𝟐𝟑. 𝐆𝐑𝐀𝐘

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"𝐓𝐇𝐄 𝐎𝐍𝐋𝐘 𝐑𝐄𝐀𝐒𝐎𝐍 𝐖𝐇𝐘 𝐈'𝐌 𝐒𝐓𝐈𝐋𝐋 𝐀𝐋𝐈𝐕𝐄 𝐈𝐒 𝐁𝐄𝐂𝐀𝐔𝐒𝐄 𝐈 𝐂𝐀𝐍'𝐓 𝐋𝐄𝐀𝐕𝐄 𝐘𝐎𝐔"

D'une douceur infinie, je déplace Kelly afin qu'elle se retrouve en position allongée sur le canapé. Je fais très attention à ne pas la tirer de son sommeil. De ce fait, je quitte son corps et m'approche de la fête avant de jeter un coup d'oeil à l'extérieur.

À première vue, je n'aperçois que l'eau ruisselante sur la vitre, m'empêchant d'y voir plus claire. Toutefois, la faible luminosité dehors malgré les nuages qui barrent les rayons du soleil, je réussis à plus ou moins distinguer les formes qui se dessinent à travers la pluie.

Personne.

Je prends bien soin de vérifier convenablement, au cas où ma vue me jouait des tours la première fois. Le doute et la paranoïa sont encore bien présents, c'est pourquoi je m'élance vers la sortie. L'eau se déverse sur moi dès que j'eus mis un pied dehors.

Les alentours semblent ne présenter aucun signe d'intrusion sur la propriété, pourtant je suis certain d'avoir vu une ombre. Bien que peu satisfait, je rentre dans la demeure. Mon esprit est traversé par des milliers de pensées inquiétantes.

Se pourrait-il que ce soit un homme d'un cartel ennemi ? Dans le meilleur des cas, il pourrait tout simplement s'agir d'un garde qui sécurise le périmètre.

Je me réinstalle sur le canapé, tourmenté et fatigué de toute l'agitation que connaît ma vie. Entre bouleversement et mauvaises surprises, il est impossible que je nie les complications qui s'imposent à moi ces derniers temps.

Des souvenirs de Stella s'invitent de nouveau dans mes songes, ravivant ma douleur que je souhaite dissoudre à tout prix. Et dire qu'hier encore, nous étions réunis puis l'instant d'après, elle avait quitté ce monde-ci pour s'envoler un autre où elle a forcément trouvé la paix.

La sonnerie de mon téléphone arrive jusqu'à mes oreilles, ce qui me tire de mes profondes réflexions. Sans trop grande surprise, je devine mon interlocuteur.

— Qu'est-ce qu'il y a ? je réclame aussitôt.

— Je sais qu'il est trop tôt pour en parler mais tu as une date pour l'enterrement de...

Il émet un temps de pause, c'est comme s'il n'avait pas le courage de prononcer son prénom, il pense probablement que cela ne fera qu'aggraver mon état déjà assez déplorable. Et il a raison.

Demain ? je propose.

— D'accord et franchement, je ne pense pas l'avoir déjà mentionné mais toutes mes condoléances, je sais que c'est très dur pour toi. Si t'as besoin de quelque chose, n'hésite pas.

— Merci, mais franchement si je voulais du réconfort, je ne me tournerai pas vers toi. T'es trop... toi.

L'infime conviction qu'intervenir sous forme de taquinerie calmerait mon désespoir suite à cette autre perte, me pousse à poursuivre sur cette lancée.

— T'es vraiment un petit con, il crache.

— Calme tes nerfs, mon vieux. Si on ne peut plus plaisanter.

— Je ne vais rien faire parce que je comprends que tu souffres. Mais j'étais sérieux, je ne suis peut-être pas doué dans vos trucs de relations sociales, cependant je suis là pour toi. Tu penses peut-être que tu n'as plus aucune famille. Pourtant pour toi, t'es comme mon frère.

Ses mots me touchent réellement. Après toutes ces années passées l'un aux côtés de l'autre. À s'entraider. Se taquiner. Toutes les fois où il a couvert mes arrières et celles où je l'ai sorti de multiples périples. Certes, nous n'avions pas le même sang qui coule dans nos veines mais nous nous considérons comme des frères.

𝑻𝑶𝑴𝑬 𝑰 : 𝑼𝑵𝑻𝑰𝑳 𝑻𝑯𝑬 𝑺𝑼𝑵 𝑺𝑯𝑰𝑵𝑬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant