Ses yeux ne sont plus que deux fentes. J'esquisse un sourire, fier de moi, avant de m'approcher un peu plus.
— Je vois que tu n'as pas d'humour.
— Parce que tu trouves ça drôle ? s'étonne-t-elle.
— Oui, plutôt. Ce sont surtout tes réactions démesurées qui me font rire.
Malgré ses sourcils froncés, et son air sur le visage m'indiquant qu'elle ne souhaite que me couper la tête, je garde le sourire. J'admets, j'aime bien l'agacer.
— C'est ce que j'aime bien aussi, ajouté-je.
— Quoi ? Ma haine envers toi ?
— De la haine ? Je suis sûr que ce n'est pas ça. Ce que j'apprécie, c'est l'état dans lequel je te mets.
Elle arrondit les yeux, stupéfaite. Moi, je savoure. Je l'avoue, le tact et mes bonnes manières m'ont quitté, mais je crois que c'est plus fort que moi. Et je tiens à ce qu'elle avoue vraiment ce qu'elle pense de moi. Je ne suis pas con, je connais ce regard. Celui qu'elle m'offre de temps à autre, à la dérobé, avant de reprendre constance.
— Tu es si sûr de toi que tu crois que tu me fais de l'effet. Alors oui, je vais être honnête : tu me fatigues.
Je ris.
— Je ne crois pas que c'est ce que tu ressentais avant sur le pont quand tu étais collé à moi.
Son air change, se sentant trahi, je suppose, mais j'enchaîne :
— Mais d'accord, si tu y tiens, je vais faire preuve de franchise. Je te trouve attirante et peut-être que si j'avais su que tu serais là pour cette saison, je n'aurais pas changé d'écurie.
La bouche entrouverte, elle me dévisage. Je fais mine de l'ignorer, et reprend une bouchée.
— Mon problème a toujours été Riccardo, continué-je. Pas toi. C'est surtout toi qui as décidé de devenir un ennui pour moi. Si tu me laissais rouler sans me mettre des bâtons dans les roues, on aurait pu peut-être, je ne sais pas... devenir ami ? tenté-je.
Elle pouffe en marmonnant :
— Non, ça, ce n'est pas possible.
— Oui, tu as raison, moi aussi je n'ai pas envie d'être ton ami. Je songeais à autre chose.
Sa langue claque sur son palais, tandis que je m'enfonce dans le divan sans la quitter des yeux.
— Mais à quoi est-ce que tu joues ? ricane-t-elle. C'est quoi ton plan derrière la tête ?
Sur ce coup, je la toise, confus.
— Je n'ai pas de plan.
— Ah oui ? Alors explique moi pourquoi tu es soudainement adorable, tu me fais des confidences et tu cherches à me connaître. Qu'est-ce que tu caches ? C'est MacLean qui te fout la pression à ce point, il souhaite quoi ? Que tu joues avec mon petit cœur et que peut-être une fois que je serai déçue, j'abandonnerai la F1 ?
Oh, oh ,oh ! O.K, même là, ça va trop loin pour moi.
— Tu as déjà pensé à devenir scénariste pour le cinéma ? Non parce que ton imagination est survoltée ! débité-je avant d'éclater de rire.
Elle pince les lèvres, confuse, puis s'apprête à me répondre, mais je la devance :
— Il n'y a rien. Pas d'entourloupe, pas de crasse, pas de plan. J'ai juste envie de discuter avec toi. Je sais que je n'ai pas été très sympa durant le dîner, et je voulais un peu me rattraper.
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POLE POSITION
RomanceLorsque Emy apprend la mort de son père, elle n'est pas touchée. A vrai dire, pourquoi s'en soucierait-elle alors qu'elle ne l'a jamais connue ? Et puis, qu'est-ce qu'il pourrait bien lui léguer ? Poussée par la curiosité, elle se rend toutefois à c...