SCUDERIA ADESSI - O POINTS

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Il est plus beau qu'en photo. Et ce qui m'enchante, c'est que pour l'instant, il n'a aucune idée de qui je suis. À vrai dire, la plupart des personnes ce soir l'ignore et c'est ce que je souhaitais. Lors de notre première réunion, j'ai tenu à ce que mon anonymat soit complet jusqu'à l'annonce de Riccardo plus tard dans la soirée. La Community manager en chef qui était présente a salué cette initiative. Les autres se sont contentés de me dévisager comme si j'avais trois têtes. Mon idée avait un but. Je sais à quel point les conversations sont bridées lorsque l'on se rend compte qu'on a le grand patron en face de soi. Et là, personne ne se permet de me prendre avec des pincettes ni de me juger. J'ai hâte de voir leur tête quand je prendrai le micro tout à l'heure. Pour l'instant, mon stress est absent et je crois que je le dois à ce beau pilote.

— C'est un poste à responsabilité, lui dis-je.

Clay écarquille les yeux autant que Lorenzo. Ça me hérisse les poils. Le contraire m'aurait étonné. Et il suffit de regarder autour de moi pour comprendre que la testostérone règne en maître ici. Bien que les jardins soient somptueux et à ciel ouvert, j'ai dû sentir pas moins de vingt after-shave différents en moins d'une heure. J'ai discuté avec beaucoup de monde. Des techniciens, mécaniciens, ingénieurs, mais également un chargé de marketing, ou le photographe officiel de l'écurie. J'ai essayé de retenir tous les prénoms, toutefois j'ai déjà eu du mal à comprendre l'italien de certains. La plupart croient que je suis une nouvelle stagiaire. Beaucoup d'ailleurs ont pensé que j'étais l'assistante d'un tel ou tel. Ce doit certainement être ma tenue. J'ai pris le soin de prendre une robe de cocktail, même si j'admets que de me voir dedans me fait bizarre. J'ai plus l'habitude d'un jeans et d'un débardeur. Toutefois, je dis à qui veut l'entendre que je ne suis pas là pour faire des photocopies, ce qui en amuse plus d'un. Heureusement, quelques mécaniciens m'ont pris au sérieux lorsque j'ai engagé des conversations que seuls des techniciens pouvaient suivre.

— Et dans quelle branche ? interroge soudain Clay, piqué de curiosité.

Je creuse les joues, faisant mine de réfléchir.

— Comment expliquer mon futur travail avec des mots simples ? exagéré-je.

— Non, attendez, laissez-nous deviner, intervient aussitôt Lorenzo.

Le jeune homme au teint hâlé se gratte le front avant de glisser sa main dans ses cheveux décolorés en blond. Il trifouille sa houppe désordonnée en fronçant les sourcils.

— Dans le marketing ? lâche-t-il.

Je secoue la tête, indécise.

— Ce n'est pas mon fort, mais je crois que je serai amenée à donner mon avis sur le sujet.

Clay se tourne vers Lorenzo, tandis que ce dernier lui fait de grands yeux, troublé que je ne réponde pas vraiment à sa question, je suppose.

— Ingénieur, peut-être ? enchaîne-t-il.

Je fais mine de réfléchir. Les deux pilotes ont d'yeux que pour moi. Ce petit jeu me divertit presque bien plus qu'eux.

— Lorenzo ! hurle soudain une voix féminine le faisant se retourner.

Je redresse un peu le menton pour voir qui se dirige vers lui avec hâte. La jeune femme me remarque et me glisse un léger sourire. J'ai fait sa connaissance plus tôt. Gabriela, la Community manager sait qui je suis. Rivée à son portable, elle m'offre une mine contrariée de devoir couper court à cette conversation avant de se placer devant Lorenzo.

— C'est ton tour, indique-t-elle en pointant son doigt derrière elle. Ils t'attendent pour la photo.

Le jeune pilote gonfle les joues, désabusé, puis se tourne vers Clay et moi.

POLE POSITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant