Chapitre 17

16 3 0
                                    

Nous commençons à rouler et je lui indique la route à prendre. Maintenant que nous sommes tous les deux dans ce petit espace la tension est palpable. Avec ce qui s'est passé hier soir, je ne sais pas comment me comporter avec lui. Alors que lui parait totalement décontracter.

Au bout de 45 min de route son téléphone se met à sonner une première fois. Il sonne une deuxième fois... Puis la sonnerie retentit non-stop. Il se gare sur le bord de la route et répond visiblement agacé.

- Allô ?

De l'autre côté de la conversation j'entends la voix d'une fille. J'ai l'impression qu'elle pleure.

- Répète doucement.

La main de Lucas se crispe sur son téléphone.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? dis-je en essayant d'attirer son attention.

Il ne me répond pas, toujours focalisé sur ce qu'il se passe au téléphone. Soudain la fille crie :

- Ils savent Lucas ! Ils vont venir pour vous !

Puis le signal se coupe... plus rien...

Je lève les yeux dans le rétroviseur : deux voitures apparaissent au bout de la route. Lucas démarre en trombe, la vitesse me scotche au siège. Le moteur de la voiture gronde alors qu'il accélère. Mes doigts s'agrippent à l'accoudoir. Il ne faut que quelques secondes pour que les voitures nous rattrapent. La première voiture accélère et se retrouve à notre niveau. Elle se colle à nous en nous poussant sur le côté. Des étincelles jaillissent de la carrosserie. La peur commence à s'emparer de moi et m'engourdit les jambes. La deuxième est quelques centimètres derrière nous. La respiration de Lucas est bruyante, tous ses muscles sont tendus. La voiture réussit à nous faire dévier de notre trajectoire. Notre voiture dérape dans les graviers pour se diriger à toute allure vers un arbre. Lucas essaye de freiner ma la voiture est trop rapide. Je ferme les yeux et me crispe de peur. L'impact me projette en avant mais je suis arrêtée par la ceinture qui n'a pas manqué de me couper la respiration et l'airbag qui c'est déclencher lors de la collision. J'ouvre les yeux mais je vois flous, encore sonnée. L'arbre est encastré dans le capot de la voiture. Lucas me secoue l'épaule et me crie quelque chose mais je suis incapable de comprendre quoi. Ma portière s'ouvre brusquement et des hommes m'extirpent de la voiture, je n'ai même pas la force de me débattre. Ils plaquent un chiffon sur mon visage. J'ai l'impression de suffoquer puis c'est le trou noir.

Lorsque je reprends conscience, la première chose qui m'interpelle est cette odeur de moisi omniprésente puis une forte douleur aux côtes. Je suis dans ce qui semble être un entrepôt abandonné, Lucas est assis en face de moi. Il me faut quelques secondes pour réaliser que nous avons les mains attachées dans le dos.

- Mathilde !

Lucas cherche à attirer mon attention alors que mon regard divague autour de nous.

Un homme apparait devant nous et vu l'expression de Lucas, il le connait. Il fait plusieurs aller-retours en nous observant.

- C'est dommage Lucas... Tu aurais dû rester à ta place.

- Tu m'aurais laisser partir ? répond Lucas sarcastiquement. Tu as déjà essayé de me faire accuser pour te protéger...

- Je ne pouvais pas te laisser continuer. Je n'aime pas qu'on mette le nez dans mes affaires.

Il marque une pause et un sourire malsain apparait sur son visage

- Tu peux demander à ta collègue, dit-il sur un ton moqueur.

Il fait un signe de la main et deux hommes trainent quelque chose jusqu'à nous. Un cri d'horreur s'échappe de ma bouche lorsque je vois que c'est une femme. Elle a le visage ensanglanté, gonflé, défiguré par les coups qu'elle à du recevoir. Ses vêtements sont imbibés de sang et des brulures recouvrent ses membres. Etalée par terre, on entend un sifflement à chaque fois qu'elle respire mais sa poitrine se soulève difficilement. Elle agonise.

Son visage apparait dans ma mémoire : c'est la fille de la boite de nuit, celle avec qui Lucas était la veille au soir.

L'homme s'accroupit à son niveau, l'attrape par les cheveux et lui crache au visage. Les gémissements de la fille me retournent l'estomac. Je ne peux pas regarder plus longtemps : je n'arrive plus à déglutir et un gout de bile se repends dans ma bouche. Je lève la tête au ciel pour faire abstraction de ce qu'il se passe devant moi mais ces plaintes de douleurs me transpercent l'âme. Puis soudainement ces cris cessent. Je baisse les yeux : son pied est sur la tête de la fille. Il l'a tuée. Des larmes silencieuses coulent le long de mes joues.

L'homme s'approche de moi :

- Regarde-moi ça. susurre-t-il en me détaillant

Il m'attrape les joues avec ses doigts encore plein de sang de sa précédente victime. Il me force à le regarder dans les yeux.

- Ne la touche pas, gronde Lucas la mâchoire serrée.

Il sort un couteau et fait briller la lame à la lumière. Puis il approche la lame de ma joue, glisse la pointe du couteau sur mon cou. Je n'arrive même plus a respirer tellement mes muscles sont tétanisés.

- Tu as bon gout, je le reconnais.

- Victor, je te tuerais moi-même, crache Lucas.

Le concerné se tourne vers lui en rigolant.

- Tu ne fais plus peur à personne maintenant que tu es assis ici comme un chien.

Puis il sort une feuille de sa poche. C'est la liste de noms.

- Qu'est-ce que tu comptais faire avec ça ? dit-il en agitant la feuille sous nos yeux. Me dénoncer ? J'avoue qu'il y a eu des loupés... Mais il fallait bien que je teste le dosage. Maintenant que c'est lancé, je compte en profiter un peu !

Il parle de "profiter" comme s'il partait en vacances alors que ce salaud détruit la vie des gens et il en est totalement conscient. Il sait que c'est une substance toxique en trop grande quantité. Des dizaines de personnes sont déjà mortes à cause de ça et il les a fait passer pour des suicides.

- Lucas, est-ce que tu croyais que tu pouvais t'en sortir aussi facilement ? Tu ne peux pas quitter le réseau autrement qu'entre quatre planches six pied sous terre.

Des hommes reviennent installer d'immense bâche en plastique autour de nous. Il n'est pas difficile de comprendre qu'ils vont nous tuer. Lucas se débat férocement sur sa chaise, tient tête au dénommé Victor, alors que je reste apathique. Finalement, je ne regrette même pas d'en être arrivé là. En voyant mon état léthargique Lucas cesse de résister.

- Elle n'a rien à voir là-dedans. Je t'en supplie Victor, laisse là partir, tu feras ce que tu veux de moi.

- Ne vous inquiétez pas, vous n'allez pas mourir tout de suite : quelqu'un nous a payé très cher pour vous voir. Je vous laisse, je vais chercher notre invité.

Il s'éloigne et ses pas résonnent dans ce vaste espace vide.

- Mathilde je ferais tout pour que tu sortes de là.

Je hoche simplement la tête je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne doute pas de lui, je doute simplement du fait que l'un de nous sorte d'ici vivant.

On entend des pas qui se rapproche puis un visage familier apparait.

Mon cœur bondit presque hors de ma poitrine.

- Nathan ! m'exclamé-je

AccroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant