𝑻𝑶𝑴𝑬 𝑰 : 𝑼𝑵𝑻𝑰𝑳 𝑻𝑯𝑬 𝑺𝑼𝑵 𝑺𝑯𝑰𝑵𝑬

𝟐𝟖. 𝐊𝐄𝐋𝐋𝐘 & 𝐆𝐑𝐀𝐘

"𝐀𝐍𝐃 𝐖𝐇𝐀𝐓 𝐇𝐔𝐑𝐓𝐒 𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐎𝐒𝐓 𝐈𝐒 𝐏𝐄𝐎𝐏𝐋𝐄 𝐂𝐀𝐍 𝐆𝐎 𝐅𝐑𝐎𝐌 𝐏𝐄𝐎𝐏𝐋𝐄 𝐘𝐎𝐔 𝐊𝐍𝐎𝐖 𝐓𝐎 𝐏𝐄𝐎𝐏𝐋𝐄 𝐘𝐎𝐔 𝐃𝐎𝐍'𝐓"

Je peine à tenir droit, mes pieds ont l'air d'avoir oublié leur usage, si bien que je m'effondre sur le gravier froid.

Autour de moi, les rires fusent, immédiatement perçus par mes oreilles. Je ferme lentement mes yeux, en espérant que tout va s'arrêter. Qu'on ne s'en prenne plus à moi.

Que tout cesse.

Au moins, le temps de quelques minutes.

Depuis la fuite de mon nom, ce genre de choses arrivait fréquemment. C'est presque une routine pour mes harceleurs, qui ont augmenté en nombre dès qu'ils ont appris que j'étais la sœur de Saturn. Ce qu'ils ignorent c'est le fait que j'ai pris connaissance des activités de ma sœur, il y a à peine quelques mois, quand on a tenté de m'enlever.

Franchement, ils n'ont pas mieux à faire dans leur vie ?

Une fille dont le visage m'est totalement inconnue s'approche dangereusement de moi, une mine sévère affichée sur sa face.

Je tente de me relever sans la quitter des yeux, mais alors que je suis sur le point de réussir à me redresser, la mystérieuse fille m'en empêche. Avec ses yeux bleus, elle me toise amèrement. Que lui avais-je fait pour susciter autant de mépris de sa part ?

Elle arrange ses cheveux d'un blond éclatant avec sa main manucurée, tout en me regardant de haut, comme si elle valait mieux que moi et que je n'étais bonne qu'à recevoir sa haine. Pour une raison méconnue, elle semble me vouer une rancune profonde.

Une nouvelle fois, je tente de me relever, mais encore une fois, je suis arrêtée dans mon élan.

— Reste par terre ! tonne la blonde en m'écrasant la main.

— Mais-

— Tais-toi ! Tu ne mérites pas de prendre la parole. Les délinquantes dans le genre de ta sœur et toi n'avaient pas leur place dans ce monde.

Je l'écoute sans avoir la force de prononcer le moindre mot. Des semaines qu'on me rabâche les mêmes paroles et, dans un sens, cela m'impacte un peu. De tout mon être, je m'efforce à ignorer tout ce qui se dit à mon sujet, notamment les insultes. Mais parfois, les paroles aussi  blessantes que rabaissantes m'atteignent.

Alors que je risque une autre tentative de me sortir de cette situation, l'inconnue m'assène une gifle; je n'eus pas le temps d'amorcer un autre mouvement qu'elle fait signe à des filles de s'approcher. Ensemble, elles me traînent de force jusqu'aux toilettes. Tout se déroule sous les regards des étudiants qui demeurent spectateurs de la scène sans esquisser le moindre geste.

Je pousse un cri désespéré, leur ordonnant de me lâcher. Je me débats du mieux que je peux, sans résultat. Une fois entre les quatre murs renfermant les toilettes, celles qui me maintenaient défont leur prise; sur quoi mon corps se retrouve étalé au sol.

– Que me voulez-vous ? articulé-je.

– On veut juste donner une leçon à une salope et une voleuse dans ton genre, m'annonce la mystérieuse blonde.

Cependant, malgré qu'elle me dise concrètement ses intentions, je demeure dans une confusion des plus totales. Elle a l'air de me tenir responsable de quelque chose... mais quoi exactement ? Alors, je fronce les sourcils tout en me demandant mentalement quel mal ai-je bien pu faire pour mériter un traitement pareil.