Chapitre 7

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La surprise me coupe le souffle, j'ai du mal à déglutir. Les policiers le poussent violement à l'intérieur de la voiture et ils repartent aussi vite qu'ils sont arrivés.

Thaïs et moi nous regardons incrédule : tout s'est déroulé si vite !

Les étudiants se mettent à parler de plus en plus fort. En quelques minutes cela va faire le tour de la fac.

Pendant le reste de la journée je n'arrive pas à tenir en place. Au milieu du cours de biologie cellulaire, je craque.

Thaïs, je vais y aller. Tu pourrais m'envoyer le cours s'il te plait ?

Elle me retient par le bras :

- Où est-ce que tu comptes aller ? Non Mathilde... ne me regarde pas comme ça ! C'est une très, très mauvaise idée.

- Je suis désolée, j'y vais.

J' essaie de m'éclipser discrètement du cours. Evidement il faut que la porte en décider autrement : elle s'ouvre avec grincement strident.

Je me faufile sans me retourner.

Je traverse la fac en courant. Lorsque j'arrive au commissariat, il est 18h pourtant encore beaucoup de monde semble s'affairer autour de leur bureau : ils se pressent, se bousculent. Tout le monde est en effervescence... Je ne savais pas que les policiers de Marseille était si passionné par leur travail ! Un des officier me questionne du regard :

- J'aimerais voir mon père, le capitaine Delvigne.

- Je vais lui dire que tu es là.

Il revient 5 minute plus tard :

- Assied toi, il termine un interrogatoire, il ne va pas tarder à arriver

Je m'assois sans rien demande de plus et observe la scène qui se déroule sous mes yeux.

- Est-ce que les preuves ont fini d'être enregistrées ? demande une femme

- Oui, et le couteau a été envoyé à la médico-légal, lui répond un homme

- Ils sont en train de l'interroger. Crois-moi, ils ne vont pas y aller de main morte : il faut qu'il parle dans les 24h. renchérit un autre homme

Je sors de la discussion lorsque j'entends des pas se rapprochés. Il marche vite et à l'air furieux. Il m'attrape le bras et m'emmène dans une salle.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Je t'avais prévenu ! Est-ce que mon avertissement n'était pas assez clair pour toi ? Mathilde c'est une enquête judiciaire !

- Il était aussi à la soirée... dis-je faiblement. Et à l'enterrement... Et il m'a posé des questions sur Léa.

Il passe la tête hors de la salle :

- Anne, demandez la prolongation de la garde à vue au juge d'instruction.

Il se tourne à nouveau vers moi, des flammes dévorent ses yeux.

- Continue.

- À la soirée, il a dit qu'il avait fait une "bêtise". Et quand j'ai dit en rigolant que ça ne pouvait être grave puisque personne n'était mort il s'est braqué.

- Quoi d'autre ?

Je hausse les épaules

- C'est tout.

- Pourquoi tu ne l'as pas dit plutôt 

- Je ne sais pas. Ça ne me paraissait pas si important.

- Et maintenant que quelqu'un est mort, ça te préoccupe plus ?

Il passe une main sur son front :

- Rentre chez toi Mathilde. Je vais te faire raccompagner.

Il fait un signe à un officier qui m'invite à le suivre jusqu'à une voiture de service.

Pendant le trajet retour je reste apathique en repesant aux derniers événements qui viennent de se dérouler : en quelques jours mon quotidien ennuyant d'étudiante a été chamboulé. Un sourire amer s'affiche sur mon visage : dire que le seul garçon qui m'a adressé la parole depuis la rentrée vient d'être arrêté par la police. Au même moment un frisson me parcours la colonne vertébral. Il est le suspect d'une affaire de meurtre. Ces mots résonnent dans mon esprit.

Lorsque j'arrive chez moi je tombe de fatigue sur mon lit : les derniers événements m'ont épuisé et je n'ai pas eu de bonne nuit de sommeil depuis un moment. Je ne peux plus lutter et mes yeux se ferment seuls.

Habituellement Thaïs arrive à la fac bien après moi. Aujourd'hui elle m'attend planté devant la salle de classe. Lorsqu'elle m'aperçoit elle me tend son téléphone :

- Ton gars arrêté hier est le principal suspect dans l'affaire de meurtre de Léa. Tu te rends compte un meurtre !

J'entends son bouleversement et le choc dans sa voix mais je ne sais pas quoi lui dire.

- Maintenant, lis ça, dit-elle en pointant son téléphone.

L'article décrit le meurtre abominable d'une étudiante de la faculté de Marseille par un autre étudiant. Je soupire de frustration. Les journaux ne connaissent visiblement pas la présomption d'innocence.

- Reprend-ça, dis-je dégoutée

- Pourquoi est-ce que ça ne te choque pas ?

Elle a raison d'être méfiante, j'aurais dû lui en parler avant.

- Mon père est responsable de l'enquête. Il m'en avait parlé, mais je ne connaissais pas les détails.

- Tu n'as pas eu la bonne idée de m'en parler. répond-elle blessée par mon aveu.

- Je suis désolée. bredouillé-je en baissant la tête.

- Qu'est-ce que je vais faire de toi ? Hein ? dit-elle en passant sa main par-dessus mon épaule pour me tirer la joue.

- Tu me fais mal, arrête, dis-je en rigolant

Elle me lâche et je fais mine de réajuster mes vêtements.

- Mais pourquoi il aurait fait ça ? demande Thaïs.

Un éclair passe devant mes yeux. C'est vrai ça...

Quel pourrait être son mobile... Je repense au soir où il m'a aidé. Est ce qu'il aurait pu me faire du mal à ce moment aussi ? Il aurait pu mais il ne l'a jamais fait. Il m'a même raccompagné chez moi.

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