Je n'arrive pas à y croire. Je l'observe s'avancer tandis que les personnes s'écartent sur son chemin. Ai-je bien entendu ? Il a bien dit qu'il ne serait pas seul ou c'est ma tête qui a déliré ? Je ne quitte pas des yeux son dos nu, sa robe se moulant à la perfection à ses formes, qui dévoile une démarche pleine d'assurance. Je n'ai pas digéré la nouvelle, et je ne suis pas certain d'y arriver. Pourtant son visage aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Maintenant que je la regarde sous un autre angle, je repère l'un des traits de son père. Ses yeux à lui, d'un bleu étincelant. Riccardo lui offre sa main lorsqu'elle monte les quelques marches menant à l'estrade. Elle se tourne vers nous tous et nous offre un sourire radieux. J'ai adoré cette bouche avant même de savoir les raisons qui faisait qu'elle était parmi nous. Je me sens comme un con. Et dire que j'ai craché sur Riccardo... Et bordel ! Dire que j'ai signé un contrat chez MacLean !
Si j'avais su ça, j'aurais réfléchi plus sérieusement. Riccardo lui tend le micro, presque avec un sourire malsain. La pauvre, elle ne sait pas dans quoi elle s'est embarquée.
— Bonsoir à tous, commence-t-elle.
Elle balaye son regard et sourit avant de reprendre :
— Comme l'a si bien suggéré Riccardo, je suis une surprise. Et je crois qu'il pense encore qu'il va se réveiller de ce cauchemar.
Quelques rires fusent tandis qu'elle lui offre un sourire grandiose. Elle me plait !
— Mais non, ce n'est ni une blague, ni un mauvais rêve, je suis bien la fille de Giuseppe Adessi et mon père, bien que vous ignoriez totalement mon existence a décidé de faire confiance à sa famille. Riccardo et moi avons été désigné comme ses successeurs. Et...
Putain de Guieseppe... là, tu m'as eu ! pensé-je en songeant à lui. Je l'imagine bien se fendre la poire de là-haut. Je ne peux m'empêcher de croire qu'il a peut-être désigné sa fille dans mon intérêt. Il savait que Riccardo et moi c'était compliqué. Et plus d'une fois, il a dû intervenir entre nous deux pour calmer nos querelles. Je clos soudain les paupières en retrouvant ce sentiment de culpabilité que je pensais disparu. Mais soudain, un coup dans les côtes me fait ouvrir les yeux. Je regarde sur ma droite et tombe sur Lorenzo, le teint livide, faisant un signe de tête vers l'estrade.
— Sérieusement ? crache-t-il, tout en avalant un amuse-gueule. On causait avec le grand patron et on ne le savait pas !
Je hausse les épaules.
— Elle nous a eu comme des bleues.
— Plus que ça ! Je n'étais pas prêt à ce retournement de situation. Non, mais sérieux, tu la vois diriger l'écurie ?
Je reporte mon attention sur Emy. Souriante, elle continue son discours :
— Mon rôle ne sera certainement pas à la hauteur de mon père. Il m'a suffi de discuter avec vous ce soir pour comprendre à quel point vous le chérissiez...
Une grimace déforme ses traits, mais elle sourit une fois encore par politesse. Je réfléchis un instant à cette jeune femme qui se tient là, alors que personne n'a jamais été au courant de son existence. Peut-être que dans la famille Adessi, la fille était reniée ? Et dans ce cas-là, pourquoi ?
— Ce qui m'interroge le plus, c'est la raison de son absence, réponds-je à Lorenzo.
Mon coéquipier se gratte la barbe naissante en ne la quittant pas des yeux.
— Peut-être que Giuseppe voulait la préserver ?
— De quoi ? m'étonné-je.
Lorenzo grimace dans la foulée, se faisant certainement la réflexion que sa théorie est ridicule. Je ne vois pas en quoi cacher sa fille de tous aurait été dans le but de la protéger. De quoi après tout ? De quelques voitures de sport et de voyages aux quatre coins du monde ? Non. Ce n'est pas logique. Une chose me dit qu'il a une autre raison à sa soudaine apparition.
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POLE POSITION
RomanceLorsque Emy apprend la mort de son père, elle n'est pas touchée. A vrai dire, pourquoi s'en soucierait-elle alors qu'elle ne l'a jamais connue ? Et puis, qu'est-ce qu'il pourrait bien lui léguer ? Poussée par la curiosité, elle se rend toutefois à c...