𝑻𝑶𝑴𝑬 𝑰 : 𝑼𝑵𝑻𝑰𝑳 𝑻𝑯𝑬 𝑺𝑼𝑵 𝑺𝑯𝑰𝑵𝑬

𝟐𝟕. 𝐆𝐑𝐀𝐘

"𝐈 𝐅𝐄𝐄𝐋 𝐒𝐎 𝐋𝐔𝐂𝐊𝐘 𝐓𝐎 𝐇𝐀𝐕𝐄 𝐘𝐎𝐔"

Mes yeux s'attardent longuement sur Sun. Je l'observe en silence tandis qu'elle fait la vaisselle. J'ai bien évidemment insisté pour accomplir cette tâche, cependant elle me l'a formellement interdit sous prétexte que c'est mon anniversaire et donc, je ne détiens pas le droit de faire une corvée.

Vu son acharnement à me dissuader de nettoyer à sa place, je l'ai laissé faire à contrecœur. J'aurais préféré qu'elle se repose et que ce soit moi qui m'acharne à cette activité qui vise à laver les assiettes et couverts sales. Elle en a déjà tellement fait, alors que moi, je n'ai pas songé une seule seconde à fêter mon anniversaire.

Tous les ans, je perpétue la même routine : faire comme si de rien n'était lorsque cette date fatidique se manifestait. Depuis mon enfance, je n'ai jamais fêté mon anniversaire. Pour moi, ce n'était pas un jour à célébrer puisque ma naissance a conduit à ma descente aux enfers.

Regretter d'être venu au monde est la devise qui m'accompagne depuis tellement d'années, même lorsque je n'étais qu'un gamin en manque d'amour.

Un enfant qui n'a connu que le malheur et qui, pourtant, a gardé le sourire malgré les démons qui l'habitaient, les cicatrices qui ornaient son cœur.

Et puis, Sun Kelly Hall est entré dans ma vie et rien n'a plus jamais été pareil. Elle me donne une raison d'exister. À présent, je ne vois plus ma date de naissance comme une erreur, mais une bénédiction, parce que mon existence m'a permis de faire sa rencontre.

Cette femme. Bordel, cette femme.

Une fois que la vaisselle touche à sa fin, Kelly s'approche de moi et me tend sa main. Nos doigts entrelacés, elle me guide à l'étage. Comme un imbécile amoureux, je la suis sans discuter, non sans manquer de la détailler avec un sourire.

Amoureux, réalisé-je. Le suis-je réellement ? C'est possible.

****

— J'ai besoin que vous retourniez à l'université, aujourd'hui, vous m'avez fait part de vos doutes sur Amber, et je suis en train d'enquêter. Toutefois, il est dans votre devoir de ne pas éveiller ses soupçons. Alors, rendez-vous sur le campus et interagissez normalement avec elle, déblatère mon ami qui vient de débarquer à l'improviste. De mon côté, je fais tout mon possible pour déceler ses petits secrets.

À ma gauche, ma jolie brune expire lourdement. Son soupir attire mon attention et je lui lance un regard en biais. En prenant en compte son expression, j'en déduis que cette nouvelle instruction ne l'enchante pas.

— Un problème, Bébé Hall ? demande D.W.

— Non, aucun. Si cela permet de découvrir la vérité, alors cela ne me dérange pas. Cependant, vous êtes sûrs que je n'encours rien ?

— Nous n'avons aucune certitude, confessé-je sincèrement. Mais ne t'en fais pas, je ferai en sorte qu'il ne t'arrive absolument rien. Jusqu'ici, je ne m'en sors pas trop mal.

Ma tentative de détendre l'atmosphère ne fonctionne qu'à moitié. L'air est toujours chargé de cette tension étouffante, néanmoins, Kelly a retrouvé un semblant de sourire. Je peux dire : Mission à demi-accomplie.

Après deux ou trois autres directives, D.W. s'en va. Notre intimité retrouvée, j'ose une oeillade furtive à Kelly, celle-ci semble perdue dans ses pensées. Rien qu'en l'observant, il est impossible de rater que son esprit vagabonde hors de la terre ferme.

– Quelque chose ne va pas ?

Ma question a un effet immédiat sur ses réactions. En un clin d'œil, elle se reconnecte à la réalité. Cependant, je ne manque pas de remarquer son air un tantinet déboussolé.