SCUDERIA ADESSI - O POINTS

139 17 0
                                    


— Attendez-vous de Lorenzo de meilleures performances que Clay ?

Merde, mais c'est quoi cette question ?

Une demi-heure que je me fais cuisiner. Trente minutes que je réponds aux questions. La règle était claire, c'est moi qui prenais le plus souvent la parole pour asseoir ma position en tant que principale dirigeante de l'écurie. Et après avoir passé l'étape de mon parcours, de qui je suis, ce que je représente pour la scuderia, voilà que ces vautours s'attaquent à mon staff. Je commence à ne plus supporter ce sourire figé sur ma tronche. J'ai envie de me lever, de leur montrer mon majeur et de foutre le camp. Mais je la boucle et répond avec courtoisie, rien que pour agacer Riccardo à mes côtés. Lui, il n'attend qu'une chose : que je me plante en beauté. Et le pire dans tout ça, c'est que pour l'instant Maclean ne nous a pas encore rejoint. La conférence de presse était établie en deux points. D'abord la scuderia, pour discuter de mon poste et de mes fonctions, et ensuite, le dirigeant Maclean nous rejoindrait. Les caméras et appareils photos braqués devant moi me donnent presque la nausée, et pourtant, je n'ai pas passé le plus difficile.

— Nous attendons de Lorenzo ce que nous avons toujours attendu de lui, de l'implication et de la loyauté, finis-je par dire pour couper court.

Une autre main se lève, je braque aussitôt mon regard vers la journaliste. L'une des seules présente. Le reste de la salle est masculine, ce qui ne m'étonne plus. Je la pointe du doigt pour lui signifier que je lui accorde la parole, elle se lève aussitôt et m'offre un léger sourire.

— Mademoiselle Leclerc, commence-t-elle. Comment comptez-vous vous imposer face à vos rivaux ? Vous n'avez ni l'expérience, ni la maîtrise de la formule 1, en quoi pensez-vous vous démarquer pour cette saison ?

Et moi qui pensait qu'elle pouvait être de mon côté... Grognasse. J'ose un bref regard vers Riccardo avant de lui sourire. Ce dernier jubile, je le vois. Mais il garde bonne figure et se redresse un peu sur sa chaise, attendant ma réponse.

— Certes, réponds-je. Je n'ai pas l'expérience de mon père. Je n'ai ni des années de travail sur les paddocks ni une connaissance de la mécanique de haut niveau, mais je sais ce qu'est le labeur et à la scuderia, nous ne manquerons pas à cette devise : le travail paie.

Un rictus fleurit sur ses lèvres. Je poursuis :

— Pour ce qui est de mes rivaux, j'ai pleinement conscience qu'être une femme dans ce milieu n'est pas très engageant, mais je compte bien faire un avantage de cette situation. Ce sport à parfois besoin de douceur féminine, plaisanté-je.

La salle suit. Certains ricanent, d'autres pouffent. L'important c'est que l'on m'apprécie. La femme se rassoit, tandis que plusieurs autres mains se lève. Riccardo désigne quelqu'un. J'écoute brièvement la question qui le concerne, mais mon attention est soudain rivée à l'entrée de la salle. Clay vient de faire son apparition et croise aussitôt mon regard. Mon ventre se serre dans la foulée. Ma gorge s'assèche elle aussi. Merde ! ressaisis-toi, idiote ! Il n'est même pas à mes côtés pour la conférence que déjà sa présence me perturbe. Depuis notre altercation dans l'ascenseur, j'admets que mes pensées sont souvent dirigées vers lui. Ce pilote m'agace autant qu'il m'attire. Et ces prunelles dorées qui me scrutent me mettent d'autant plus mal à l'aise.

— Mademoiselle Leclerc ? me ramène soudain une voix à la réalité.

Je braque mon attention vers un journaliste, confuse.

— Excusez-moi, je n'ai pas écouté la question.

— Quelles relations entretenez-vous avec votre père ? Je pense que comme beaucoup de personnes présentes ici, nous avons été surpris d'apprendre que ce dernier avait une fille. En quoi est donc due votre absence ?

POLE POSITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant