Chapitre 4

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Ce premier jour n'étais pas de tout repos et si je veux passer une année tranquille il va falloir que je mette en place des stratégies d'évitements.

Mon téléphone qui vibre me sort de ma rêverie. Un message d'Thaïs : "Apelle moi quand tu es disponible".

- Allo, répond sa voix à l'autre bout de la ligne.

- Ça va ?

- Tu te rappelles de Léa ?

- La fille a ta soirée ? Oui ! Comment je pourrais oublier. Je crois que je t'en reparlerais encore quand on aura 80 ans. dis-je en rigolant

- Elle est morte.

Mon sourire quitte automatiquement mes lèvres.

- Quoi ?, demandais-je pour confirmer ce que je venais d'entendre

- L'enterrement est prévu dans quelques jours.

- Je suis désolé... je ne savais pas...

- Est-ce que tu veux bien venir avec moi ?

- Évidemment, je viendrais Thaïs.

La date de l'enterrement est arrivée plus vite que je ne l'imaginais. J'ouvre mon armoire et enfile une tenue noire. Quand nous arrivons au cimetière, je peux clairement distinguer les parents de Léa au loin. Ils sont effondrés, sa mère se tord en pleurant. Je ne peux pas comprendre la douleur de perdre un enfant. Nous avançons un peu plus et je reconnais "l'inconnu de la piscine" adossé a un arbre. Nos regard se croise mais je détourne les yeux immédiatement : je n'ai pas envie de lui prêter attention aujourd'hui. J'accompagne Thaïs et nous nous avançons ensemble pour déposer une fleur. Sa mère pleure toujours, je m'avance, lui serre la main et murmure un "je suis désolée". L'ambiance est pesante : tout le monde est silencieux, quelques reniflements viennent briser le silence. Je reste silencieuse par respect et par compassion : ces personnes viennent de perdre quelqu'un qui leur était cher. Mais je ne pleure pas, ce serait trop hypocrite de ma part.

Nous nous éloignons du groupe. Puis Thaïs marche en direction d'un garçon. À quelques mètres de lui elle me chuchote :

- C'est Nathan, le frère de Léa. Il étudie aussi la biologie dans notre fac mais il est en 5ème année.

Lorsque nous arrivons à sa hauteur Thaïs lui dit le plus platement possible.

- Je suis désolé pour ta sœur.

- Est-ce que tu es Thaïs ?

Elle se raidit puis répond hésitante :

- Oui c'est moi.

Il sourit à ses paroles. Mon regard passe d'Thaïs à Nathan. Elle semble aussi perdue que moi. Est-ce que ce gars est bipolaire ?

- Je vois. dit-il toujours en souriant. C'est donc à ta soirée que ma sœur est allée...

Il passe une main dans ses cheveux. Puis reprend d'un air sévère :

- On n'a plus eu de nouvelles d'elle depuis ce soir.

Thaïs ne répond pas.

Il lui attrape violemment le bras

- Tu n'as rien à dire ?

Je vois Thaïs devenir pâle.

- On n'en sait pas plus que toi. dis-je doucement pour essayer de faire retomber la tension

Il sourit frénétiquement

- C'est la meilleure excuse que vous avez.

Il commence vraiment à me faire peur.

- On est désolé pour ta sœur alors si on peut faire quelque chose pour ta sœur.

J'attrape la main d'Thaïs pour essayer de la rassurer et surtout de me calmer en même temps. Le regard du garçon s'attarde sur nos mains puis il passe une main dans ses cheveux.

- Je suis désolé, j'ai passé une semaine difficile. On a eu des tas d'entretiens avec la police et pourtant on ne nous a encore rien dit.

- C'est difficile, dis-je compatissante. Il faut généralement attendre que l'enquête soit finie pour que la famille y ait accès. Sinon il y a un risque que les résultats fuitent.

- Tu as l'air de t'y connaitre, je ne sais pas si je dois trouver sa fascinant ou bizarre, dit-il en faisant une grimace.

- Mon père travaille...

- Ne parlez pas de ça maintenant... c'est sordide, dit Thaïs en nous coupant.

- D'accord, on va y aller alors.

Puis nous nous éloignons en silence.

En signe de dernier hommage, les proches de Léa jettent des roses sur le cercueil avant que le caveau ne soit scellé. Le garçon de la piscine est toujours à côté de son arbre. Il reste à l'écart et ne daigne même pas se déplacer.

Lorsque nous quittons le cimetière personne ne parle encore trop pris par l'émotion. La mère de Léa nous propose de les rejoindre pour partager le verre du souvenir mais nous déclinons respectueusement pour leur laisser le temps de faire leur deuil entre eux. Nous rentrons de notre côté.

Je décide passer le reste du week-end chez Thaïs pour qu'on se change les idées en compagnie l'une de l'autre.

Pendant notre soirée film, mon téléphone n'arrête pas de vibrer

- Qui est-ce qui t'appel à cette heure ? dis Thaïs agacé

J'attrape mon téléphone sur la table et regarde le nom qui s'affiche : c'est mon père.

- Il faut que je réponde.

Que ma mère m'appel... d'accord... on se donne des nouvelles toute les semaines. Mais mon père... surtout à 23h.

- Je suis sur Marseille demain, il faut que je te vois.

- Heu... d'accord. dis-je prise de court.

- Bonne nuit.

Puis il raccroche. Je fixe mon téléphone confuse. C'était expéditif.

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