Devant la télé qui diffuse la course, je serre les dents en voyant Clay franchir la ligne d'arrivée en première position. Juste derrière, Lorenzo et Alexandre. Mes mains se crispent. Depuis le doublement de Clay sur Lorenzo au tout premier virage, j'y ai cru. J'ai gardé l'espoir que Moretti lui repasse devant. Mais Clay s'est envolé, creusant davantage l'écart au fil des tours. Si Liam n'avait pas eu ce problème au quarantième tour, je serais plus détendue. Mais mon second pilote a été percuté par Müller. Générant l'abandon de ces deux derniers. Meunier étant en cinquième position à ce moment-là, il s'est hissé en troisième place. Et voilà que je vis un cauchemar depuis, me sentant impuissante. Deux monoplaces MacLean vont monter sur le podium, alors que la scuderia Adessi n'en comptera qu'une seule. Le calcul est vite fait dans ma tête et bien heureusement, Lorenzo a réussi à avoir le meilleur temps en course, rapportant un point supplémentaire. Mais MacLean est maintenant juste derrière nous. Les équipes sortent du stand, fonçant vers la ligne d'arrivée pour féliciter Lorenzo. L'espace se vide en quelques secondes. Moi, je ne bouge pas. Toujours rivé à mon écran. Je me refais un film de la course dans ma tête. MacLean a retrouvé du poil de la bête en une seule course. Et avec un pilote out, il devient difficile de les garder à distance.
— Ça ira mieux à la prochaine, me souffle soudain maman, toujours à mes côtés.
Je tourne la tête vers elle, et souris sans joie.
— Nous n'avons pas le choix, ça doit aller mieux.
Mon regard vogue derrière elle. Riccardo se tient en retrait lui aussi, accompagné de sa mère, je hais sa présence ici. Elle n'a fait que de dévisager maman, la haine palpable sur les traits de son visage. Quant à moi, c'est comme toujours, elle me dédaigne de son air hautain. Assis sur un tabouret, Riccardo passe ses mains sur son visage avec un sourire carnassier pour sa mère. Ils doivent adorer ma défaite, ces deux-là ! Je m'avance vers eux, agacée.
— Tu dois être content, grincé-je à l'attention de Riccardo.
L'italien s'enfonce dans son tabouret et croise les bras en me toisant de haut en bas. Sa mère émet un simple ricanement perfide.
— Tu crois ? me toise-t-il.
— Sinon, pourquoi tu souris ?
J'ai le droit à un nouveau rictus, plus malsain cette fois-ci.
— Je t'avais dit que la compétition serait plus rude.
— Et vous n'êtes qu'au début, ajoute la veuve noire, satisfaite.
Elle, je vais finir par la dépecer. Toutefois, dans un réflexe, je ronge le coin de ma lèvre pour éviter de sortir une insulte. Je ne peux pas laisser sortir ma rage ici, devant tous les membres de l'équipe. Riccardo fait mine de m'ignorer un bref instant en scrutant la montre à son poignet avant d'ajouter :
— Où est Liam ? ajoute-t-il, curieux.
Depuis l'abandon de notre second pilote, Liam est d'abord venu vers moi, penaud, s'excusant pour cet accident. Mais la vérité, c'est qu'après avoir visionné cinquante fois ce moment, il n'était en rien fautif. C'est Müller qui ne lui avait pas laissé assez de place et qui a tapé dans sa calandre.
— Avec Gabriela, réponds-je. Il répond aux journalistes.
Riccardo creuse sa joue, en hochant brièvement la tête. Sa mère garde son attention focalisée sur moi, un sourire malsain accroché à ses lèvres.
— J'espère pour toi que tu l'as briefé sur les réponses qu'il doit donner.
Quoi ! Je suis censé faire ça ? En vérité, ça ne m'a même pas traversé l'esprit. Je fais confiance à mon jeune pilote, mais la veuve noir qui pouffe à côté de moi, me fout soudan le doute. Peut-être aurais-je dû mettre en garde Liam sur les réponses qu'il doit donner concernant l'écurie ou les progrès que nous devons encore faire ? Maintenant que j'y songe, j'ai peur qu'il se fasse cuisiner par les journalistes suite à la réussite de Maclean aujourd'hui. Toutefois, je redresse la tête avec un sourire faux.
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POLE POSITION
Roman d'amourLorsque Emy apprend la mort de son père, elle n'est pas touchée. A vrai dire, pourquoi s'en soucierait-elle alors qu'elle ne l'a jamais connue ? Et puis, qu'est-ce qu'il pourrait bien lui léguer ? Poussée par la curiosité, elle se rend toutefois à c...