »

Un maigre sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'il ajoute, sur un ton à la fois sérieux et joueur :

— « Si tu ne réagis pas je vais te jeter dans la rivière. »

Je cligne des yeux, me sentant submergée par une cascade d'eau qui dévale mes joues jusqu'à ma bouche. D'un geste doux, le blondinet essuie les traces humides qui maculent mon visage, à l'aide de ses doigts agiles. Il appelle alors Luna à la rescousse, lui annonçant avec soulagement que je suis finalement revenue à moi. Dans une course effrénée, elle se précipite vers moi avant de se jeter dans mes bras avec une fureur contenue, ainsi qu'une once de soulagement.

— « Ne me refais plus jamais ça ! »

Je voudrais lui répondre, pourtant mes mots sont une fois de plus perdus dans le labyrinthe de mon échec, aucune parole ne franchit mes lèvres. Je reste prisonnière de mon mutisme, impuissante face à ma propre défaillance. Je bouge légèrement mes doigts en montrant les lèvres de Luna puis en formant une croix avec mes mains. Kiel prend la parole,