02. Leah.

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Ivoire Heart

12 février...21h02...Boston.

- Et sinon tu fais quoi dans la vie ? me demande-t-il tout en posant sa main sur la mienne.

Déjà deux fois que je le lui ai dit durant ce diner, mais apparemment son cerveau ne retient rien d'autre que le nom qu'il donne à ses biceps, qu'ils contractent lorsqu'il se regarde dans le miroir de sa salle de bain pour feindre d'en avoir plus.

Ça ne m'étonne pas après tout c'est un homme.

Je reprends une voix suave, la même que je me force de garder depuis le début du repas pour lui parler.

- Je fais des études de psychologie.

Il retire sa main droite de la mienne, prend son verre de vin qu'il porte à sa bouche tout en soufflant :

- Il faut avoir de la tête pour faire ce genre d'études.

Je souris.

J'en ai plus que tu ne le crois. Mais ça tu ne le découvriras que dans quelques jours, enfin si tu t'en rends compte.

- Et dit moi très chère Leah, qu'est-ce que tu recherches chez un homme ?

Qu'il attende que je lui mette son harnais et sa laisse avant de sortir et surtout qu'il ne bouffe pas mes chaussures.

J'enroule mes pates au pesto autour de ma fourchette tout en faisant mine de réfléchir.

- J'aimerais qu'il soit attentionné, généreux et qu'il soit un minimum intéressant.

Il m'écoute attentivement, apportant son couvert à sa bouche, ils sont comme ça les hommes. Ils nous demandent quelles qualités nous recherchons chez eux, ensuite ils changent et deviennent comme nous voulons qu'ils soient. Mais ça ne marche pas avec moi, il n'y a pas écrit imbécile sur mon front. Je sais très bien qu'ils font ça pour nous garder bien au chaud au fond de leurs poches. Puis un beau jour ils auront marre de jouer le jeu et nous montrerons leur vrai visage.

Mais bon on ne peut pas leur en vouloir, ils sont obligés de changer leur personnalité pour espérer obtenir un regard de notre part.

L'adjectif que je préfère pour les décrire est pathétique, car c'est tout ce qu'ils sont : pathétiques.

Alors presque chaque soir Doora, Cleo et moi les imitons, nous jouons la comédie, nous nous mettons dans leur peau.

- Tu sais que tu es en train de me décrire joli cœur ?

Je souris de nouveau, il tombe dans le panneau.

C'est parfait...

Autre chose qui ne marche pas avec moi : les surnoms, cela marchait peut-être quand j'étais au lycée mais plus maintenant. J'ai un prénom c'est fait pour qu'il soit utilisé.

Quand je dis que mon prénom doit être utilisé je me comprends, je ne donne jamais mon véritable nom.

Je reprends une autre bouchée de mon plat, cela m'évite de répondre à sa question absurde.

Je trouve que cette soirée est particulièrement facile, il fait la conversation lui-même, depuis le début il entreprend un monologue, je ne lui aie posée aucune question à compter du moment où j'ai posé mes fesses sur la chaise de ce restaurant plutôt chic.

Ça ne m'intéresse pas de savoir ce qu'il fait dans la vie, ou autre, en fait il ne m'intéresse pas lui-même.

Et à vrai dire je ne me souviens pas de son prénom.

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