MACLEAN - O POINTS

129 15 0
                                    

Je déambule dans les locaux de MacLean. Mon visiteur, n'est autre que l'homme qui sera mon nouvel ingénieur de course. Jack est plus petit que moi, plus âgé aussi. Il arbore la quarantaine, mais j'ai vite compris qu'il était un homme nerveux. Il marche vite, sourit de manière coincée, et me montre brièvement mes nouveaux locaux pour l'année à venir. Après avoir fait les présentations de plusieurs personnes au bureau d'études, au département aérodynamique, au simulateur ou même à l'espace montage, j'ai l'impression d'être en excursion scolaire. Tous habillés de la même chemise avec l'écusson de l'écurie, j'ai eu du mal à retenir la plupart des prénoms. Toutefois, ils m'ont tous accueilli chaleureusement. Ayant chacun un mot gentil à mon égard. Mon hôte ne s'attarde toutefois pas. Je le sens stressé, alors que j'ignore la raison qui le met dans cet état.

Je passe sur une passerelle avec Jack, menant à une autre aile de l'usine lorsque son téléphone sonne. Le britannique grimace légèrement, mais me fait signe qu'il doit décrocher. J'opine, tandis qu'il se place un peu plus à l'écart. Toujours en hauteur, j'en profite pour m'accouder à la passerelle. Je scrute plus bas l'usine de montage et esquisse un faible sourire. Alors que chez la Scuderia le rouge est partout sur les murs, ici, c'est le bleu qui règne en maître. Ces nouveaux locaux me mettent presque mal à l'aise. C'est comme si je démarrais une nouvelle rentrée scolaire dans un collège que je ne connais pas. J'ai le sentiment d'être un adolescent, attendant que le temps fasse son œuvre pour que je m'habitue à ce nouveau lieu.

— Excuse-moi, toussote Jack dans mon dos.

Je me tourne vers lui avec un bref sourire.

— Ce n'est pas grave, lui signifié-je, prêt à reprendre notre visite.

— Je vais devoir te laisser, nous avons une réunion de crise et... Bref. Je passe un petit coup de fil, je crois que Alexandre est là, je vais voir pour qu'il prenne le relai.

Je fronce les sourcils, soudain troublé par son air soucieux sur le visage. Mon ingénieur de course semble ne plus savoir où se foutre, mais surtout il aimerait décamper en vitesse grand V. Certes, je connais Alexandre Meunier. Il sera mon coéquipier pour cette nouvelle saison, et bien que j'ai passé plusieurs saisons à me battre avec lui pour la seconde place du classement, je m'étonne de devoir suivre cette visite en sa compagnie. Ça me semble bizarre, et surtout inquiétant. Je hoche toutefois la tête, en soupirant.

— C'est d'accord, est-ce que je dois le rejoindre quelque part dans l'usine ?

Jack secoue la main, confus.

— Non, ne t'inquiète pas, il te retrouve ici. Je vais le prévenir.

J'opine, tandis qu'il se confond une nouvelle fois en excuse et m'abandonne la minute suivante.

Bon. Pour une première journée, j'avais espéré mieux.

Je l'observe trottiner vers des bureaux. Pour le peu que j'ai vu de lui, j'espère qu'il ne sera pas aussi stressé durant les grands prix. Mon ingénieur en course sera mon seul point de chute avec toute l'équipe. C'est uniquement lui qui me parlera pendant les courses, et j'espère qu'il tiendra bien son rôle. Je ne peux m'empêcher de penser à la Scuderia et José, qui était très efficace dans ce poste. Je balaie toutefois ma pensée lorsque je remarque Alexandre sortir d'un bureau et s'avancer dans le couloir, souriant. Je lui rends, tandis qu'il marche vers moi. Cheveux, brun, court, plus grand que moi, nous avoisinons toutefois le même âge. Le Français est réputé pour être un bon gaillard, mais peu agressif contre son ancien coéquipier. Sous contrat depuis plusieurs années avec MacLean, il a toujours gardé son rôle de second et n'a pas dépassé ses limites. Cela dit, il a été un très bon coéquipier pour l'ancien champion du monde, à faire en sorte de bloquer d'autres pilotes dans son sillage, comme moi. Ou à faire gagner des points à l'écurie. Mais je dois admettre qu'il a surtout été dans l'ombre du champion. J'ai pourtant toujours eu de bonnes relations avec lui. Bien qu'à l'habitude nous étions rivaux, cette fois-ci, nous allons devoir faire équipe. Je me doute que je n'aurais pas la même relation que j'ai avec Lorenzo avec lui, mais je suis persuadé que tout se passera bien.

POLE POSITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant