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Les portes s'ouvrent au rez-de-chaussé et Matthew se tient devant moi. Il a dû descendre les escaliers en courant. Et zut ! Il va voir que j'ai pleuré ! Je me dirige vers la sortie sans un regard de plus pour lui. Le froid glacial m'aide à reprendre un peu mes esprits. Il apaise mes joues en feu.

Matthew m'attrape par le bras et arrête ma course. Je me retourne vers lui. Les émotions trop fortes m'on épuisée. Je me sens vide.

- Pourquoi ne peux-tu pas me laisser tranquille.

– Parce que je ne peux pas.

Sa main essuie les larmes qui inondent mes joues

– Je te demande simplement de m'écouter. Cela fait des jours que j'essaie de te parler et tu te sauves à chaque fois. Je n'en peux plus.

Je ferme les yeux un court instant pour m'imprégner de cette caresse sur mon visage avant de m'éloigner à nouveau.

- Je ne peux pas Matthew. Ça me fait trop mal.

– Moi aussi, ça me fait mal. Ton regard de biche apeurée me fait mal. Quand tu dis que cette nuit était une erreur ou sans importance et que nous devons l'oublier, ça me fait mal.

– Mais c'est exactement ce que tu veux ! Une nuit et rien de plus !

– Non princesse. Ce que moi je veux c'est toute autre chose et cela depuis longtemps.

Je sens une chaleur incroyable m'envahir. Était-ce possible ? Je devais être en train de rêver !

- Et cette femme Matthew ? Je l'ai vu, pas la peine de me mentir.

– Tu veux dire ma petite chérie qui est chez moi ?

Sa voix est légère et un peu moqueuse. Je regarde mes pieds. Quand je pense que j'ai fait un scandale devant nos collègues !

– C'est ma cousine. Elle est en instance de divorce et avait besoin d'une place pour dormir pour quelque temps.

– Je ne sais pas si je peux te croire.

- Dis plutôt que tu ne veux pas me croire. Tu as peur, peur d'être heureuse. Si je me rappelle bien, ton histoire avec colin, ça t'allait bien ! Pas de drame, pas trop de sentiments, rien qui ne puisse risquer de bouleverser ta paix intérieure ! Mais si tu y réfléchis, c'est toi qui ne cesses de dire que nous devrions oublier cette nuit d'amour. Pas moi ! Je ne veux pas faire comme ci rien ne s'était passé. Tu entends ! Et si tu es honnête avec toi-même, avoue que tu le savais très bien. Mais, tu préfères te sauver, te cacher l'évidence. Il n'est pas question que tu t'investisses dans une histoire d'amour, tu ne veux être dépendante de personne et surtout pas de tes sentiments !

– Tu dis des bêtises ! Je ne suis pas comme ça.

– Cela fait des années que je te regarde, t'écoute, jour après jours Paige. N'as-tu jamais pensée que je pouvais être cet homme que tu cherches ?! Moi, je l'ai toujours su. Depuis le premier jour j'ai compris que tu étais la femme de ma vie. Que nous étions faits l'un pour l'autre. Mais, toi, tu n'as toujours vu en moi que le meilleur ami, le collègue de travail. Je me suis dit que jamais tu ne m'aimerais, c'est pour cela que je me suis jeté la tête la première dans des aventures loufoques. Et le jour où tu m'as dit que le mariage avec Colin était annulé, ça a été le plus jour de ma vie. J'ai repris espoir. Et puis tu m'as raconté tes aventures d'une nuit, je me suis dit qu'il te fallait encore du temps avant d'envisager une nouvelle relation sérieuse. Je n'ai rien dit, au contraire, car je voulais simplement que tu sois heureuse !

Il me prend dans ses bras. Je ne résiste pas, complètement abasourdie de tout ce que je viens d'entendre.

- Je ne comprends pas...

– Comment ça tu ne comprends ? Mais je t'aime Paige, bon sang !

Comment ? Matthew était amoureux de moi ? Était-ce vraiment possible ? Avais-je été si aveugle ?

Je repasse en mémoire les mois précédents. Ses regards, ses approches et cette nuit où nous nous sommes aimés. Cette nuit où il m'avait dit qu'il attendait ce moment depuis si longtemps.

- Mais... Pourquoi ?

J'avais été tellement occupée à m'imaginer ce que pense un homme comme lui de notre nuit. Je n'avais fait que lui lancer mes impressions à la tête, étant certaine que c'était ce qu'il voulait entendre. Et je ne lui avais laissé aucune possibilité de me dire ce qu'il ressentait vraiment puisque j'avais passé mon temps à me sauver !

- Si je le savais ! Tu es lunatique, impulsive. Tu veux toujours garder le contrôle de la situation. Et je suis certain que si nous sommes ensemble, je serais celui qui doit se plier à ton bon vouloir. Mais quand j'y pense, je me rends compte que c'est exactement ce que je veux.

Ce n'était pas la déclaration d'amour la plus romantique mais certainement la plus sincère.

- Alors. Qu'en penses-tu ?

Un « je t'aime aussi » trop banal, un « je veux tout ce que tu veux » trop fleur bleue. Alors, je m'élève sur la pointe des pieds.

- Doucement mon amour. Une chose après l'autre.

Et je fais enfin, ce dont j'ai envie depuis une éternité ; je pose mes lèvres sur les siennes pour le plus bouleversant des baisers.

FIN

L'amour sous le nezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant