MACLEAN - 0 POINTS

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Danger Zone de Kenny Loggins résonne dans mes écouteurs tandis que je ne quitte pas des yeux la grille de départ. Les mécaniciens courent, faisant les derniers ajustements sur les monoplaces. L'espace est empli de monde. Et ils sont tous sous tension. Chacun s'affaire à sa tâche. Les pneus sont pouponnés, chauffés par des housses. Un mécanicien à chacun d'eux s'assure que la chaleur est bien maintenue. Les caméramans profitent de la dernière possibilité d'être ici avant le lancement de la course pour prendre les meilleures images. Plusieurs pilotes sont en discussion avec leurs ingénieurs de courses. Chacun cherche à faire disparaître la pression comme il le peut. Certains plaisantent, tandis que d'autres parlent une dernière fois de leurs stratégies. La grille est survoltée. Une fourmilière d'hommes me fait face alors que j'augmente le volume. Assis par terre, mon casque entre mes jambes, j'ai moi aussi ma méthode. Mon père un peu plus loin bloque mon ingénieur en course qui s'apprêtait à venir dans ma direction. Papa n'a jamais manqué l'une de mes courses et il sait très bien que ce n'est pas le moment de me parler. Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'écouter la musique à fond et de me concentrer. Bien que j'apprécie les tubes actuels, j'ai toujours eu le même rituel. Certainement dû à mon père qui est un grand fan des morceaux des années quatre-vingt... J'entends encore ces grands groupes cracher dans les enceintes du circuit de karting de ma famille. Mon enfance a été bercée par Queen, Van Halen, Kiss... Et rien ne me procure finalement plus de concentration que ce petit instant.

Kenny Loggins hurle dans mes oreilles alors que je prends une grande inspiration. Mes pieds tapent le rythme tandis que ma tête se vide. Dans quelques minutes je serai dans une autre ambiance, et j'ai toujours apprécié cet avant course. Tandis que tout le monde s'active, moi, je suis dans mon coin. Seul face à cette frénésie. Je ne songe même pas à comment prendre ce premier virage ni même à qui doubler avant la fin du premier tour. Mon regard vogue plutôt sur les projecteurs qui illuminent la piste. L'air que j'hume sent l'odeur de l'essence, du labeur et de l'adrénaline. Les milliers de personnes dans les gradins, comme moi, ne loupent rien du spectacle. En levant les yeux vers le ciel, la nuit est noire. Le circuit de Bareïn est réputé pour être l'un des plus difficiles. La chaleur du lieu oblige les stratèges à revoir leurs plans. Les moteurs ou les pneus seront mis à rude épreuve sur une asphalte brûlante. Le défi sera de faire le moins d'arrêt possible. Et c'est là que la stratégie entre en jeu. Je connais mes options, Alexandre et moi en avons assez discuté avec les ingénieurs. Nous savons tous les deux de quelle manière rouler et comment récupérer les premiers points de la saison. Toutefois, je balaye ces pensées. Pour l'instant, je ne suis que Clay, le mec qui commence à avoir un cul carré à force d'être assis. J'étire mon dos, montant une fois encore le volume à fond. Je repère soudain Emy qui marche en direction de Lorenzo tout sourire. J'esquisse un faible rictus en pensant à la nuit dernière. Je n'aurais pas imaginé finir ma soirée en la voyant en petite tenue. Elle me remarque, mais détourne aussitôt la vue. Je pouffe, observant ses joues rougir. Habillée bien plus simplement, elle porte une chemise rouge, et un short en jeans noire, moulant à la perfection ses fesses que j'ai regretté de ne pas reluquer hier soir. Lorenzo l'accueil d'une accolade chaleureuse. Mon meilleur ami ne quitte pas son sourire grandiose. Il a de quoi être heureux. C'est l'une des premières fois qu'il partira en pole position. En discussion tous les deux, je reporte mon attention sur Liam, plus loin. Il parle avec son préparateur physique. Malgré son jeune âge, je suis heureux de le voir ici parmi nous. Erico a bien fait de m'écouter. Je suis persuadé qu'il va mettre tout le monde d'accord une fois que les feux seront éteints.

Mes lèvres fredonnent les dernières paroles, avant de me lever. Je replace mon protège nuque, retire mes écouteurs et saisit mon casque au sol. Je délaisse ma musique pour faire place à une autre mélodie. Celle de l'effervescence. Je tire sur le câble de mon oreillette et zippe ma combinaison jusqu'au menton. Je regarde ensuite par-dessus mon épaule. De l'autre côté du grillage, les stands de chaque écurie s'affairent tout autant. Des casques anti-bruit sur leurs oreilles, chacun se prépare au départ. Edward Maclean, posté sur une chaise haute, me lance une brève salutation avant de reporter son attention sur l'ingénieur assis à côté de lui. Je bombe le torse et m'avance vers ma monoplace.

POLE POSITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant