08. Le chat et la souris.

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Noam Snow

Au pied du bâtiment comportant mon appartement, je tire ma dernière latte. Le dernier nuage de fumée sort de ma bouche, apportant une petite touche artistique à la lumière offerte par le lampadaire au bout du trottoir.

La brise du soir  soulève les mèches de mes cheveux qui embrassent mes cils et dévoile mon front par la même occasion. Les cendres de ma cigarette tombent lentement au sol avant que cette dernière ne les rejoigne et ne soit écrasée par la semelle de ma chaussure.

Tourné face à la porte qui protège le hall d'entrée du chahut de la ville, je tape le code d'entrée puis pénètre à l'intérieur de l'immeuble.

Lorsque la porte d'entrée de mon appartement se referme, dans un claquement, je retire la grosse veste qui me couvre le dos.

Plusieurs vibrations se font ressentir dans la poche arrière de mon pantalon, alors j'y extirpe mon portable et répond à cet appel soudain.

-Allo ! Mec, ramène-toi. C'est la plus grosse soirée de la semaine ce soir, tu ne dois pas rater ça !

Sa voix résonne drôlement au téléphone, me donnant l'impression qu'il n'est pas totalement sobre. Le volume très élevé de la chanson à ses côtés atténue parfois le son de ses paroles.

-T'es là mon pote ?

-Oui. Je passe une main sur mon visage avant de continuer. Je ne sais pas si j'ai envie de venir.

-Aller Noam ! Il y a de ces nanas je te jure !

Cela fait quelques années maintenant que nous sommes amis, et je ne compte plus le nombre de fois où il a tenté de m'amadouer avec cette phrase. Je n'ai jamais cédé. Pourtant, ce soir quelque chose est différent, c'est pourquoi je remets mon blouson et quitte mon appartement.

Lorsque j'ouvre la portière de ma voiture, à présent garée sur le parking entourant la boîte de nuit, je mets un pied à terre et sort de l'habitacle.

Le vent frais de mars claque contre mes joues vêtues d'un léger collier de barbe que je n'ai pas pris la peine de raser.

Mes pas résonnent contre le bitume tandis que je m'avance de plus en plus en direction de l'entrée. Un vigile se tient devant, retenant une longue file de gens. Quelques paroles insultantes se font entendre à mon égard au moment où je passe sans gêne devant toutes ces personnes.

Les sourcils de l'homme assurant la sécurité se relèvent dans un long questionnement.

-Je viens de la part de Dixon. Je souffle.

La plastique de son visage redevient neutre suite à l'entente du prénom de mon ami. La porte derrière lui s'ouvre quand il la pousse et laisse le temps d'un instant, l'occasion aux personnes qui attendent de prendre connaissance de la musique qui pulse dans les enceintes à l'intérieur de l'établissement.

Mes joues préalablement refroidies par le froid se réchauffent rapidement dès lors que je rentre à l'intérieur.

Les spots de lumière rouge illuminent légèrement la piste de danse, je dirais même qu'ils l'assombrissent. Il me faut un petit temps pour habituer mes yeux à l'infime l'obscurité.

A l'intérieur de la foule ahurissante je me crée un passage, mes bras repoussent  chaque personne semblant se rapprocher de moi pour danser.

Je plisse les paupières, scrutant les environs à la recherche de mon ami. S'il a trouvé une jolie fille comme il me l'a laissé entendre lorsqu'il m'a appelé, je ne devrais pas le trouver tout de suite. Malgré ça je continue de lancer un coup d'œil autour de moi, et ce n'est qu'à ce moment que je découvre qu'un regard insistant m'appelle.

ÉMERAUDE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant