Ma gorge s'époumone tant dis que celle d'Ezekiel ne murmure pas un seul mot. Mes yeux plongent dans les siens, mais les siens fuient mon regard, comme une supplique silencieuse lancée vers l'au-delà. Lorsque je sens Ezekiel desserrer progressivement la prise qu'il a sur moi, une sensation glaciale d'appréhension se répand dans tout mon être. Notre chute s'interrompt brusquement, comme si le destin lui-même avait décidé de jouer avec notre sort. Mon corps rebondit contre le néant. Une sensation étrange et terrifiante qui évoque la brutalité d'une rencontre avec la terre ferme, mais curieusement, je ne ressens aucune surface me toucher, pas même la pointe de mes pieds. Ma main est désormais solidement rattrapée par celle de Kiel, nos doigts entrelacés comme un lien fragile entre la vie et le vide. Je lève les yeux, émerveillé par le miracle silencieux qui a préservé nos corps d'un impact fatal contre le sol.
J'entrevois l'autre main de mon ange gardien qui nous maintient suspendus à l'une des racines qui surplombe notre cage, du moins, à ce qui est supposé en être une. Cela n'en est pas vraiment une, mais plutôt un trou béant, cerné par d'imposants murs de terre, formant une barrière insurmontable. Aucun moyen de s'échapper, aucun espoir de fuite, cette enceinte inhospitalière n'est pas une simple cage, c'est une véritable prison, nous tenant en captivité.
Un léger gémissement échappe des lèvres de mon sauveur, son visage se crispe peu à peu sous l'effort, et c'est à ce moment précis que je comprends que je devrais prendre part à l'effort qu'il fournit. Je m'accroche à la prise avec lui, laissant mes doigts s'agrippe désespérément à la racine. Nous nous trouvons désormais à près de dix mètres du sol, et Ezekiel me suggère de plier les genoux pour amortir les conséquences inévitables de notre chute imminente. Je suis ses conseils à la lettre, me préparant mentalement à l'impact qui s'annonce. Je me retrouve au sol en un rien de temps, sans trop de dégâts.
— C'est bon tu peux...
Cependant, avant que je puisse finir ma phrase, je vois Kiel desserrer lentement sa prise sur la racine, glissant rapidement dans les airs au-dessus de moi. Son ombre me chevauche, et mon temps de réaction est cruellement insuffisant. Il atterrit sur moi en un instant, un impact comparable à celui de trois sacs de patates au minimum. Un bruit sec et brutal s'expulse de ma bouche en dégonflant tout l'air de mes poumons.
— Sympa, ton petit cri pendant la descente, je pense que tu m'as cassé un tympan.
— ...
— Tu m'as répondu ? Parce que je n'ai rien entendu.
— Tu m'écrases, dis-je faiblement.
Il se relève rapidement, tendant une main pour m'aider à me relever, mais je ne la saisis pas.
— Arrête de bouder, Tina.
— Gnagnagna, Tina. Ce n'est pas toi qui t'es fait écraser par soixante-quinze kilos.
— Quatre-vingts, en fait, dit-il en redressant la tête fièrement.
Les lieux demeurent plongés dans l'obscurité, une noirceur oppressante qui ne nous révèle que de vague contours. La vision d'Ezekiel semble plus adaptée que la mienne, car il m'explique que nous nous trouvons dans un véritable labyrinthe, comme s'il en était un habitué ou qu'il avait déchiffré ces informations sur les hiéroglyphes avant que la terre ne se fissure sous nos pieds.
— Tu as des techniques pour sortir de ce truc ? demande calmement Ezekiel, les sourcils froncés, son regard plongeant dans le dédale qui les entourait.
— Surement répondis-je d'un ton malicieux, mes yeux scrutant les sombres recoins du tunnel.
Un soupir résonne dans mes oreilles, il reprend la parole :

VOUS LISEZ
BloodFeud
PertualanganDans un monde dystopique ou le royaume de Cathyopé est la capitale. Valentina Moore est une première-née, destinée à devenir mercenaire pour son royaume. Le chemin vers le succès est cependant semé d'obstacles, tant par des éléments perturbateurs qu...