5 : Corvée nettoyage

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Morgane était revenue dans l'école de l'Élite depuis trois semaines, et elle avait vraiment l'impression d'être revenue au pire moment possible. Durant ce laps de temps, elle avait tenté de pousser les nymphettes des Estaffes à lui parler, sans aucun succès, et même Ondine qui avait été si amicale avec elle par le passé ne réagissait pas autrement qu'avec un regard vide quand la fausse humaine l'interpellait.

Elle était observée du coin de l'œil par tous les membres de l'Élite. Les plus âgés se méfiaient d'elle, en se demandant si Morgane pouvait être un allié secret des frères Estaffes (ce qui était une insulte à ses oreilles), et les plus jeunes venaient sans cesse lui poser des questions pour savoir comment elle avait pu obtenir un Exploit.

Ce que Morgane avait refusé de dévoiler, même aux Élitiens.

Sa seule progression, qui avait un peu tué le temps, c'était que le nouveau capitaine lui avait dévoilé l'information qui lui manquait jusqu'ici au sujet des Estaffes, et qui expliquait le visage bizarrement jeune de William.

Les six frères étaient des Hélios, envoyés sur le royaume astrien pour détruire l'Élite.

Forcément, quand on le savait, tout faisait sens. Le fait que des hommes de plus d'un siècle ne fassent qu'une trentaine d'années, qu'on les accuse d'être des assassins ayant tué des innocents depuis des décennies pour vider l'école de ses membres, et leur force et endurance absolument absurde.

Il n'y avait aucune autre bonne raison à ce que William ait pu survivre à une chute de près de trente mètres directement sur un sol en pierre.

— J'aurai dû le balancer de plus haut... bougonna Morgane pour elle-même.

— Qu'avez-vous dit ? s'enquit la directrice de l'Élite à côté d'elle.

— Que j'ai bien manqué mon occasion pour tuer un Estaffes, lâcha la sirène en mangeant son bout de pain d'un ton nonchalant. À part ça, l'école fait vide sans les Prétendants, c'est dingue comme est calme depuis que vous les avez viré de l'école.

— Ils sont simplement absents en raison du banquet des Trois Hélios.

— Ne me dites pas que l'école fait encore ce banquet inutile... au bout de deux ans, on est lassé d'entendre la même légende sur la création de l'école. Franchement, vous n'avez pas plus épique à raconter ? Un affrontement historique entre les Élitiens et des géants peut-être. Ou une mise en scène de la signature du Serment rouge, tiens, ça serait impressionnant de voir ça, franchement.

À quelques chaises des deux femmes, Louis Serra fixait Morgane avec un air sévère qui ne la fit absolument pas taire. Elle avait toujours été trop sans-gêne pour accepter d'agir avec plus de retenue, et l'ennui n'arrangeait pas son caractère à la limite de l'insolence. Elle avait entendu des Élitiens marmonner et la comparer à Mathieu Hidalf, ce qui laissait un sentiment mitigé à la fausse humaine. Après tout, le gamin s'était débrouillé pour faire venir la Foudre fantôme dans la Tour des épreuves, ça lui avait même valu un Exploit bien mérité !

De l'autre côté, ça restait un sale gosse (de l'avis de Morgane).

— La tradition exige que ce soit la création de l'Élite qui soit racontée lors du banquet, reprit la comtesse Dacourt en buvant sa tasse de thé avec un élégance qui rendait Morgane jalouse. 

— La tradition voudrait que vous ne fassiez pas partie de l'Élite, et Gladys Andersen non plus, ni les cuisinières...

La directrice de l'Élite avait été assez aimable avec Morgane jusque là, mais le regard glacial qu'elle lui jeta l'intima à taire sa critique à peine voilée.

La pré-Élitienne cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant