Assise à mon bureau, j'observais les flocons qui virevoltaient dans le ciel avant de terminer leur parcours sur les arbres, les voitures, le sol. L'hiver était là dans toute sa beauté. Sa beauté ?! Je déteste l'hiver ! J'ai toujours préféré l'été. Les mini-jupes et débardeur, siroter un café à la terrasse d'un bistrot et sentir les rayons du soleil caresser ma peau... Quoique à Portland, les étés c'est pas vraiment chaud non plus. Mais, toujours mieux que l'hiver !
- Paige ? Tout va bien ?
Je fais tourner ma chaise de bureau et reporte mon regard sur Matthew, qui comme chaque jour, était assis au bureau en face du mien.
Je travaille pour une agence immobilière et bien que le travail me plaise, que les collègues soient sympa, que je gagne bien ma vie et que mon travail soit largement récompensé ; je ne suis pas heureuse. À quoi est-ce dû ? Peut-être du fait que mon fiancé Colin m'ait lâché, il y a plusieurs mois déjà, quelques semaines avant notre mariage pour aller flamber le parfait amour avec une femme plus jeune, qu'on aurait dit tout droit sorti d'un magazine. Alors, pourquoi je ne suis pas heureuse ?! Je crois que l'on peut très bien se l'imaginer. Eh bien non, en fait je me moque complètement de Colin. Je n'ai jamais été vraiment amoureuse de lui. Je voulais l'épouser, car il était plutôt facile à vivre et j'ai le désir profond d'avoir des enfants. Et voilà que ce matin, en lisant le journal, je vois un article concernant la naissance de Colin Junior. C'est pour cela que je me sens malheureuse. Non pas parce que Colin a eu un enfant avec une autre, mais parce que cet enfant aurait pu être le mien. Pour moi l'heure tourne, j'ai trente-six ans et je ne veux pas élever un enfant seule. Non, je veux une famille. Et j'ai beau regarder autour de moi, je ne vois pas d'homme avec qui je pourrais l'envisager. Et puis, tout recommencer de zéro. Les premiers rendez-vous, apprendre à se connaitre, à s'apprécier malgré les soirées ratées, les pieds écrasés lors d'une danse, les conversations plates à mourir, les disputes, les réconciliations et enfin après des années de tortures, la demande en mariage. Quel temps perdu !
- Paige ?
La voix chaude et inquiète de Matthew me sort de ma rêverie.
– Tu vas bien ?
Avais-je vraiment pensée à la façon de me trouver un homme qui me fasse un enfant ?
– Que ce passe-t-il ?
Matthew me regardait par-dessus son écran, les sourcils froncés. Je me décide à lui répondre d'un air dégagé.
- Tout va bien. Il n'y a rien, je t'assure.
– Paige. Nous partageons ce bureau depuis des années. De plus, tu es mon amie. Je vois bien que quelque chose te tracasse.
Il s'adosse à sa chaise et croise les bras sur la poitrine. On dirait bien qu'il ne lâchera pas le morceau tant que je ne lui aurais pas dit ce qui me rend si pensive.
- Ce n'est rien, je t'assure.
Bon, d'accord. Le ton de ma voix que je voulais enjouer, c'est plutôt raté. Même mon hochement d'épaules est peu convaincant.
- C'est encore à cause de Colin ! C'est ça ?
- Mais je m'en fou de Colin ! Maintenant, laisse-moi faire mon travail. Et, entre nous, tu devrais en faire autant. »
J'aime beaucoup Matthew, je peux même dire que c'est mon meilleur ami. Mais, il peut être têtu des fois ! Et il me connait trop bien pour que je puisse lui jouer la comédie. Il va m'harceler jusqu'à'à ce que je comble sa curiosité !
– Je voudrais bien, mais le nuage noir qui flotte au-dessus de ta tête me déconcentre.
Je ne peux réprimer un sourire. Voilà, pourquoi il est un ami si cher. Même dans mes pires états d'âmes, il arrive à me faire sourire. Matthew est vraiment un homme gentil et beau garçon avec ça ! Grand, mince, les cheveux bruns à la coupe parfaite, des yeux couleur noisette brillants de malice. Il en fait tourner des têtes. Pourtant, il n'est pas un coureur de jupons, mais il n'a pas encore trouvé la perle rare. Alors, il butine plus ou moins, de femme en femme. Mis à part les collègues de travail. Cela c'est pour lui tabou !
Ces derniers temps, il s'est laissé séduire par une jolie polonaise, Svetlana, mais je pense que c'est surtout son allure qu'il aime parce que niveau intelligence, elle est plutôt limitée. Et pimbêche avec ça ! Je ne l'aime pas du tout !
– Te voilà repartie dans tes pensées. Allez ! On fait notre pause-déjeuné. Je suis pressé de savoir ce que Colin a encore fait. Car c'est bien lui qui te met dans cet état ?!
Il enroule son écharpe autour de son cou, enfile son manteau et prends le mien pour m'aider à l'enfiler.
– Mais enfin ! On ne peut pas faire la pause-déjeuné maintenant ! Il n'est qu'onze heures !
- C'est une pause-déjeuner avancée ! Allez, enfile vite ton manteau ! Si on arrive au 'FRED'S COFFEE' avant midi, on a droit à un croissant gratuit avec le café !
- Bon d'accord, mais juste une petite demi-heure, pas plus !
- À vos ordres ma petite dame ! Maintenant vient.
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L'amour sous le nez
ChickLitJe travaille pour une agence immobilière et bien que le travail me plaise, que les collègues soient sympa, que je gagne bien ma vie et que mon travail soit largement récompensé ; je ne suis pas heureuse. À quoi est-ce dû ? Peut-être du fait que mon...