10. Invité surprise

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Ivoire Heart

L'eau chaude qui coule sur ma peau dénudée apaise mes membres, les enveloppant dans une sorte de cocon protecteur.

Je passe mes mains sur mon visage, empêchant quelques gouttes de se frayer un chemin jusqu'à mes cils toujours vêtus de leur manteau noir. De toute façon, je n'ai qu'à regarder le dos du pommeau de douche pour y discerner mon visage couvert pas deux taches sombres, ces dernières ayant déjà tachées mes pommettes. On pourrait croire que j'ai pleuré, seulement ce n'est pas le cas, je n'ai pas laissé la moindre larme caresser ma peau, préférant ruminer sans le moindre sanglot coincé dans la gorge.

J'ai bien vu le sourire qu'il a affiché, celui qui hantait déjà mes journées l'année passée. Je ne saurais expliquer le sentiment exact qui s'est logé en moi à ce moment-là. Mais, le frisson que j'ai ressenti lorsque je l'ai revu cet après-midi, m'a une fois de plus fait froid dans le dos. Ariel et son comportement m'ont une fois de plus perturbée.

Cela fait un moment que Noam et moi ne nous sommes pas adressés la parole, enfin, il ouvre la bouche seulement pour me demander si je suis certaine du chemin que je nous fais prendre.

-On pourrait peut-être courir, on gagnerait un peu de temps, propose-t-il alors que je regarde le ciel prendre une teinte plus grisonnante.

Les nuages s'approchent les uns des autres, se collent puis finissent par s'entremêler, ne faisant dorénavant plus qu'un. Sa phrase ne résonne correctement dans ma tête qu'un instant plus tard, l'atmosphère nébuleuse ayant captée une grande partie de mon intention.

Ce serait mentir de dire que je ne redoutais pas ces mots. Et, c'est exactement pour ces derniers que je n'ai jamais apprécié les séances sportives scolaires, surtout celles où nous sommes contraints d'être à plusieurs.

Je n'ai pas de souffle, alors il m'est difficile de courir sur une longue distance. Dès lors que cela m'arrive mon cœur s'emballe et se contracte, peut-être a-t-il peur lui aussi.  Je n'en sais rien et, pour tout dire, je ne tiens pas réellement à le savoir.

Noam n'attend pas de réponse de ma part et s'active. Il commence à courir, s'avançant beaucoup plus rapidement que moi. Il tourne au bout du chemin et, bientôt, je ne le vois plus.

C'est à cet instant que je  décide qu'il est temps pour moi de me mettre également en mouvement. Mes pieds s'écrasent l'un après l'autre sur le sentier, ma course n'est ni lente ni rapide, elle est à mon rythme.

Le vent caresse mes cheveux, faisant miroiter mes mèches dorées autour de ma tête. Alors que j'arrive au même virage que celui auquel Noam a tourné, j'ai la surprise de le découvrir, ce dernier m'attendant patiemment.

-C'est que tu en a mis du temps. Tu viens de reprendre le sport c'est ça ?

Pas vraiment...je ne fais pas de sport. Enfin plus depuis que j'ai quitté ma précédente activité. Tout ça, parce que je ne voulais pas être le boulet qui n'arrivait pas à courir suffisamment longtemps.

-Non, mon lacet s'est défait en cours de route, mens-je.

Mon souffle court me force à ouvrir la bouche, les yeux du brun me détaillent. Il pourrait faire une quelconque remarque sur mon essoufflement, néanmoins il ne le fait pas et me laisse reprendre une respiration normale avant de continuer.

Mon ventre vide qui ajoute une certaine difficulté à cette course d'orientation résonne soudainement. Le rouge me monte aux joues, je suis extrêmement gênée par ce qu'il vient de se passer. Le rire de Noam m'oblige à relever la tête.

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