Ivoire Heart
27 septembre 2017...12h05...Salem.
La sonnerie qui retentit m'indique la fin de matinée, mais surtout le début de la pause déjeuner. Comme à mon habitude je range mes affaires lentement, laissant mes camarades de classe quitter la salle avant moi.
Une fois ma trousse et ma pochette de littérature dans mon sac je me lève, range la chaise, dit au revoir à ma professeur et quitte la pièce.
Les couloirs sont presque vides, seuls quelques élèves s'attardent près de leur casier, discutant avec leurs amis avant de se diriger vers la cafétéria.
Mes pas résonnent doucement contre le sol de mon établissement. Mes mains s'accrochent désespérément aux anses de mon sac tandis que mes ongles titillent mes paumes et que mes yeux jonglent entre les différents casiers dépeints seulement de différentes couleurs ternes, le règlement n'autorisant pas le moindre autocollant sur ces derniers.
Je pousse la porte qui mène à l'extérieur, le vent frais rentre directement en contact avec ma peau, la rafraîchissant légèrement. Le paysage automnal commence à se dessiner dans la cour arrière du lycée, me laissant apprécier la vue des quelques feuilles vêtues de leur manteau marron qui s'échouent sur le bitume.
Je piétine encore un petit peu avant d'arriver à l'endroit où je passe toutes mes pauses du midi. J'aime cette partie cachée de l'établissement, presque personne ne vient par ici. À part les élèves, qui comme moi, ne souhaitent pas être exposés à la vue des autres.
Aujourd'hui, pour mon plus grand malheur, ma place n'est pas disponible. La fille assise sur le banc que j'occupe habituellement relève la tête et je discerne un sourire timide qui étire les commissures de ses lèvres. Je lui souris en retour, puis m'avance au fond de l'espace couvert et m'assois près d'un mur, celui-ci étant aussi à l'abri des regards.
La fermeture de mon sac cède lorsque je la fais glisser. Le papier aluminium recouvrant mes deux petits sandwichs appelle ma main. J'en prends un, tourne le menton afin d'être totalement sûre que personne d'autre que la fille ne se trouve aux alentours et commence à déballer ma nourriture.
Tranquillement, je prends une bouchée de mon sandwich, le pain qui recouvre une tranche de fromage et de poulet rencontre ma langue.
Soudain, je remets rapidement le papier aluminium et place mon repas à peine entamé dans mon sac. J'entends des bruits de pas, ils sont lourds. Quelqu'un s'approche, j'attrape mon téléphone dans la poche de mon gilet noir, faisant comme si de rien n'était.
La personne s'avance de plus en plus dans ma direction, se plaçant seulement quelques instants plus tard face à moi. A la forme du pantalon dont cette dernière est vêtue et aux chaussures qu'elle arbore je devine sans mal que c'est un garçon qui m'a rejointe.
Je lève les yeux vers lui, sa grande taille me surplombe. Ses iris se lient aux miens pendant une infinité de secondes.
-Qu'est-ce que tu fais là, toute seule ?
Lorsque que ma vision retrace chacun des traits de son visage, je me rappelle de suite que ce garçon est dans ma classe, il est aussi celui qui m'a retrouvée aux toilettes le jour de la rentrée mais également celui qui m'a jeté la petite boulette de papier. Sa question a le don de me surprendre, les mots ne me parviennent pas immédiatement.
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ÉMERAUDE
Non-FictionFuir ses bourreaux est tellement apaisant, n'est-ce pas ? Même si cela était compliqué à réaliser pour elle, Ivoire l'a fait...enfin. Lorsqu'elle est partie, elle n'a même pas pensé à lui. Pour une fois elle a fait passer son bien être avant celui...