SCUDERIA ADESSI - 157 POINTS

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Accroché au bras de Clay, nous remontons au pont supérieur. J'ai les joues en feu. L'air frais qui s'immisce dans ma poitrine intensifie même cette sensation de brûlure. J'ai peur du regard que l'on va me porter. Pire encore, je crains d'avoir bien trop vite cédé. Mais j'admets que je n'avais pas beaucoup le choix. Je suis partagé entre ma désolation personnelle et mon incapacité à garder mes idées claires.

Clay a raison sur un point, je l'apprécie. Ou plutôt, il m'attire. Mais je préfère crever que de le lui avouer. La gamine en moi est pourtant toute excitée d'être contre lui. Mon traître de cœur profite même de l'odeur de son parfum avec une convoitise inavouée. Plus grand que moi, et escortée, j'ai le sentiment d'être en sécurité. Je ravale toutefois ce stupide sentiment. Je n'ai jamais eu besoin de qui que ce soit pour me sentir en sécurité. Mais peut-être que le fait d'être à côté d'un homme qui ne craint pas le danger à chaque fois qu'il conduit une monoplace, me remet soudain dans cette situation ostentatoire de la femme souhaitant se sentir protégé par son amant ?

Je délire !

Il n'est pas question d'amant !

Je secoue la tête en prenant une grande inspiration alors que nous retrouvons enfin le reste du groupe. Je balaye rapidement autour de moi et tombe aussitôt sous le regard accusateur de Gabriela. Mis à part lui offrir une grimace, je la boucle. Pourquoi me défendre ? Après tout, j'en ai envie.

Quelques regards des membres de mon équipe me tordent les tripes. Certains sourient tandis que d'autres nous étudient longuement. Clay ne s'arrête pas et nous amène même plus à l'écart. Plus étonnant encore, il ne reste pas sur la passerelle, et entre directement dans le yacht. Un légère panique s'infiltre en moi. Où compte-il aller comme ça ? Je m'apprête à le lui demander, mais me ravise lorsque je vois qu'il se détache de moi et s'assoit sur un canapé dans un petit salon. La lumière est tamisée, éclairée par quelques abats jour dans un coin. La décoration est comme le reste du yacht : chic. Bien trop pour moi même au point où je lorgne le sofa avec incertitude. C'est le genre de divan où l'on craint de faire une tache dessus, de peur de devoir repayer l'ensemble. Je jette un rapide coup d'œil derrière mon épaule, hésitante. Je ne sais pas si c'est vraiment ce que je souhaite. Nous sommes seuls, en tête à tête. Jusqu'à maintenant, j'avais toujours du monde autour de moi lorsque je lui parlais, mais là... je me sens soudain fébrile. Les autres sont loin, à tel point que l'on entend la musique de manière étouffée.

— Quoi ? me lâche-t-il un sourcil arqué et un sourire aux lèvres.

Je secoue la tête.

— Je veux juste discuter un peu, ajoute-t-il amusé. Là-bas, c'est impossible avec le bruit.

J'émet un petit soupir, puis m'installe à côté de lui. Bien que j'ai l'impression d'être piégé, je suis plutôt ravie d'être dans un coin à l'abri des regards. Au moins, Gabriela ne viendra pas pour me faire la morale. La musique bat d'ailleurs son plein de l'autre côté, et les invités ne se soucient même plus de nous. Au moins pour ma plus grande joie, les tubes italiens ont laissé place à des groupes d'actualités. Je suis même plutôt heureuse d'entendre I feel it coming de The Weeknd. Je scrute à travers les baie vitrée, Lorenzo passe d'un groupe à un autre. Il me remarque et m'offre un sourire goguenard.

— Tu es encore toute rouge, tu veux que je te cherche un truc à boire ? me dit soudain Clay, reportant mon attention vers lui.

Ses deux billes dorées me détaillent, un léger sourire au coin des lèvres, il attend une réponse de ma part. Je hoche la tête, sans rien dire de plus. Il s'éloigne ensuite tandis que je ne le quitte pas des yeux lorsqu'il se dirige vers le buffet à l'extérieur. J'en profite pour souffler un bon coup. Mes pensées s'entrechoquent entre elles.

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